• La sexualité au Moyen Age, c'était comment ?

     

     

     

     
    Né à Taverny, à la lisière de la forêt de Montmorency, coin bourré de souvenirs historiques et biberonné dès l’enfance par la lecture de Walter Scott, les aventures d’Ivanhoé et de Robin des bois, le médiéviste Jacques Rossiaud explore ce qu’il se passait dans la chambre à coucher de nos lointains aïeux dans son dernier livre, "Sexualités au Moyen Age".
     
     
    L'auteur Guillaume Roche
     
     

    Pourquoi vous intéressez-vous au Moyen Âge ?


    J’ai choisi la période médiévale comme champ de recherche car elle est à la fois proche et distante : on comprend mieux les gens du Moyen-Âge que ceux de l’Antiquité car c’est moins éloigné dans le temps. Il y a aussi un dépaysement car cette époque est celle du merveilleux, des fées, des nains et des gnomes.

     

    Et comment avez-vous découvert les mœurs sexuelles de cette époque ?


    J’ai fait de l’archive urbaine le long du Rhône et de la Saône, travaillé à propos des bateliers, les sociétés du fleuve et tout ce qui concerne les faits de la jeunesse, de mœurs.

     

    Et il se trouve que je me suis intéressé à la prostitution en tombant sur des séries d’archives exceptionnelles à Dijon.

     

    J’ai ensuite écrit des articles sur la prostitution médiévale.

     

    Puis la prostitution est aussi une affaire de sexualité

    et cela intéresse tout le monde !

     

    Est-ce facile de retranscrire l’atmosphère d’une époque, ses mœurs ?


    Non, ce n’est pas facile ! Connaître une époque nécessite de très longues lectures et une pénétration des œuvres médicales, littéraires et théologiques pour restituer les manières de penser des hommes.

     

    Pourquoi l’Église s’est intéressée à la sexualité ?


    Le Christianisme s’est préoccupé des questions sexuelles par réaction à l’Orient et à des sectes qui prônaient une très grande liberté de mœurs.

     

    La pensée chrétienne s’est aussi développée à un moment où nous pensions que les temps étaient courts et que le jour du Jugement dernier allait arriver.

     

    Comment était la sexualité durant l’Antiquité ?


    A Rome, elle est fondée sur une morale très austère depuis le Ier siècle. La prostitution est tolérée, une place est faite à la bisexualité.

     

    Par contre, les choses étaient rigoureuses pour le mariage.

     

    Les considérations sur le comportement sexuel s’expliquent durant l’Antiquité païenne par des raisons médicales et elles ont été transférées dans la sphère de la morale, du bien et du mal, au temps du christianisme.

     

    Pourquoi au Moyen Âge l’acte amoureux doit s’accomplir avec parcimonie ?


    L’éjaculation fatigue le corps parce que le sperme est un produit qui vient, pense-t-on, du cerveau ou du sang. Éjaculer équivaut à une saignée.

     

    Donc si nous sommes excessifs, on risque de tomber malade.

     

    Il fallait respecter une certaine modération.

     

     

    L’acte sert juste à perpétuer l’espèce humaine à cette époque, le plaisir n’a pas sa place ?


    C’est la doctrine, la théorie, c’est ce que l’Église enseigne, mais tout le monde sait que l’écrasante majorité des gens font l’amour non pas pour la reproduction, mais pour le plaisir !

     

    Quel regard est porté sur l’homosexualité au Moyen Age ?


    Il y a une certaine tolérance selon le rôle de la personne.

     

    Le rôle féminin, par exemple, dans un acte homosexuel est toléré et pardonné quand l’acteur est jeune.

     

    Très jeune, même, à la limite de l’enfance et de l’adolescence ; ensuite c’est tout de même sévèrement condamné.

     

    Le clitoris de la femme est le grand perdant dans votre livre, non ?


    On admet une grande liberté sexuelle masculine qui est refusée aux femmes.

     

    La morale est double :

    ce qui est admis pour les hommes ne l’est pas pour les femmes.

     

    On pense que l’homme a besoin de diversité alors que c’est strictement interdit pour une femme, sauf les prostituées.

     

    Le lesbianisme n’est pas pris au sérieux d’ailleurs !


    C’est condamné, mais c’est moins grave que l’homosexualité masculine.

     

    On pense que si une femme s’abandonne entre les bras d’une autre, c’est circonstanciel, à cause d’un manque d’hommes.

     

    Et dès qu’elle le peut, elle en retrouvera forcément un.

     

    La prostitution se porte bien au Moyen Age, que pouvez-vous nous dire à son propos ?


    C’est vraiment toléré dans la société. Il y avait beaucoup de bordels : maison de tolérance, établissement privé et même public géré par la ville. La chose est carrément institutionnalisée.

     

    Puis à partir de la fin du XVème et lors de la première moitié du XVI, cela dépend des régions, mais celles touchées par les réformes protestantes et catholiques deviennent répressives, sévères, vis à vis de la prostitution.

     

    Les prêtres fréquentent beaucoup ces maisonnées dédiées aux plaisirs ?


    Ils n’y vont pas tous, mais la hiérarchie ecclésiastique préfère que les prêtres fréquentent de temps à autre une prostituée plutôt qu’une concubine.

     

    Le mariage des prêtres a été interdit lors de la Réforme grégorienne au XIème siècle.

     

    Il y a toujours eu des courants favorables au mariage, mais ils étaient très faibles.

     

    A partir de la fin du XIème et du XIIème siècle, il n’y a pratiquement plus de prêtres mariés, sauf certains qui vivent en concubinage dans les contrées éloignées et mal surveillées.

     

    Certaines positions sont interdites au Moyen Age, laquelle est la plus réprouvée ?


    La sodomie : aussi bien hétérosexuelle qu’homosexuelle. Le coït anal est réprouvé par l’Église car il n’a pas pour finalité la reproduction.

     

    Mais il est difficile de pénétrer dans les demeures et les particuliers en prennent à leur aise avec ce qui est permis ou pas : 

    les préliminaires, mêmes poussés, sont tolérés.

     

    Finalement : la sexualité c’était mieux au Moyen Age ou maintenant ?


    C’était mieux avant le Sida ! Il n’y a pas de doutes.

     

    Au Moyen Age, il y avait des maladies comme la chaude-pisse, puis la syphilis et la grosse vérole sont apparues en 1496 et se sont développées au début du XVIème siècle.

     

     

    Auparavant les maladies vénériennes étaient des maladies bénignes et c’est pour cela aussi que tout était un peu toléré.

     

    Cela compte.

    Les mœurs sexuelles de nos jours sont totalement libres, mais elles sont sous la menace de maladies !!

     

    et comment !

     

     

    Par Guillaume Roche

     

    SOURCES 

     

    La sexualité au Moyen Age, c'était comment ?

    http://fluctuat.premiere.fr/Livres/News/La-sexualite-au-Moyen-Age-c-etait-comment-3677854

     

     

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