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    Hisoitre de la Littérature - la Religion au moyen âge..

      

    Les fêtes religieuses, la fête des fous, des innocents, ...

    Dès qu’une vie collective s’ébauche, qu’une société se structure, le besoin se fait sentir de fixer des repères précis dans le temps, pour se réunir et commémorer ; les fêtes contribuent à la cohésion d’une société. Les grands moments de la vie du Christ constituent les principales fêtes de l’année (Pâques, Pentecôte, …). Echouant dans sa tentative d’interdire tout rituel non chrétien, l’Eglise intègre les fêtes païennes à son propre calendrier liturgique.

    Le clergé ne cesse de rappeler que les jours de fête sont sacrés. En plus du dimanche jour de repos qui se généralise en Occident à partir du VIème siècle, de nombreuses professions n’ont pas le droit d’exercer leur activité durant plusieurs jours de l’année. Ce qui renforce l’attention des gens à l’égard de ces fêtes provient aussi du fait qu’elles sont des points de repère de la vie économique et sociale ; Elles correspondent souvent à des jours de foire ou de marché, à des dates de perception des redevances agricoles ou encore à des moments importants pour la culture et l’élevage.

      

      

    Pâques : Pâques est une fête qui est liée au cycle de la lune. Sa date par conséquent est mobile. En effet, au concile de Nicée, en 325, les pères de l’église fixent l’équinoxe de printemps le 21 mars et font coïncider Pâques avec le premier dimanche qui suit la première pleine lune après l’équinoxe (Pâques peut donc tomber entre le 22 mars et le 25 avril).

    Pâques est précédée d’une période de pénitence de quarante jours, sans compter les dimanches. Elle est appelée le grand carême, carême public ou carême d’avant Pâques. Le carême commence le mercredi des Cendres, quarante six jours avant Pâques.

      

      

      

    La tradition des œufs de Pâques : les chrétiens auraient fait cette tradition des œufs de Pâques parce que, au IVème siècle, l’usage de l’œuf pendant le carême fut interdit par l’église. A partir du moyen-âge, ils ont pris l’habitude de s’offrir des œufs décorés. Dès le XIIème siècle, dans de nombreux pays européens, les gens du peuple avaient l’habitude de s’échanger des œufs bénis à l’église. Les nobles vont s’emparer de cette coutume et l’adapter. Ils s’adresseront à des artisans pour décorer les œufs. Pourquoi les œufs de Pâques sont-ils distribués par les cloches ? Tout simplement parce que, au VIIème siècle, on interdit de sonner les cloches en signe de deuil entre le jeudi saint (jour de la dernière cène, le repas avec le Christ et ses disciples) et le dimanche de Pâques, jour de la résurrection du Christ. C’est donc à Pâques que les cloches reviennent de Rome en sonnant à tue-tête.

      

    Fête de la Mère de Dieu, fête de l’amour : Pour les romains, le mois de mai est celui de Maïa, déesse de la fécondité, une des représentations de la Terre Mère. Dans la tradition chrétienne, le mois de mai est celui de Marie. Son culte atteint son apogée au moyen-âge et reprend à son compte plusieurs attributs des déesses de la terre. Le 1er mai est dans l’ensemble la fête du renouveau de la végétation.

      

      

    Ascension : L’Ascension est une fête mobile puisqu’elle dépend de la date de Pâques. Depuis le IVème siècle, l’Ascension du fils de Dieu est célébrée quarante jours après la Résurrection.

      

      

    Pentecôte : La Pentecôte a lieu cinquante jours après Pâques, le mot provient du grec « pentecoste » qui veut dire cinquantième. Cette fête commémore la descente du Saint-Esprit sur les Apôtres. Elle est, au moyen âge, l’occasion de pèlerinage et de pratiques combinant les rites traditionnels de purification et de guérison avec l’affirmation d’une identité urbaine et régionale.

      

      

    Fête-Dieu : Cette fête se situe le deuxième jeudi après la Pentecôte. Appelée fête du Saint-Sacrement ou fête de l’Eucharistie, elle est promulguée en 1264 par le pape urbain IV. De nombreuses processions sont organisées dans les bourgs, les rues sont recouvertes de fleurs et de feuillages.

      

      

    Saint-Jean : S’agissant d’une fête solsticiale, les rites sont liés au soleil. Les hommes allument un peu partout à l’extérieur des feux vifs pour tenter de surmonter le soleil en déclin ; en effet, le soleil entame à ce moment précis sa course descendante.

    Les feux de la Saint-Jean ont des vertus de purification. Les animaux malades doivent courir sur les braises, les paysans sautent au-dessus des feux pour éviter les maux de rein à la moisson.

      

      

    Saint-Michel (29/9) : La Saint-Michel est un repère dans le temps très important dans l’année, en particulier pour les paysans, c’est la fin d’une année agricole. Dès l’époque féodale, la Saint-Michel (le 29 septembre) est le jour des paiements des redevances par le paysan au seigneur. Cette fête, qui marque pourtant le début d’une nouvelle saison, n’a jamais été célébrée avec autant de faste que Noël, Pâques ou la Saint-Jean.

      

      

    Toussaint et Fête des Morts : La fête de la Toussaint est introduite en Occident par le pape Boniface IV, vers la fin du VIème siècle. Elle est fixée le 13 mai. La célébration de la Toussaint est prescrite par l’empereur Louis le Pieu (814-840) à la demande du pape Grégoire IV (827-844). Cette fête devait couper court au rituel païen de substituer les saints comme objet de culte aux âmes des morts. Mais le culte des morts étant profondément enraciné dans les coutumes populaires, il continue d’être honoré le 1er novembre.

      

      

    Saint-Martin (11/11) : Fêtée le 11 novembre, la Saint-Martin coïncide avec les foires agricoles et les manifestations paysannes d’abondance. C’était souvent le jour où l’on tuait le cochon ou l’oie grasse pour préparer les réserves alimentaires de l’hiver. La Saint-Martin est suivie de l’Avent.

      

      

    Saint-Nicolas (6/12) : Fêtée le 6 décembre, lors de la Saint-Nicolas, les écoliers célèbrent leur saint patron Nicolas à l’école en chahutant leur professeur, en faisant du vacarme et en jouant aux dés, jeu de hasard pourtant interdit par l’église, mais aussi aux osselets et aux dés.

      

      

      

      

    Noël : En Orient, les premières manifestations festives autour de la Nativité se faisaient le 6 janvier. La fête de la naissance apparaît en Occident au cours du IVème siècle. Elle remplace la fête du Sol Invictus (renaissance du soleil invaincu) qui avait lieu le 25 décembre dans le culte oriental au dieu Mithra et concurrençait sérieusement la foi chrétienne.

    Comme les principales fêtes chrétiennes, Noël coïncide avec une grande date astronomique dont l’incidence agit directement sur la vie paysanne. Noël, du latin ecclésiastique dies natalis, « jour de naissance », célébrait primitivement le solstice d’hiver. On envisagea dès le IVème siècle le 25 décembre, jour le plus court de l’année, pour célébrer la naissance du Christ. On sacrifiait alors à cette occasion les porcs et l’on finissait de battre le grain rentré en gerbe. Comme pour Pâques, cette fête impliquait une période de jeûne : l’Avent. Il durait depuis la Saint-Martin (le 11 novembre) avant d’être ramené à l’octave c’est à dire période de 8 jours qui précède Noël.

    Ce qui caractérise avant tout Noël, ce sont les messes. Toute la population se rend à l’église pour la Nativité. Les tropes sont des antiennes dialoguées introduites à certains passages de la liturgie des messes de Noël et de l’Epiphanie pour les rendre plus vivantes et plus accessibles aux fidèles. Les tropes se transforment progressivement au cours du moyen-âge en drames ou jeux liturgiques qui prennent des développements spectaculaires et si profanes dans les représentations des scènes bibliques que l’église les a bannies progressivement de la liturgie. Les drames sont alors relégués sur les parvis de l’église. Cette période la plus joyeuse d’entre toutes, entraînait au moyen-age maints préparatifs : la maison était décorée de houx et de verdure, les anciens vêtements faisaient place aux habits neufs et la messe était suivie de nombreuses réjouissances (divers jeux de hasard ou d’adresse, …) et de copieux repas.

      

      

    La crèche et l’arbre de Noël : c’est saint François d’Assise qui, à la fin de sa vie, en 1223 eut l’idée de reproduire la scène de la Nativité dans l’église (la crespe). La décoration du sapin de Noël est attestée en Alsace dès la fin du XVe siècle. Au Moyen Age, les prédicateurs posent une équivalence théologique entre l’arbre de paradis et l’arbre de la Résurrection. Les images du Moyen Age ont habitué aux représentations de l’arbre du paradis auquel on suspendait une pomme (en latin, pomum, signifie « fruit »). La nuit de Noël, l’arbre de Noël évoquait ainsi l’arbre du péché que l’Incarnation du Christ venait racheter, introduisant également un retour de l’état paradisiaque dans le monde, retour dû à la venue du Christ dans le monde. Le sapin était orné de pommes et d’hosties.

      

      

    La fête des fous : Il s’agit là d’une fête dont la date variait suivant les régions. Elle se déroulait selon les villes entre la mi-décembre et le début du mois de janvier. C’était l’exemple même du besoin de défoulement dont avait bien besoin le peuple tant la vie était rude (froidure, épidémies, disettes et guerres). Episode comparable aux carnavals précédant le carême.

    On assistait alors à un renversement total de la société : la femme devenait le garçon, l’enfant l’évêque, le professeur l’élève, … On élisait le pape, l’évêque des fous, l’abbé des sots, on brûlait de vieilles chaussures dans les encensoirs, on dansait dans les églises en baragouinant du latin de façon à déclencher de nombreux fous rire. On danse et chante accompagné pour cela de musiciens qui font résonner des instruments à vent (flûte, trompette ou cornemuse) ou à cordes (vielle, harpe, luth). Il n’était pas rare de constater à l’intérieur des couvents que régnait alors une sérieuse confusion : relations nocturnes entre l’abbé des sots et les petites abbesses ou encore simulacres d’épousailles entre un évêque et une supérieure.

    Pour la fête des fous, les figurants du bas clergé se travestissent, portent des masques hideux et se barbouillent de suie. Le costume et les attributs des fous s’imposent au XVème siècle. Papes, conciles et diverses autorités publient dès le XIIème siècle des textes visant à réprimer ladite fête. Mais sans grand résultat puisque même après la pragmatique sanction de Charles VII (XVème siècle), la fête des fous est encore célébrée par endroits jusqu’au début du XVIIIème siècle.

      

      

    La fête de l’âne : Encore appelée fête des humbles. Une fille tenant dans ses bras un nouveau-né, pénétrait à dos d’âne richement paré dans une église suivie par tout un cortège burlesque. A la fin de chaque prière, l’assemblée scandait un joyeux « hi-han » : on chantait alors la prose de l’âne. L’église condamne cette célébration à la fin du XVIème siècle.

      

      

    La fête des Innocents (28/12) : Au moyen-âge, le taux de mortalité infantile était très fortement élevé : un grand nombre d’enfants mourrait à la naissance ou au cours de leurs premières années. Les écoliers et les enfants, en particulier, célébraient la fête des Innocents le 28 décembre. C’était donc par excellence la fête des enfants à qui l’on permettait et pardonnait tout. Toute violence était prohibée, les chevaliers devaient cesser de guerroyer en observant une trêve.

      

      

    Le 31 décembre : Ce jour-ci avaient lieu les réjouissances de la Saint Sylvestre et pas encore la fête de l’an neuf puisque l’année changeait habituellement à cette époque à Noël ou à Pâques (l’adoption du calendrier grégorien en 1582 unifiera cela).

      

      

    Le 1er janvier : Le jour de la circoncision et du nom de Jésus, était également le jour des étrennes et de pratiques superstitieuses.

      

      

    L’épiphanie (06/01) : suivant l’adoration de l’église romaine, l’adoration des rois mages s’est implantée le 6 janvier. La tradition des rois mages prend une grande ampleur avec les représentations des drames liturgiques et les mystères où ils apparaissent comme éléments merveilleux.

    La présence de la galette des rois est attestée à partir du XIVème siècle. La tournée des rois dans certaines régions est, en quelque sorte, le prélude du Carnaval à venir. On mangeait donc une galette qui contenait une fève. Tandis que le père de famille coupe la galette, un enfant se tient sous la table : c’est lui qui attribue à chacun sa part.

    Au Moyen Age, on avait également pris l’habitude d’envoyer des gâteaux à ses amis. Sous l’ancien régime, on le nomma "gâteau des rois" car la date se trouvait en pleine période des redevances féodales et il était d’usage d’en offrir un à son seigneur.

      

      

    La chandeleur (02/02) : Dans la tradition occidentale, la fête célébrée le 2 février est connue sous le nom de Chandeleur parce que l’on conserve ce jour-là des chandelles allumées que l’on porte à travers les églises. En pays pyrénéen, tout comme dans les Alpes, des chasses à l’ours et des danses de l’ours symboliques étaient organisées ; l’ours, sortant de son hibernation à la Chandeleur, risque d’être effrayé par son ombre si le soleil brille et dans ce cas retourne dans sa caverne pour quarante jours qui seront nécessairement des jours de pluie. La tradition des crêpes correspond à l’apparition des premiers œufs de l’année.

      

      

    Le carnaval : Au sens le plus étroit du terme, le carnaval s’étend seulement sur les trois jours qui précèdent le carême, le Mardi Gras clôture le carnaval. Le Mercredi des Cendres, lui ouvre la période du grand carême. Les limites temporelles du carnaval sont différentes d’un lieu à l’autre ; il commence le plus souvent à la chandeleur. Entre carême et carnaval, tout est contraire ; le carême fait appel à la spiritualité de l’homme, carnaval s’adresse à son être charnel, à ses instincts primaires, à ses passions exacerbées. Carême exige le jeûne et la continence (abstinence sexuelle), carnaval autorise tous les excès (abus de nourriture et de boisson, sexualité débridée …) ; la violence y est souvent anonyme.

    Le temps carnavalesque est un temps différent où peuvent se produire des inversions des règles, des rôles et la négation des valeurs. C’est un moment de rupture caractérisé par le masque et le déguisement.

    Carnaval qui déambule dans les rues sur un char est souvent représenté par un personnage jovial et bien vivant, tandis que le Carême est personnifié par une vieille femme.

    Au Moyen-Age on dansait dans l’église, on chantait la messe à l’envers, les riches se déguisaient en pauvres et les pauvres se déguisaient en riches, les adultes se déguisaient en enfants et les enfants se déguisaient en adultes.

      

      

    Rameaux : Le dimanche des rameaux est une fête mobile puisqu’elle introduit la semaine sainte. Dès le IXème siècle, l’église accomplit dans son rituel du jour la bénédiction des rameaux et la procession des fidèles. Les rameaux verdoyants, signes de vitalité, sont déposés sur les tombes et dans les maisons.

    Sources : Les fêtes religieuses au moyen âge tout au long des saisons Le Temps de Noël – Le cycle des 12 jours La tradition des œufs de Pâques Les fêtes de carnaval et le Pétengueule Les mots des religions : Noël La tradition de l’épiphanie

     

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