•   

    De la soie de mer aux tissus d'or

      

    Dans l'Antiquité, les élégants tissus d'or réalisés en soie de mer étaient répandus. Ils sont progressivement devenus des étoffes de luxe.

      

    Aujourd'hui, seul un atelier de Sardaigne fabrique ce tissu d'exception, à partir des filaments
    produits par un grand coquillage.

     

    Louise MARQUEZ
     
     
    www.50bars.com

    La grande nacre ou Pinna nobilis est un mollusque bivalve géant qui vit dans les champs de posidonies en Méditerranée.

    Son byssus – un ensemble de filaments – permet de créer des fils de soie de mer.

      

    L'auteur

    Louise MARQUEZ, journaliste, est spécialiste du monde maritime.

    À voir aussi

    Cliquez pour agrandir
    E. Jacquot / Unité d’archéologie de la Ville de Saint-Denis

      

    Ce bonnet en byssus du XIVe siècle a été mis au jour lors des fouilles archéologiques de Saint-Denis ; il provient d’un dépotoir domestique situé une cinquantaine de mètres au nord de la basilique.

     

    Il est tricoté au point jersey.

      

    L’analyse de la matière textile a montré qu’il avait été fabriqué en « soie de mer ».

     
     

    La soie de mer, brune aux reflets dorés, est fabriquée à partir du byssus d’un grand coquillage (un mollusque bivalve), nommé la grande nacre (voir la figure 1). Le byssus est formé de nombreux filaments qui permettent au coquillage de s’accrocher à un support.

      

    La soie de mer était jadis renommée et précieuse et, dans l’Antiquité et au Moyen Âge, elle était le constituant des « tissus d’or », des étoffes à l’aspect doré. La découverte récente de différents vêtements en tissu d’or révèle l’histoire de cette soie de mer.

     

    Pour réaliser des tissus d’or, les Anciens pêchaient les grandes nacres, ou « jambonneaux de mer », Pinna nobilis. Les grandes nacres comptent parmi les plus grandes coquilles du monde ; elles peuvent atteindre 1,2 mètre – plus souvent de 0,8 à 1 mètre.

      

    La coquille a une forme triangulaire avec une pointe effilée et un bord antérieur arrondi ; elle est lisse chez les adultes.

     

    Les grandes nacres ne vivent qu’en Méditerranée, par 3 à 30 mètres de fond ; elles sont enfouies par la pointe en position verticale dans des champs de posidonies, des plantes aquatiques à l’aspect de grandes herbes. Elles résistent bien aux courants, et elles filtrent et « nettoient » jusqu’à 2 000 litres d’eau par jour.

     

    1 000 grandes nacres : 250 grammes de fil

     

    Les pêcheurs utilisaient des techniques rudimentaires pour ramasser ces coquillages. Installés sur de petites...

     

     

     

     

     

    SOURCES : Louise MARQUEZ

    Louise MARQUEZ, journaliste, est spécialiste du monde maritime.

      

    http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/f/fiche-article

    -de-la-soie-de-mer-aux-tissus-d-or-25343.php

     

     

     

     

     

    Delicious Yahoo! Pin It

  • LES ORTIES TEXTILES

    •   

    • Les orties textiles

    •  
    • (D'après un article paru en 1884) Les substances textiles ont, dans l'industrie française, un rôle des plus importants. Malheureusement l'agriculture est incapable jusqu'à ce jour de fournir à nos fabriques de tissus la totalité des matières premières nécessaires à leur travail. En 1879, par exemple, l'importation s'en est élevée à 950 millions de francs, près d'un milliard.  
    •   
    • Il y aurait intérêt à introduire dans l'agriculture française des plantes d'une culture facile, et dont les fibres, bien supérieures comme longueur et comme résistance à celles du coton, du chanvre et du lin, se rapprocheraient de la soie par leur souplesse et leur éclat. On trouve ces qualités dans plusieurs espèces d'orties, dont les deux principales sont l'Ortie de Chine (Urtica nivea) et la Ramie (Urtica utilis, Urtica tenacissima).
    •   
    • Les orties textiles sont vivaces comme celles de nos pays ; circonstance favorable, car elle évite la peine de les semer chaque année, ainsi qu'on est obligé de le faire pour le lin ou le chanvre. Quelques botanistes en font un genre particulier, le genre Boehmeria, parce qu'elles sont dépourvues de dards, ce qui en rend le maniement facile.  
    •   
    •  
    • L'ortie de Chine ou ortie blanche appartient aux climats tempérés et convient, par conséquent, à la plus grande partie de la France : elle pousse très vigoureusement et peut donner deux et même trois coupes dans une année.
    •  
    •  
    • La ramie, originaire des îles de la Sonde, se cultive à Java, à Sumatra et dans les provinces méridionales de la Chine. On pourrait l'acclimater dans le midi de la France. Sa puissance de végétation est encore supérieure à celle de l'ortie blanche, et l'on en tire souvent quatre récoltes par an. Il paraît, en outre, que ses feuilles nourrissent un ver particulier qui donne une fort belle soie.
    •  
    •  
    • Les fibres textiles des orties sont fort longs (plus de 50 centimètres), et d'une ténacité telle qu'un fil d'ortie de la grosseur d'un fil à coudre ordinaire ne peut être cassé à la main. Elles sont remarquables par un éclat et un brillant qui donnent aux tissus en fil d'ortie l'apparence d'étoffes de soie. Beaucoup de voyageurs ont pris en effet pour des vêtements de soie les robes inusables que les Chinois se transmettent en héritage, et qu'ils fabriquent avec l'ortie.
    •  
    • Cette différence semble avoir été connue des anciens : Pline dit, en effet, qu'il faut distinguer le vêtement de soie (vestis bombycina), fabriqué avec la matière produite par le bombyx du mûrier, et celui qui est lissé avec des fils provenant d'un arbre de l'Inde et qu'on appelle vestis serica.  
    •  
    • La culture des orties textiles ne présente aucune difficulté.
    •   
    • Elles se multiplient très aisément par le semis, par le bouturage ou le marcottage, par la division des pieds, et surtout par la section des racines souterraines ou rhizomes en morceaux de 4 à 5 centimètres de long. Bien qu'elles exigent des climats différents, l'ortie blanche et la ramie préfèrent les terres légères, mais riches, fraîches sans être marécageuses. Un léger ombrage leur est favorable. Résistant très bien à la sécheresse, elles acquièrent par des irrigations une taille plus considérable.  
    •   
    •  
    •  
    • L'utilisation des orties textiles présentait une difficulté sérieuse : c'était l'extraction des fibres et leur séparation des autres parties de la tige. Les procédés purement manuels dont les Malais et les Chinois font usage ne peuvent être appliqués en Europe, à cause du prix élevé de la main d'oeuvre. Le rouissage, tel qu'on le pratique pour le lin et le chanvre, est une opération malsaine : elle produit des émanations pestilentielles et doit être bannie de l'industrie. Elle a d'ailleurs le défaut d'altérer les fibres, quand elle n'est pas conduite avec le plus grand soin.
    •  
    • La décortication des tiges d'ortie peut, il est vrai, se faire par des procédés mécaniques, sans rouissage préalable, à la condition que les tiges aient été desséchées. Mais ce résultat ne saurait être obtenu en toute saison : il faut pour cela des conditions climatiques spéciales ; et l'on s'exposerait à voir pourrir une récolte, faute d'un temps favorable à sa dessiccation. Aussi le gouvernement des Indes anglaises a-t-il offert une prime de 125 000 francs pour la meilleure machine ou le meilleur procédé de traitement, à l'état vert, des tiges de ramie.  
    •  
    • Le problème est aujourd'hui résolu : Les tiges de ramie nouvellement récoltées sont soumises en vases clos, dans des caisses en bois par exemple, à l'action de la vapeur ou de l'air chaud. Au bout de quelques minutes, la chènevotte se sépare avec la plus grande facilité de la couche corticale contenant toutes les fibres utilisables. L'écorce s'enlève par lanières exemptes de tout débris ligneux, et, d'un autre côté, aucune parcelle de filasse ne reste sur la chènevotte.  
    •  
    • Ce mode de traitement a été découvert par M. A. Favier, ancien élève de l'école polytechnique. Grâce aux travaux de M. Frémy, l'opération peut être complétée : ce savant a trouvé le moyen de débarrasser les lanières d'écorce du ciment végétal qui les empâte, et par conséquent d'isoler, de dégommer et de blanchir les fibres d'ortie, de façon à les obtenir dans toute leur longueur, avec toute leur solidité et leur éclat. On peut ensuite en faire des fils ou des cordages, les tisser ou les teindre, les employer à la fabrication du plus beau linge de table et de corps, ou bien en confectionner de magnifiques étoffes, pour les vêtements et l'ameublement.
    •  
    •   
    •   
    • SOURCES :
    •   
    •   

    Delicious Yahoo! Pin It

  •  

    Le textile au Moyen Age

     

    Le travail du textile au Moyen Age est pratiquée aussi bien dans les ateliers urbains que de manière  courante et individuelle dans les campagnes. Durant toute cette période, la laine reste le textile le plus employé. Viennent ensuite le lin et le chanvre, puis, en dernière position, la soie et  le coton.

          

    1. La laine  

    L'industrie drapière (drap de laine) remonte au moins à l'Antiquité classique. La draperie renaît dans la seconde moitié du    XIe siècle, en particulier dans les Flandres, où la densité de population est très élevée, et où l'on importe de la laine de qualité supérieure produite dans les élevages intensifs    anglais, pratiqués par les moines prémontrés et cisterciens. Cette renaissance intervient également à Florence, mais la matière première employée est de moins bonne qualité. Au XIIIe    siècle, l'Angleterre s'équipe de moulins à foulon, ce qui entraîne une dispersion de la production, à l'origine urbaine, qui devient alors plus rurale, plus commune. A la même époque, la  rupture des relations entre les Flandres et l'Angleterre entraîne l'exportation des laines anglaises vers l'Italie du Nord et le renouveau de l'industrie florentine.

          

          

    Les opérations de préparation 
      
    La qualité de la laine est la condition première de  la réalisation d'un bon drap. Jusqu'au début du XIVe siècle, on la prélève sur des moutons adultes. Il faut d'abord laver les bêtes sur pied, puis la tonte intervient au  mois de mai. Auparavant, pour la draperie de qualité, les laines mortes sont écartées et réemployées pour la constitution de draps grossiers. On enlève les parties abîmées, puis on passe  au battage sur claies, qui sert à dilater la laine. Cette dernière est ensuite désuintée par bains successifs, puis ensimée à l'aide d'une matières huileuse destinée à  l'adoucir. Les règlements de métiers conseillent le beurre et le saindoux plutôt que l'huile. On passe après au peignage pour dégager les fibres longues, ce qui facilite la filature 
      
    (Attention : le cardage ne date que du XIVe s !).
      
    La technique de filature à l'aide du fuseau et de la quenouille remonte au Néolithique. Le fuseau sert à tordre et  à enrouler le fil, et la quenouille permet de fixer le paquet de laine. On peut employer aussi la fusaïole, disque de pierre épais servant de contrepoids. La laine est tirée en fils et  tordue entre le pouce et l'index.
      
    L'apparition du rouet est datée entre le XIIe et le XVesiècle. Il semble qu'il soit originaire de Chine. Une poulie avec une corde  sans fin est reliée à une grande roue motrice. Mais la quenouille est loin d'être abandonnée.

          

          

             

     

    Les fils sont ensuite mis en écheveaux dévidés sur des bobines et des canettes pour le    tissage.

      

    L'ourdissage est l'opération qui consiste à préparer la chaîne des tissus par l'enroulement de fils de même longueur avec une tension uniforme, conditions nécessaires pour la solidité du tissage. C'est une opération délicate, car il s'agit de conserver la place respective des fils.

          

          

      
      
    Le tissage     
      
    Si le filage est un travail exclusivement réservé aux femmes, le tissage, en revanche, est essentiellement masculin. Il  consiste en l'entrecroisement de deux séries de fils : les fils de chaîne, tendus sur le métier, et les fils de trame, insérés au fur et à mesure. Les artisans utilisent des  procédés similaires à ceux de l'Antiquité. Plusieurs métiers à tisser sont connus de façon plus ou moins précise par les réglementations, car on n'en a retrouvé  aucun.
      
    Le métier horizontal (ou basse lice) est maintenu au sol par quatre petits poteaux.
      
      
      
    Des barres parallèles, les ensouples, portent les fils de chaîne. On travaille  accroupi. Le métier vertical (ou haute lice) est constitué d'un cadre de bois plus ou moins incliné. Les fils sont tendus par des poids. La barre de lice, parallèle à  l'ensouple, est une amélioration majeure, puisqu'elle permet de soulever en une seule fois les fils de trame, ce qui accélère le travail.
      
    Le métier à bras apparaît fin  XIIe-début XIIIe siècle. Il est constitué de fils de chaîne tendus horizontalement entre une ensouple et une traverse. Les barres sont levées et abaissées au  moyen de pédales. Ce type de métier permet une production à grande échelle.

          

          

      
      
    Les apprêts
      
    Le foulage du drap est destiné au feutrage. On plonge le drap dans des bains spéciaux pour enchevêtrer les  brins. Le tissu est purgé de ses impuretés et dégraissé à la chaux, au sable ou à l'urine. Après rinçage, il est foulé au pied. Il se comprime sous l'action de la chaleur et de l'humidité. La laine  bouillie est obtenue par un feutrage à plus haute température. On effectue ensuite une tonte de l'étoffe destinée à réduire l'aspect duveteux. Le ramageest destiné à retendre le tissu et à  le faire sécher.

      

     

        

    2. Les autres textiles Le lin demande un sol très riche qui s'épuise rapidement. On le cultive donc dans des jardins clos près des fermes et sur les terres récemment défrichées. Le    rouissage, employé aussi pour le travail du chanvre, consiste à plonger la plante dans l'eau plusieurs jours pour décoller la fibre de la tige par fermentation. L'élevage du ver à soie débute en Europe au VIe siècle grâce à deux moines du Mont Athos, envoyés en Chine    par l'empereur byzantin Justinien, avec pour mission de percer le secret jalousement gardé de la sériciculture. Ils rapportent, cachés dans leur bâton de pèlerin en bambou creux, des    oeufs de bombyx. La technique se répand dans l'empire byzantin et, lors de la conquête arabe au XIe siècle, passe en Espagne, d'où elle gagne l'Italie puis la France. Les plus    anciennes traces françaises d'une activité séricicole remontent au XIIIe siècle, entre autres dans le Gard et à Paris.

    Le décoconnage dure huit à dix jours après la fabrication du cocon. Les vers sont enlevés de leur support et triés, après quoi on retire la bourre    ou blaze, qui a servi à la fixation du cocon.

    L'étouffage consiste à placer les cocons dans des étuves de 70 à 80°C, puis à les tremper dans l'eau bouillante afin que le    grès se ramollisse. La chrysalide doit être tuée sans abîmer le cocon. Chaque fil étant trop fin, on en réunit une dizaine au moment du dévidage.

    A l'aide du grès, ces derniers se    soudent entre eux en refroidissant. La soie alors obtenue est dite grège. Comme elle manque de résistance, on lui fait subir différentes torsions, en fonction de la qualité du fil que  l'on désire obtenir : c'est le moulinage.

    Vient alors le décreusage : on fait bouillir la soie dans de l'eau savonneuse pour éliminer le grès. Elle prend alors le nom de soie    cuite. Cette opération peut être effectuée sur la soie en flotte ou déjà tissée. En revanche, la teinture se pratique toujours sur de la soie décreusée. Le coton, quant à lui, est apparemment introduit en Europe par les Musulmans au IXe siècle, mais il n'y est jamais cultivé durant le Moyen Age. C'est un tissu rare, de grande valeur, tout comme la soie.

     

          

      

      

    3. La teinture

    La dernière étape de réalisation d'une  étoffe est la teinture.

    On en observe deux types : une teinture domestique rurale, réalisée à l'aide des plantes les plus faciles à obtenir, donc d'un coût moindre, et une teinture  professionnelle quasi-industrielle, qui ne concerne qu'une minorité de personnes. Les analyses physico-chimiques des  vestiges textiles découverts lors de fouilles, les inventaires botaniques et les règlements d'activités permettent aujourd?hui de connaître l'art de la teinture à l'époque médiévale. Ce dernier est complexe. Vient d'abord le morçandage : on fait bouillir la matière dans un bain d'eau contenant un  mordant (cendres végétales, alun, rouille, vinaigre?

    et même urine !).

      

    Ce procédé permet de fixer le colorant.

      

    Il peut être pratiqué avant, pendant ou après la teinture. On distingue deux procédés de teinture : par macération à froid ou fermentation, en renouvelant l'opération    plusieurs fois afin de renforcer l'adhésion de la couleur, ou par macération à chaud dans un bain où l'on a auparavant fait bouillir les plantes tinctoriales.

      

    Concernant celles-ci, il en existe une multitude. On trouve essentiellement de la garance et du bois de sappan pour    le rouge, de la gaude pour le jaune, de la guède (plus connue aujourd'hui sous le nom de pastel) et de l'indigo pour le bleu, de la noix de galle et    des racines de noyer pour le noir (en remplacement du noir de fumée, de mauvaise qualité), et diverses variétés de fleurs et de feuilles pour le vert.

    Les teintes rouge violacé,  très recherchées, sont obtenues à partir de lichens (ces derniers peuvent aussi donner, par bain d'ébullition, des teintes jaunes et vertes).

      

      

    La cochenille est la femelle d'un petit insecte utilisée depuis l'Antiquité pour obtenir des teintes, selon la concentration, d'un rouge rosé à un pourpre bleu, en passant par  le rouge vif, pourpre rouge et violet.

      

      

      

    Sans compter les plantes employées par les gens du peuple, ramassées dans les bois ou cultivées dans leurs jardins :

    herbe (vert), cerises (rouge  tirant sur le vieux rose), mûres (bleu), genêts (jaune et vert), châtaigner et autres, n?offrant qu'une qualité médiocre.

    Aucun mélange de couleurs n'est pratiqué afin d'en obtenir une autre, car il semble que ce genre de « bricolage » soit très mal considéré à l'époque.

      

    En général, un teinturier a en charge une couleur principale et une autre, secondaire

    (ex : rouge et jaune).

      

      

      

    Un teinturier de rouge, par    exemple, ne s'occupe pas du bleu, et inversement. Attention à une erreur fréquente chez les  reconstituteurs : les teintures de mauvaise qualité donnent certes des couleurs passées, mais du rouge mal teint ne donne pas du rose ou de l'orangé.

    On ne parvient en effet à obtenir ces deux teintes qu'à partir de la fin du XIIIe siècle en Italie et du XIVe siècle en France (voir Michel Pastoureau, Jésus chez le teinturier)

     

     

    A noter également : la diffusion à partir des XI-XIIe s., sous l'influence des pèlerins, des chapeaux de feutre, dont la  fabrication remonte à l'Antiquité gréco-romaine,,l'importance des peaux et pelleteries, l'assemblage de textiles et de fourrures.

         

    Durant tout le moyen-âge, la laine reste le textile le plus employé, viennent ensuite le lin et le chanvre puis la soie et le coton. La qualité et le prix de la laine étaient très variables. Apparue à l’Antiquité, l’industrie drapière renaît dans les Flandres dans la seconde moitié du XIème siècle. Au XIIIème siècle, l’Angleterre va s’équiper de moulins à foulon ce qui entraîne une dispersion de la production et des exportations.

     

      laine

    La laine :

     

    Les opérations de préparation de la laine : Jusqu’au début du XIVème siècle, on prélève la laine sur des moutons adultes. Il faut d’abord laver les bêtes sur pied et les tondre vers le mois de mai. Pour la draperie de qualité, les laines mortes sont écartées et réemployées pour la constitution de draps grossiers. Les parties abîmées sont enlevées. Puis on passe au battage sur claies servant à dilater la laine. Par la suite, celle-ci sera dessuintée par bains successifs puis ensimée à l’aide de matières huileuses qui vont l’adoucir. Pour dégager les fibres longues, on procède on peignage ce qui facilite la filature.

    La filature se réalise soit au fuseau soit à la quenouille. La première technique sert à tordre et à enrouler le fil tandis que la deuxième permet de fixer le paquet de laine. Un disque de pierre épais servant de contre poids pouvait aussi être utilisé, on l’appelle alors fusaïole. Apparue entre le XIIème siècle et le XVème siècle, le rouet est une poulie avec une corde sans fin reliée à une grande roue motrice. Les fils seront ensuite mis en écheveaux pour être tissés.

     

     

     laine_fil_e_bizeh

      

      

    Le tissage :

    Autant le filage était consacré aux femmes, le tissage est essentiellement masculin. Le tissage est l’entrecroisement de deux séries de fils : les fils de chaîne (tendus sur le métier) et les fils de trames (insérés au fur et à mesure). Différents types de métiers existaient : -  Métier horizontal (aussi appelé basse lice) est maintenu au sol par quatre petits poteaux. Des barres parallèles appelées ensouples portent les fils de chaîne.

      

    teinture aux galles de chêne

    On travaille accroupi. -  Métier vertical (aussi appelé haute lice) est constitué d’un cadre de bois où les fils sont tendus par des poids. La barre de lice, parallèle à l’ensouple constitue l’amélioration puisqu’elle permet de soulever en une seule fois les fils de trame, ce qui accélère le travail. -  Métier à bras apparaît fin XIIème – début XIIIème siècle, il est constitué de fils de chaîne tendus horizontalement entre une ensouple et une traverse. Les barres sont levées et abaissées au moyen de pédales.

     

      

      

    Les apprêts :

    Le foulage du drap est destiné au feutrage. Plongé dans des bains spéciaux, le tissu est purgé de ses impuretés et dégraissé à la chaux, au sable ou à l’urine. Après rinçage, il est foulé au pied. Sous l’action de la chaleur et de l’humidité, il se comprime. La laine bouillie est obtenue par un feutrage à haute température. Ensuite, on effectue une tonte de l’étoffe destinée à réduire l’aspect duveteux. Le ramage est destiné à retendre le tissu et à le faire sécher.

     

    LIN

      

    Les autres textiles :

     

    Le lin :

     La culture du lin demande un sol très riche qui s’épuise rapidement, on le cultive sur des terres récemment défrichées. La plante sera plongée dans l’eau plusieurs jours pour décoller la fibre de la tige par fermentation. C’est l’étape du rouissage, étape également pratiquée pour le travail du chanvre.

     

      

    Le coton :

     Le coton a été introduit en Europe par les musulmans au IXème siècle mais n’a jamais été cultivé durant le moyen-âge. C’était un tissu rare, de grande valeur. La futaine était un tissu courant au XIIIème siècle, il s’agit d’un tissu de coton ou un mélange de coton et de chanvre ou de lin. Cette étoffe était utilisée pour fabriquer des vêtements de dessous ainsi que des doublures.

     

      

      

      

    La soie :

    Au VIème siècle, l’élevage du ver à soie débute en europe. Le décoconnage dure de 8 à 10 jours après la fabrication du cocon. Les vers sont enlevés de leur support et triés, après quoi on retire la bourre ou blaze qui a servi à la fixation du cocon.

    L’étouffage consiste à placer les cocons dans des étuves de 70 à 80°C puis à les tremper dans l’eau bouillante pour que le grès se ramollisse. La chrysalide doit être tuée sans abîmer le cocon. On réunit ensuite une dizaine de fils au moment du dévidage car ceux ci sont trop fins.

    A l’aide du grès, ces derniers se soudent entre eux en refroidissant. La soie obtenue à ce moment est appelée « grège ». Etant donné qu’elle manque de résistance, on lui fait subir différentes torsions, c’est l’étape dite du moulinage. Vient ensuite le décreusage lorsque l’on fait bouillir la soie dans de l’eau savonneuse pour éliminer le grès.

    A ce moment, elle est alors appelée soie cuite. Courant aux XIV et XV èmes siècles, le camocas était un riche tissu de soie souvent agrémenté de rayures d’or ou d’argent fabriqué en Terre Sainte. Le cendal, étoffe de soir que l’on pouvait trouver en plusieurs qualités différentes fut très utilisé durant le moyen-âge.

     

      Col en Hermine

      

    Les autres tissus :

     -  Le dabiky était un tissu très léger fabriqué au XVème siècle dans les faubourgs de Damiette. On en faisait des turbans brodés et des robes.

     - La fourrure avait un rôle important et restait un signe de luxe. Celles qui plaisaient étaient le renard, le castor, l’hermine, … L’écureuil, la loutre et le lièvre étaient plutôt réservés aux bourgeois et à la petite noblesse.

    -  A la fin du XIIIème siècle, le feutre apparaît, il est employé pour les chapeaux de pèlerins.

     

      

    La teinture :

     

    Au moyen-âge, l’essor de l’industrie du textile lance les artisans teinturiers dans une recherche assidue de nouveaux produits et de nouvelles techniques permettant d’obtenir de nouvelles couleurs plus vives et plus durables. Deux corporations existeront :

    Les teinturiers de « grand teint » qui colorent les étoffes de haute qualité destinées à la cour ou aux riches bourgeois.

     -  Les teinturiers de « petit teint » dont la clientèle n’a pas de quoi s’offrir des étoffes d’aussi bonne qualité mais qui toutefois est plus nombreuse.

    Les paysans et les ouvriers portent des vêtements non teints ou aux couleurs délavées et sans éclat tandis que les gros négociants et les princes affichent des couleurs vives et soutenues.

     

    La première étape est le mordançage, c’est à dire qu’on fait bouillir l’étoffe dans un bain d’eau contenant un mordant (cendres végétales, alun, rouille, urine, …).

      

    Ce procédé permet de fixer le colorant. Il peut être réalisé avant, pendant ou après la teinture. Souvent, la teinture est obtenue à partir de plantes. Deux procédés peuvent être appliqués :

    -  La macération à froid ou fermentation en renouvelant l’opération plusieurs fois pour renforcer l’adhésion de la couleur.

    -  La macération à chaud dans un bain où les plantes tinctoriales ont préalablement été bouillies.

     

    Les mordants sont indispensables sauf pour le pastel et l’indigo. L’alun, importé d’Egypte, de Syrie et d’Asie mineure fait l’objet d’un grand commerce aux XII et XIIIèmes siècles. Il est réservé à la teinturerie de luxe. Il y a d’autres mordants moins chers : le tartre, la chaux, le vinaigre, l’urine, les cendres de bois de noyer.

     


     

      

    CERISE

      

    Le rouge :

    La garance : plante tinctoriale produite en Occident, elle permet d’obtenir une vaste gamme de couleurs : orange, vermillon, carmin, pourpre, …

    Elle nécessite un mordançage fort.

    -  La graine est le nom du kermès utilisé pour les draps et fournissant une couleur écarlate.

    -  Le brésil apparaît au XIIème siècle sous forme de copeaux tiré d’un bois rougeâtre importé d’Asie.

    -  Le bois de sappan

     

    INDIGO

    Le bleu :

    -  La guède (aujourd’hui connue sous le nom de pastel), vers 1250, la guède fait l’objet d’une véritable culture industrielle mais elle est chère car longue à fabriquer . Au XIIIème siècle, sa culture est en pleine expansion. Elle ne nécessite qu’un mordançage faible.
     

    -  L’indigo, arrivé plus tard, il ne nécessite qu’un mordant faible et parfois pas du tout.

    Il est obtenu à partir des feuilles jeunes et donne un bleu profond à la laine,

    la soie et le coton sans même mordançage. Il suffi de plonger l’étoffe dans la cuve et de l’exposer à l’air libre.

     

    Plantain

    Le vert : La couleur verte est obtenue à l’aide de pigments et de colorants naturellement verts : fougères, plantain, feuilles d’ortie, fleurs de digitales, rameaux de gênets, feuilles de chêne ou de bouleau, écorce d’aulne, jus de poireau, …

     

    Gaude

      

    Le jaune : -  La gaude : le colorant se trouve dans la tige et dans l’enveloppe des gaines. On fait sécher la plante puis une décoction. La gaude nécessite un mordançage fort, donne des jaunes secs et clairs. -  Le genêt : les fleurs et les feuilles sont colorantes mais la teinture est peu solide. -  Le safran : importé d’Orient, sur un drap de laine, le safran donne un jaune très dense, un peu sombre, tirant vers le orangé. Sur la soir, le safran donne un jaune plus lumineux. Les teinturiers du jaune utilisent beaucoup l’alun comme mordant.

     

    Le blanc : Pour teindre, on utilise la saponaire, la lessive à base de cendres ou bien des terres et minerais (magnésie, craie, ceruse, …) qui donnent des reflets grisâtres, verdâtres et bleutés. Le bien blanc n’existe pas. Pour la laine, la teinte naturelle est blanchie à l’eau fortement oxygénée de la rosée et à la lumière du soleil mais avec le temps, le tissu blanc redevient écru.

     

    Le noir : -  Le noir de fumée - L’écorce ou racine de noyer -  L’aulne : donne un noir avec un aspect gris
    -  L’épicéa : donne un noir avec un aspect bleu -  La noix de galle : est un produit cher nécessitant un mordançage à base de sulfate de fer. C’est en réalité une excroissance sur les feuilles de chêne à la suite de la piqûre d’un insecte parasite). La noix de galle servira également de pigments pour les encres et peintures.

     

      

    Pour teindre la laine, il faut de la laine n’ayant reçu aucun autre traitement que le lavage. Pour teindre la soie, on peut utiliser les mêmes plantes que celles utilisées pour la laine. On peut utiliser l’alun seul comme mordant contrairement au mordançage de la laine qui se pratique souvent par association alun/tartre. Par contre, la température ne doit pas dépasser 50° pour la soie tandis que l’eau doit bouillir pour la laine. Pour teindre le coton, le lin ou le chanvre, il faut préparer un mordant de fer (ferraille trempée). Rares sont les plantes qui teignent les fibres cellulosiques sans mordançage.

     

      

     LIEN TEINTURES :http://lesfilsdutemps.free.fr/tincto.htm

    Delicious Yahoo! Pin It




    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique