856 |
Existence probable d'un château en bois. |
1097 |
Robert de Bellême reconstruit le château pour Guillaume le Roux. |
1196 |
Passe aux français après le traité de Gaillon. |
XVIe |
Démantelé sous Henri IV. |
1647 |
Mazarin fait découronner le donjon. |
Le souterrain de la Reine Blanche
La légende parle d'un souterrain reliant la tour de la Reine Blanche de Neaufles jusqu'au château de Gisors. Il passerait sous la croix percée et abriterait un fafuleux trésor (trésor des Templiers?).
Mais il n'est pas si simple de pénétrer dans ce souterrain gardé par un démon. On ne peut y entrer qu'un seul jour de l'année.
Une idée pour le prochain Indiana Jones peut-être ...
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Au XIXème siècle, une étrange aventure arriva à un ouvrier descendu dans les souterrains de la vieille Tour de Neaufles-saint-Martin (Eure), pour y effectuer des travaux.

Elle mérite largement un arrêt sur image.
Un peu à l'écart du centre du village de Neaufles-Saint-Martin, charmante petite bourgade de 800 âmes calmement installée sur les bords de l'Epte, se dressent encore, sur une belle motte féodale intacte, juste au-dessus de la rivière Levriere, les ruines d'une puissante tour circulaire.
Planté au beau milieu d'un pré, ce monument un peu oublié a une histoire. La paroisse de Neaufles-Saint-Martin existait déjà au VIIe siècle.

Elle dépendait de la puissante seigneurie, toute proche, de Gisors.
Cette ville n'est pas inconnue des chercheurs de trésors.

C'est dans une mystérieuse salle souterraine théoriquement située sous la motte castrale de cette ville qu'après la Seconde Guerre mondiale, un gardien du château, se livrant à des fouilles clandestines, aurait de ses yeux vu l'authentique trésor des Templiers.
Concrètement, dans la mémoire collective, le lien de suzeraineté existant entre Gisors et Neaufles est marqué par la croyance en l'existence d'un souterrain reliant les deux forteresses.

Nous verrons plus loin qu'il y a de fortes probabilités pour que cette galerie existe bel et bien.

Les amoureux d'Histoire retiendront que c'est à Neaufles qu'en 856,
Charles le Chauve réunit les grands du royaume afin d'organiser une riposte aux raides normands.
En 1097, c'est Henri II d'Angleterre, à qui la Normandie appartient en fief, qui fait construire le puissant château dont notre tour et sa motte sont le seul vestige.

Il devait y avoir eu là, auparavant, et sur la motte déjà édifiée, un donjon de bois bien plus ancien.
En 1196, il passa à la France et c'est sous le règne d'Henri IV qu'il fut démantelé.


Le donjon seul subsista et il fut mis dans le triste état de ruine que l'on peut de nos jours contempler par Mazarin (en 1647), qui avait organisé le grand arasement de toutes les forteresses qui auraient pu nuire à la souveraineté royale.

Les abords du donjon furent minés, et tout un pan de la tour s'effondra.
Les beaux restes que l'on peut en voir mesurent une vingtaine de mètres de hauteur pour 13,60 mètres de diamètre, avec de puissants murs épais de près de trois mètres.

À partir de la salle basse, dont le sol se trouvait à six mètres de profondeur, ancré dans le cœur de la motte, la tour comprenait autrefois quatre niveaux, hors la terrasse sommitale.
La porte de ce donjon s'ouvrait au premier étage,
à six mètres au-dessus du sol.

C'est dans cette tour que Blanche de Navarre, seconde femme du roi Philippe VI et sœur de Charles II de Navarre, comte d'Évreux, se retira en 1359, après la mort de son époux.
Elle y mourut en 1398. Ceci est un fait historique avéré.
Mais, il y a aussi la tradition...
On dit que, bien avant cet épisode, la reine Blanche de Castille, mère de Saint-Louis, se serait retrouvée encerclée dans Cette tour, accompagnée seulement d'une petite troupe.
Lorsque l'ennemi parvint à pénétrer dans le donjon, il fut trouvé vide.
Ses occupants s'étaient littéralement volatilisés !
En fait, Blanche de Castille avait utilisé un souterrain qui, partant de la salle basse du donjon, permettait de rallier le château de Gisors, distant, en ligne droite, de 4 000 mètres.
De là, elle s'organisa et parvint à prendre ses ennemis à revers.
Eux eurent moins de possibilités qu'elle, car ils ne connaissaient pas le secret du souterrain.

La tradition veut que Neaufles et Gisors se trouvent au centre d'un mystérieux nœud de souterrains dont les parcours, dans la région,

seraient marqués par la présence de croix templières en surplombant le passage.

De fait, on peut observer plusieurs semblables monuments
autour des deux bourgs.

Nous verrons plus loin que ces "souterrains"

ne sont sans doute pas des galeries de communication construites exprès,

mais en fait, d'anciennes carrières de calcaire à bâtir
formant des sortes de muches.

Le trésor de Blanche d'Evreux ?
De nos jours, on ne distingue plus le départ de ce souterrain, qui resta longtemps visible, avant d'être recouvert par les gravats tout au fond de la salle basse du donjon.

Au XIXe siècle, son entrée était cependant encore connue.
Il y a de cela pas mal d'années, une revue intitulée le Mémorial des Sciences et des Arts, titre maintenant disparu,

publia une très intéressante notice sur la tour de Neaufles, et plus précisément, portant sur ce fameux souterrain supposé rallier Gisors.

On y trouve une narration assez déconcertante.
Au XIXe siècle, un ouvrier fut envoyé en inspection dans le souterrain afin d'observer s'il était nécessaire d'y effectuer des travaux de soutènements et de consolidations.
Il parcourut les galeries sur une assez longue distance, avant que d'arriver devant une lourde grille de fer complètement rouillée, derrière laquelle, au fond d'une salle, il put voir briller des objets et des pièces d'or.

Il décida donc de s'attaquer à cette solide grille, maintenue fermée non seulement par sa forte serrure, mais aussi par le conglomérat de rouille qui la recouvrait.
Alors qu'il se livrait à cette opération, un fracas épouvantable, comme venu des enfers, envahit les galeries et provoqua chez lui une peur panique.
Il rebroussa rapidement chemin et, certain d'avoir croisé le diable, refusa de redescendre dans les sinistres boyaux.
D'ailleurs, localement, ce souterrain imposait une telle crainte que l'on ne s'y aventurait guère.
Son accès fut sans doute fermé par la suite, comme on le raconte au village, et c'est peu à peu que sa trace se retrouva couverte par les éboulis, au point qu'elle n'est plus visible de nos jours.
Quel pouvait être la provenance de cet or si rapidement entrevu ? Bien sûr, avec cette histoire de crypte secrète de Gisors et de nœud de souterrains entre les deux places, on pourrait penser au trésor des Templiers.
Le malheur, c'est que les Templiers n'occupèrent jamais
les châteaux de Neaufles et de Gisors !
Pour ma part, j'ai soigneusement arpenté les méandres du passé de ce donjon de Neaufles, et je ne vois qu'une seule hypothèse pouvant permettre d'y envisager l'existence d'un trésor dans une cave forte.
Ce trésor, à mon sens, ce serait celui de Blanche d'Évreux, veuve du
roi de France Philippe VI.
Elle vécut dans cette forteresse de 1359 jusqu'à sa mort, survenue en 1398. Elle lui avait été donnée, en bien propre, en 1339.
À cette époque, la France était partagée en deux par une guerre civile larvée qui doublait la guerre de Cent Ans. C'est pour cette raison que Blanche d'Evreux avait décidé de vivre son veuvage dans une imprenable citadelle, dont, depuis 1339, elle devait connaître tous les secrets.
Or, Blanche d'Évreux était fort riche, tant par sa position d'ex reine de France que comme sœur de Charles, de Navarre.
On peut penser que son or, ses biens et ses liquidités, l'avaient tout naturellement accompagné dans une retraite qu'elle avait voulue, dès le départ, définitive.
Dès lors, il ne paraît pas impensable que son or et ses biens, son trésor comme chaque grand en possédait alors dans un recoin de son château, soient restés en place après son décès, oubliés dans une crypte secrète.

C'est cette crypte que l'ouvrier du XIXe siècle aurait par hasard découvert dans ses déambulations au sein d'un système de souterrains (sans doute d'anciennes carrières), long en déroulement, de plusieurs kilomètres.
C'est l'hypothèse que, pour ma part, je retiendrai.
L'existence même du souterrain ne fait pour moi aucun doute.
Il est même parfaitement logique. Je pense qu'il ne faut pas y voir un réseau de galeries construit tout exprès, mais, en réalité, le vide des carrières de calcaire qui permirent l'édification de la forteresse
de Gisors, de celle des Andelys et de beaucoup d'autres constructions.
Il y a un fait qui ne trompe pas.
Le donjon de Neaufles est construit avec de la pierre semblablement blanche, et beaucoup de silex.
Or, dans cette zone, on trouve de belles veines de silex, justement, au sein de la nappe calcaire qui fut exploitée en carrières au Moyen Age.
Que le château de Neaufles ait été ainsi construit sur du vide semble ne faire aucun doute. Reste que, au sein de ce dédale, une mystérieuse crypte fermée d'une lourde grille de fer contient encore le trésor particulier de Blanche d'Evreux, ex reine de France.
Gilles Merbien
SOURCES /

En 856, Charles le Chauve réunit à Neaufles les grands du royaume afin d'organiser une riposte aux attaques normandes.