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    Jeanne d'Arc ( bataille 1429 - 1431)

     

      Comme nous l’avons vu précédemment, Charles VII, en 1429, n’avait pas réussi à s’opposer efficacement face aux Anglo-bourguignons. Au contraire, c’était le duc de Bedford, le régent anglais, qui était en passe de remporter la victoire contre Charles VII.

     

     

    Royaume de France, royaume d'Angleterre et duché de Bourgogne en 1429.

     

    Depuis octobre 1428, l’armée anglaise assiégeait alors Orléans. Si la cité tombait, le chemin vers Bourges, où résidait Charles VII, était tout tracé.

     

    Le Valois, qui avait quitté Bourges pour Chinon, dans un souci de sécurité, était alors dans une situation difficile.

     

    C’est alors qu’apparut Jeanne d’Arc, figure jugée providentielle par de nombreux historiens. A noter que le récit de la vie de cette figure historique est à prendre au conditionnel, de nombreux hagiographes[1] ayant embelli l’histoire de Jeanne d’Arc.

     

     

    Croquis représentant Jeanne d'Arc, exécuté de son vivant dans la marge d'un registre du Parlement de Paris par le greffier Clément de Fauquenbergue.

     

     

    Portrait de Jeanne d'Arc, selon une miniature du XV° siècle, musée de Rouen.

     

     

    Jeanne d'Arc au sacre du roi Charles VII, par Jean Auguste Dominique INGRES, 1854, musée du Louvre, Paris.

     

     

     

    1° Le voyage vers Chinon (mars 1429) – Jeanne, cadette d’une famille de cinq enfants, naquit en janvier 1412 à Domrémy, en Lorraine. Très pieuse dès son plus jeune âge, la jeune fille fut bergère lors de son enfance.

     

     

    Jeanne d'Arc gardant les moutons, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.

     

    C'est alors qu'elle aurait entendu les voix de l’archange Saint Michel, de Sainte Catherine et de Sainte Marguerite, dès l’âge de treize ans. Ces dernières lui demandèrent instamment de partir à la rencontre de Charles VII, de le conduire à Reims, et de bouter les Anglais hors de France.

     

     

    Jeanne d'Arc écoutant ses voix, par François RUDE, 1845, musée du Louvre, Paris

     

     

    Jeanne d'Arc entendant la voix de l'archange Saint Michel, par Jules Eugène LENEPVEU, 1874, le Panthéon, Paris.

     

    A l’âge de 17 ans, Jeanne décida de se rendre à Vaucouleurs, demandant à Robert Baudricourt, capitaine de la cité, de bien vouloir l’engager dans les troupes royales.

     

    Chassée par le capitaine à deux reprises, Jeanne parvint toutefois à s’attirer la sympathie des habitants de la cité, enthousiasmés par l’idée qu’une aussi jeune fille ait la volonté de lutter pour défendre le royaume de France.

     

    Lors de leur troisième rencontre, Jeanne affirma à Baudricourt qu’il était impératif pour elle de se rendre à Chinon, et qu’elle était prête à faire le voyage jusqu’à Chinon à pied, dût elle user ses jambes jusqu’aux genoux.

     

    Finalement, le capitaine décida d’accepter la requête de la jeune femme, lui confiant un cheval et une petite escorte.

     

     

    Le périple de Jeanne d'Arc jusqu'à Chinon, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.

     

     

    Jeanne d'Arc part de Vaucouleurs, 1429, son oncle et un autre paysan se cotisèrent pour lui donner un cheval, Baudricourt lui donna une épée et lui dit, va et advienne que pourra, par Jules Eugène LENEPVEU, 1874, le Panthéon, Paris.

     

    Revêtant l’habit d’homme, Jeanne voyagea jusqu’à Chinon, traversant des territoires alors entre les mains des Anglo-bourguignons.

     

     

    La forteresse de Chinon en 1429, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.

     

     

     

    Après avoir rencontré des conseillers du roi à Chinon, en mars 1429, ces derniers acceptèrent la requête de Jeanne, qui insistait pour rencontrer Charles VII. En apprenant qu’une jeune pucelle[2] de 17 ans venue de Lorraine souhaitait bouter l’Anglais hors de France, le Valois crut à une farce. Il décida alors de tromper Jeanne, s’habillant simplement, et demandant à un de ses proches de vêtir ses habits de roi. Pénétrant dans la pièce ou se trouvait le roi et sa cour, la jeune femme ne tomba cependant pas dans le piège et marcha alors directement vers Charles VII.

     

     

    Ruines de la forteresse de Chinon, dans laquelle Jeanne d'Arc rencontra Charles VII.

     

    Jeanne exposa alors les raisons de sa visite au Valois, affirmant qu’elle venait le trouver sur les ordres de Dieu, et qu’elle désirait entrer au service du roi afin de chasser les Anglais hors du continent.

     

     

    La première rencontre entre Charles VII et Jeanne d'Arc, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.

     

     

     

    Charles VII décida alors d’emmener la jeune femme à Poitiers, la faisant interroger par des professeurs de l’Université de Paris réfugiés dans la cité. N’ayant rien retenu contre elle, Jeanne fut alors nommé chef de l’armée par le roi.

     

    Au début du mois d’avril, il fut donc décidé de se rendre au secours d’Orléans (la cité étant assiégée par les Anglo-bourguignons depuis octobre 1428.). A noter qu’au même moment, les assiégés acceptèrent de se rendre aux Bourguignons, se plaçant sous la protection de Philippe le Bon. Cependant, le duc de Bedford refusa cette proposition, ce qui entraina un vif mécontentement de la part du duc de Bourgogne. Ce dernier, excédé, décida alors de retirer ses troupes.

     

     

     

    2° La campagne de la vallée de la Loire (avril à juin 1429) – Avant de partir en campagne, Jeanne se fit confectionner une armure adaptée à son gabarit, et trouva peu de temps après l’épée de Charles Martel, enterrée derrière l’autel de l’église de la petite commune de Sainte Catherine de Fierbois (la légende raconte que le Franc avait déposé là son épée, suite à la bataille de Poitiers, en octobre 732[3].). La chronique raconte que la rouille qui gangrenait l’épée disparut dès que la Pucelle posa la main dessus.

     

    La jeune femme reçut aussi un grand étendard blanc, orné d’une fleur de lys, et portant l’inscription Jesus Maria. Jeanne déclara qu’elle aimerait quarante fois plus sa bannière que son épée.

     

    Une fois les préparatifs achevés, Jeanne, à la tête d’une armée de 4 000 hommes, se dirigea vers Orléans (fin avril 1429.). Passant par Blois, la jeune femme fut immédiatement rejointe par de nombreux petits chevaliers et hommes d’armes, subjugués par le courage de la Pucelle.

     

     

    Les populations entières se jetaient à genoux autour d'elle, ceux qui n'étaient pas assez heureux pour s'en approcher et pour baiser ses mains et ses vêtements baisaient la terre des pas de son cheval, 1429, par Jules Eugène LENEPVEU, 1874, le Panthéon, Paris.

     

     

     

    a) Le siège d’Orléans (avril à mai 1429) : Jeanne, arrivant devant Orléans à la fin du mois d’avril, voulut s’attaquer immédiatement aux Anglais qui étaient en possession du fort des Tourelles, et qui contrôlaient donc l’unique pont menant à la ville (à noter que le pont avait été en partie démoli par les Orléanais, afin d’empêcher les assaillants de progresser jusqu’aux portes de la ville.).

     

     

    Orléans en 1429.

     

     

    Plan d'Orléans en 1429 (faites un clic droit sur la carte, suivi d'un zoom avant, afin d'avoir une vision plus précise).

     

    Cependant, les généraux refusèrent de suivre le plan de la jeune femme, préférant traverser la Loire en bateau afin d’éviter de se heurter aux Anglais.

     

    Elle rencontra alors Jean de Dunois (fils illégitime de Louis d’Orléans, il était surnommé le bâtard d’Orléans.), auquel elle exposa ses griefs à l’encontre de ses généraux.

     

     

    Jean de Dunois, 1843, musée du Louvre, Paris.

     

    Les premiers navires, chargés d’armes et de vivres, parvinrent à rentrer dans la ville ; cependant, ils ne purent revenir, à cause de vents contraires et d’une pluie diluvienne.

     

    L’armée royale n’avait donc pas d’autre solution que de se heurter aux Anglais afin de parvenir à rentrer dans Orléans.

     

    Cependant, Dunois insista auprès de Jeanne afin que cette dernière traverse la Loire et se rende dans la cité, afin de redonner courage à ses habitants. La Pucelle accepta à contrecœur, franchissant le fleuve, et pénétrant dans la ville par la porte de Bourgogne (29 avril 1429.).

     

     

    Jeanne d'Arc pénètre dans Orléans, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.

     

     

    Entrée de Jeanne d'Arc à Orléans, par Jean Jacques SCHERRER, 1887.

     

     

     

    Le 4 mai, l’armée royale, commandée par Dunois, parvint à franchir la Loire, traversant sans encombre les bastilles détenues par l’ennemi.

     

    C’est alors que les Anglais décidèrent de contre-attaquer, sortant de la bastille Saint Loup, qui se trouvait à l’est de la porte de Bourgogne. Jeanne, apprenant l’offensive anglaise, lança ses hommes au combat. Victorieux, les Français parvinrent à s’emparer de Saint Loup dans la soirée.

     

     

     

    Le 5 mai eut lieu l’Ascension, une fête chômée. Respectant le calendrier liturgique, les deux armées ne s’affrontèrent pas.

     

    Jeanne décida alors d’envoyer un message aux Anglais : vous, hommes d’Angleterre, qui n’avez aucun droit en ce royaume, le roi des Cieux vous mande et ordonne, par moi, Jeanne la Pucelle, que vous quittiez vos bastilles et retourniez en votre pays…

     

     

    La signature de Jeanne d'Arc.

     

    Fixant sa lettre autour d’une flèche, la missive fut ainsi envoyée aux Anglais. Ces derniers s’éclaffèrent en lisant la lettre de la « putain des Armagnacs », le surnom dont ils avaient affublé la jeune femme.

     

     

     

    Le lendemain, Jeanne fit traverser la Loire à son armée, et s’attaqua à la bastille Saint Jean, qui se trouvait au sud ouest de la bastille Saint Loup.

     

    Les Anglais décidèrent de fuir devant l’armée royale, se réfugiant aux Tourelles et dans le couvent Saint Augustin (l’édifice en ruine, se trouvant au sud du pont menant à Orléans, avait été transformé en forteresse par les Anglais.).

     

    La Pucelle fit alors donner l’assaut contre le couvent, dont les Français parvinrent à s’emparer non sans mal. Quelques Anglais parvinrent à rejoindre les Tourelles, mais un grand nombre d’entre eux trouvèrent la mort ce jour là.

     

    Au soir de la bataille, Jeanne décida de retourner à Orléans, bien décidée à s’emparer de l’imposante bastille le lendemain.

     

     

     

    Le 7 mai, les Français traversèrent à nouveau la Loire, et commencèrent le siège des Tourelles. Cependant, dès le début de la bataille, Jeanne fut blessé d’une flèche à l’épaule.

     

     

    Jeanne recevant une flèche dans l'épaule lors du siège d'Orléans, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.

     

    Enlevant elle même le trait qui l'avait transpercée, Jeanne fut transportée à quelque distance du combat, où fut soignée de manière rudimentaire.

     

    Reprenant conscience, elle aperçut Dunois faire reculer l’armée royale. Bondissant sur son cheval, elle harangua les soldats de l’armée royale, et lança un nouvel assaut contre les Tourelles.

     

     

    Les Français s'emparent de la bastille des Tourelles, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.

     

     

    Jeanne d'Arc à l'assaut des Tournelles, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.

     

    Les Français, enthousiasmés par l’ardeur de la Pucelle, se ruèrent à l’assaut de la bastille. Peu de temps après, ils parvinrent à s’en emparer, tuant ou emprisonnant tous les Anglais se trouvant là.

     

     

    Jeanne arc en armure devant Orléans, par Jules Eugène LENEPVEU, 1874, le Panthéon, Paris.

     

    Dans la nuit du 7 au 8 mai 1429[4], les Anglais, vaincus, décidèrent alors de lever le siège et de se retirer.

     

     

     

    Le 13 mai, Charles VII entra dans la ville, accueilli par Jeanne d’Arc. Au début du mois de juin, elle insista auprès du Valois afin que se dernier accepte de se rendre à Reims pour se faire sacrer roi.

     

    Cependant, avant de se lancer dans un tel périple, les Français devaient encore éliminer les restes de l’armée anglaise, qui s’était retranchée dans plusieurs villes avoisinant Orléans.

     

     

     

    b) Bataille de Jargeau (mi juin 1429) : suite au siège d’Orléans, le moral était au beau fixe au sein de l’armée royale. En outre, enthousiasmés par cette victoire, de nombreux civils décidèrent de s’engager parmi les troupes du roi de France.

     

    Suite à cette victoire, les Français poursuivirent alors leur offensive dans la vallée de la Loire.

     

     

     

    Peu de temps après l’abandon du siège d’Orléans, une partie des troupes anglaises trouvèrent refuge dans le village de Jargeau, située au nord de la Loire. Assistée par le bâtard d’Orléans et Jean II de Valois, comte d’Alençon[5], Jeanne d’Arc décida de marcher vers la petite cité, et installa son campement aux portes de la ville.

     

    Dans la nuit du 11 au 12 juin 1429, les Anglais décidèrent d’attaquer l’ennemi, mais leur charge fut vaillamment repoussée par les Français.

     

    Le lendemain, ces derniers lancèrent l’assaut contre Jargeau, et parvinrent à chasser les Anglais de la cité. Au soir de la bataille, alors que Jeanne pénétrait dans Jargeau, les troupes anglaises se repliaient en désordre.

     

     

    La bataille de Jargeau, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.

     

     

     

    Le 17 juin, approchant de Beaugency, la cité capitula, ouvrant ses portes à Jeanne et son armée. John Fastolf, commandant l’armée anglaise, fut contraint de reculer une nouvelle fois.

     

     

     

    c) La bataille de Patay (18 juin 1429) : suite à la prise de Beaugency, en juin 1429, Français et Anglais se retrouvèrent une nouvelle fois. Cependant, si les batailles précédentes n’avaient été que de simples escarmouches, la bataille de Patay fut une vraie bataille rangée, opposant 1 500 Français à près de 5 000 Anglais.

     

     

     

    La bataille de Patay, par Jean Chartier, enluminure issue de l'ouvrage Chronique, Belgique, XV°siècle.

     

     

     

    Comme à leur habitude, les troupes anglaises (commandées par John Fastolf et John Talbot.) décidèrent de faire intervenir leurs archers, qui avaient causé de grands ravages depuis le début de la guerre de Cent Ans. Ces derniers, comme à leur habitude, plantèrent des épieux en terre afin de se protéger contre une éventuelle charge de cavalerie.

     

    Les Français, commandés par Ambroise de Loré, La Hire, et Jean Poton de Xaintrailles, décidèrent alors d’envoyer des piquiers attaquer l’ennemi sur ses flancs. Les archers anglais, qui n’étaient pas équipés pour le combat au corps à corps, furent alors massacrés.

     

     

    La bataille de Patay, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.

     

    Au même moment, la cavalerie française, qui n’avait plus rien à craindre des flèches ennemies, parvint à l’emporter sur la cavalerie anglaise.

     

     

     

    La victoire fut éclatante pour les Français, qui perdirent moins de cent hommes au cours de l’affrontement. Les Anglais, par contre, eurent plus à souffrir des conséquences de la bataille, perdant près de la moitié de leur effectif. Talbot fut capturé, et Fastolf décida de s’enfuir avec quelques hommes (disgracié, il fut radié de l’Ordre de la Jarretière par le duc de Bedford.). A noter que les Français avaient l’habitude de sectionner l’index des archers anglais, afin que ces derniers ne puissent plus tirer à l’arc.

     

     

     

    3° La chevauchée vers Reims, le sacre de Charles VII (juin à juillet 1429) – Suite à cette victorieuse campagne, Charles VII accepta de se rendre à Reims afin de se faire sacrer roi de France, entreprenant une périlleuse chevauchée au sein de territoires alors contrôlés par les Anglo-bourguignons.

     

     

    Royaume de France, royaume d'Angleterre et duché de Bourgogne lors de la campagne de Jeanne d'Arc (1431).

     

    L’armée royale, comptant près de 12 000 hommes, partit alors de Gien à la fin du mois de juin 1429.

     

     

     

    Début juillet, l’armée royale arriva devant Auxerre. Après d’habiles négociations, la garnison bourguignonne se trouvant dans la cité décida de rester neutre.

     

    Le 10, le cortège se trouva devant Troyes, alors occupée par une garnison anglaise. Jeanne, refusant toute négociation avec les Anglais, persuada Charles VII de mettre le siège devant la cité. Les habitants de la ville, impressionnés par cette démonstration de force, décidèrent alors de capituler.

     

     

    La capitulation des Troyens, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.

     

    Progressant inéxorablement vers son objectif, Charles VII reçut aussi la soumission de Chalons en Champagne, alors que son armée se trouvait non loin de cette cité.

     

     

    La soumission des habitants de Chalons en Champagne, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.

     

    Le 16 juillet 1429, l'armée royale arriva finalement à Reims.

     

     

    L'entrée de Charles VII dans Reims, par Guillaume Fillastre, enluminure issue de l'ouvrage Toison d'Or, France, Paris, XV° - XVI° siècle.

     

    Dès le lendemain, Charles VII fut sacré roi de France dans l'église de la cité, en présence de la famille royale, de nombreux seigneurs, et de Jeanne d’Arc.

     

     

    Le sacre de Charles VII, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.

     

     

    Le sacre de Charles VII, par Jules Eugène LENEPVEU, 1874, le Panthéon, Paris.

     

     

     

    La portée de ce couronnement fut majeure. En effet, le nouveau souverain n’était plus le fruit de l’union illégitime entre Isabeau de Bavière et Louis d’Orléans, mais le représentant de Dieu sur terre, digne successeur des Valois. De ce fait, le traité de Troyes n’avait plus de valeur, et le jeune Henri VI, qui apparaissait déjà comme un souverain déjà peu légitime, perdait ainsi toute crédibilité.

     

     

     

    Dès l’annonce du sacre, les habitants de Laon décidèrent d’envoyer à Charles VII les clefs de la ville.

     

    Au cours de l’été, de nombreuses cités firent allégeance au nouveau souverain : Sens, Soissons, Crécy, Coulommiers, Provins, Château Thierry, etc.

     

     

     

    Les habitants de Sens font soumission à Charles VII, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.

     

     

     

    Le duc de Bedford, voyant d’un œil inquiet le spectaculaire redressement du Valois, proposa à celui qui se disait dauphin et qui ose maintenant se dire roi, de s’affronter au cours d’une vraie bataille rangée. Charles VII refusa la proposition, préférant user l’ennemi, décidant de suivre la même tactique que son grand père Charles V.

     

     

     

    Enfin, à la fin du mois d’août, Charles VII signa une trêve de quatre mois avec le duc de Bourgogne.

     

     

     

    4° Jeanne d’Arc chef de guerre (été 1429 à mai 1430) – Suite à la signature de la trêve entre Charles VII et Philippe le Bon, Jeanne décida de marcher sur Paris (la cité était alors entre les mains des Bourguignons.).

     

     

     

    Assistée par Jean II, duc d’Alençon, Jeanne entreprit le siège de la ville au début du mois de septembre 1429.

     

     

     

    Blessée à la cuisse devant la porte Saint Honoré, les combats cessèrent, malgré les protestations de la Pucelle. En outre, Charles VII décida d’interdire à l’armée royale de reprendre les combats, soucieux de respecter la trêve signée avec les Bourguignons.

     

     

     

    Le siège de Paris, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.

     

    Souhaitant rester prudent quant à la suite des évènements, le roi de France préféra se retirer vers la Loire. A la fin de mois de septembre, se trouvant alors à Gien, Charles VII décida de licencier son armée.

     

     

     

    A cette époque, la guerre était loin d’être finie : en octobre, le duc de Bourgogne reçut du duc de Bedford le titre de lieutenant général du royaume de France ; en novembre, le jeune Henri VI fut sacré roi de France et d’Angleterre à Westminster.

     

     

    Le sacre d'Henri VI, par Jean de Wavrin, enluminure issue de l'ouvrage Chroniques d'Angleterre, Belgique, XV° siècle.

     

     

     

    Jeanne d’Arc fut alors envoyée dans le Berry afin de lutter contre les compagnies qui causaient à cette époque de graves déprédations.

     

    Début novembre, elle parvint à s’emparer de Saint Pierre le Moûtiers, mais échoua devant La Charité sur Loire, alors aux mains du Bourguignon Perrinet Gressart. Cependant, l’hiver arrivant, Jeanne dut abandonner le siège et regagner le château de Mehun sur Yèvre où séjournait le roi.

     

    A la fin du mois de décembre, en guise de remerciement, la Pucelle fut anoblie par le roi, ainsi que ses parents, ses frères, et tout son lignage.

     

     

     

    Au mars 1430, la Pucelle décida finalement de quitter le château de Sully sur Loire, où elle avait accompagnée le roi. Elle ne voulait pas rester inactive alors que le duc de Bedford, afin de renforcer son alliance avec la Bourgogne, avait donné la Champagne et la Brie à Philippe le Bon.

     

    Quittant le roi sans prendre congé, Jeanne participa à quelques combats au printemps 1430, sans toutefois réussir à l’emporter. Cependant, sa présence et sa renommée parvenaient à terrifier certains capitaines et soldats anglais, tant et si bien que leurs supérieurs durent prendre des mesures contre ceux qui tremblaient devant la Pucelle.

     

     

     

    En mai 1430, Jeanne répondit à l’appel des habitants de Compiègne, alors assiégés par les Bourguignons (en effet, au lendemain du sacre, Charles VII avait chassé la garnison bourguignonne se trouvant dans la cité.).

     

     

    Le siège de Compiègne, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.

     

    Le 23 mai 1430, la Pucelle pénétra dans la cité, accompagnée par des forces très réduites. Tentant une sortie le soir même, elle se lança à l’assaut des troupes de Jean II de Luxembourg, comte de Guise (ce dernier était un fidèle allié des Bourguignons, confirmé dans ses droits par le duc de Bedford.).

     

    C’est alors qu’une troupe anglaise arriva en renfort, prenant les compagnons de Jeanne d’Arc entre deux feux. Se sentant en danger, la jeune femme ordonna à ses hommes de reculer vers Compiègne. Cependant, le pont levis se releva, abandonnant la Pucelle aux mains des Anglo-bourguignons.

     

    C’est alors qu’un des vassaux de Jean de Luxembourg tira une flèche sur le cheval de Jeanne, la faisant tomber à terre. C’est ainsi que cette dernière fut capturée par les Bourguignons.

     

     

    L'arrestation de Jeanne d'Arc, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.

     

     

    Jeanne est entourrée (sic) et prise à Compiègne, tous ses ennemis se ruaient à la fois contre elle, un archer la tira violemment par sa huque de drap et la fit tomber de cheval, 1430, par Jules Eugène LENEPVEU, 1874, le Panthéon, Paris.

     

     

     

    5° Le procès de Jeanne d’Arc (janvier à mai 1431) – Suite à sa capture, les Bourguignons retinrent Jeanne prisonnière pendant près de six mois.

     

     

    Jeanne d'Arc endormie, par George William JOY, 1895.

     

     

     

    Pendant ce temps, alors que la Pucelle était entre les mains de Jean de Luxembourg, Charles VII parvint à remporter plusieurs victoires.

     

    En juin, l’armée royale stoppa les troupes bourguignonnes, qui tentaient de s’emparer du Dauphiné ; en juillet, Charles VII conclut une alliance avec Frédéric III, archiduc d’Autriche[6] ; en novembre, la ville de Liège, soudoyée par le roi de France, se révolta contre les Bourguignons, et Charles VII parvint à s’en emparer.

     

     

     

    Jeanne, quant à elle, fut finalement vendue aux Anglais pour 10 000 livres. Ce fut alors Pierre Cauchon, évêque de Beauvais, qui fut chargé d’instruire son procès pour hérésie.

     

    Emprisonnée à Rouen dans un château ayant appartenu à Philippe II Auguste, le procès de la Pucelle s’ouvrit en février 1431.

     

     

    Jeanne d'Arc interrogée par Pierre Cauchon, gravure issue de l'ouvrage Cassell's history of England, Angleterre, 1902.

     

    Bien qu’étant innocente des crimes qu’on lui reprochait, les Anglais voulaient se débarasser de la jeune femme de manière légale. De ce fait, le tribunal déclara Jeanne coupable d’être schismatique, apostate[7], hérétique, etc.

     

     

    Jeanne d'Arc devant ses juges, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.

     

     

     

    Le 23 mai, suite au procès, Cauchon et les juges tentèrent d’effrayer Jeanne, la menaçant de la condamner au bucher si elle ne se rétractait pas. Apeurée, la jeune femme décida alors de se rétracter, reconnaissant ses erreurs et se « offenses » envers l’Eglise. En échange, Cauchon jura à Jeanne qu’elle serait condamnée à la prison à vie, enfermée dans une cellule ecclésiastique.

     

    Cependant, Cauchon ne respecta pas sa promesse, et la Pucelle fut renvoyée dans sa prison, entre les mains des Anglais. C’est alors que le 28 mai, la jeune femme fut surprise en train de porter des habits d’homme (l’on ne sait pas exactement dans quelles conditions Jeanne décida de revêtir ces vêtements masculins.).

     

    Déclarée relapse[8] par Cauchon et les juges, la Pucelle fut alors condamnée au bûcher.

     

     

    Jeanne d'Arc attachée au bûcher, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.

     

    Le 30 mai 1431, les Anglais firent brûler vive la condamnée sur place du Vieux Marché de Rouen. Cette dernière n’avait pas vingt ans…

     

     

    Jeanne d'Arc sur le bûcher, par Jules Eugène LENEPVEU, 1874, le Panthéon, Paris.

     

    Afin que ses restes ne soient pas utilisés comme des reliques, les Anglais décidèrent de récolter les cendres de la Pucelle, qu’ils jetèrent ensuite dans la Seine[9].

     



    [1] On appelle hagiographes les personnes écrivant des hagiographies ; c'est-à-dire des récits de vies de Saints.

    [2] Jeanne d’Arc fut surnommé la Pucelle car elle était encore vierge.

    [3] Pour en savoir plus sur la bataille de Poitiers, qui eut lieu le 17 octobre 732, voir le 2, section II, chapitre premier, les Carolingiens.

    [4] Aujourd’hui encore, le 7 et le 8 mai sont fêtés par les habitants d’Orléans en souvenir de ces évènements. 

    [5] Ne pas confondre Jean II, duc d’Alençon, et Jean II, roi de France. Les deux hommes descendaient de Charles de Valois, frère de Philippe IV le Bel, mais l’un était issu de la branche cadette, l’autre de la branche aînée.

     

    [6] A noter que Frédéric III fut aussi sacré Empereur germanique en 1452.

     

    [7] Les apostats sont des personnes qui ont abjuré leur foi.

     

    [8] L’Eglise considérait comme relapses les gens étant retombé dans leurs erreurs passées, alors qu’ils avaient renié ses dernières.

     

    [9] Bien qu’étant considérée comme une Sainte par beaucoup de Français de cette époque, Jeanne d’Arc ne fut canonisée qu’en 1922.

     

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