• Château de FALAISE

      
      
      
      
    Falaise au XVIe sciècle : gravure de Trolonge (XIXe s.)
    d'après une estampe du XVIe sciècle.
      
    Le site de Falaise, implanté en bordure des premiers contreforts du massif   armoricain, est occupé par l’homme depuis au moins le Mésolithique   (vers 7 000 av. J.-C). Différents types d’habitats se succèdent   au cours des siècles, et il semble qu’à l’époque   carolingienne, si l’on en croit d’illustres historiens dont Michel   de Bouärd, il existe déjà une fortification sur le rocher.    
      
    Tirant profit de cette protection, la ville se développe sur l’éperon   rocheux formé par les deux vallées de l’Ante et du Marescot.   Suit, au début du Xe siècle, la victoire obtenue par   Rollon le viking sur le roi de France ; en acceptant de devenir chrétien,   il négocie un large territoire au nord de la Seine au cœur duquel   se trouve Falaise qui devient l’une des premières cités   de Normandie.   Dans ce nouveau paysage politique, la ville et le château vont sensiblement   se développer et se transformer.

    Vers l’an mil, la forteresse ducale est particulièrement efficace     et protège un vaste domaine.

    Construit sur le modèle des mottes fortifiées, le château     est alors protégé par une solide enceinte entourant la basse-cour     et est, sur la pointe, dominée par un donjon dont les bases au moins     sont maçonnées.    

      

    Lieu de pouvoir des nouveaux maîtres du pays, la ville est le lieu de     naissance du plus célèbre d’entre eux, Guillaume le Conquérant, futur roi d’Angleterre. A cette époque, c’est une cité prospère qui compte sans doute 3000 ou 4000 personnes.

    Il ne reste aujourd’hui que de faibles traces du donjon de Guillaume et c’est à Henry Ier “ Beauclerc”, son dernier fils, que nous devons la construction du plus ancien des bâtiments qui constitue     aujourd’hui la place forte de la haute cour (1123).

      

      Les fouilles 1996

    Devenu roi d’Angleterre,  il s’inspire très directement des forteresses anglaises pour     rénover le château familial: il en reproduit le plan carré,  avec la partition par étage, l’aménagement d’espaces    

    intérieurs voués à la résidence du seigneur et  l’accès bien défendu par un escalier menant à l’étage et protégé par un avant-corps. Le grand donjon de Falaise est   une forteresse typiquement anglo-normande. Henri Ier œuvre également beaucoup pour la ville, et y fait construire    

    de nombreux bâtiments.

    A sa mort, de nouveaux conflits secouent le royaume anglo-normand pendant     vingt ans.     Mathilde sa fille et Etienne de Blois son neveu disparaissent à leur    

      

    tour, et c’est Henry II Plantagenêt, le fils de Mathilde qui hérite du double titre de duc et de roi. Son union avec Aliénor d’Aquitaine  le place à la tête d’un vaste domaine qui comprend : en  France, la Normandie, l’Anjou, l’Aquitaine, le Limousin ; en Grande Bretagne, l’Angleterre.Il exerce aussi un étroit contrôle sur le Pays de Galles et l’Ecosse.  Nous sommes en 1154 : jamais le royaume anglo-normand, qu’on appelle  aussi l’empire Plantagenêt, n’a été aussi     fort.

      

    Ce territoire va nécessairement susciter la convoitise du roi de France, dont le propre domaine est bien moindre… A cette même     période, le château de Falaise s’agrandit du “ Petit     Donjon ”. Il protège le front ouest de la forteresse et il est     aménagé en résidence.

    A la fin du XIIe siècle, le roi de France Philippe-Auguste s’oppose fréquemment aux ducs normands : Henry II tout d’abord,     puis ses fils, Richard Cœur de Lion et Jean sans Terre : c’est     contre ce dernier qu’il obtiendra une victoire décisive : la     Normandie devient française.

    En 1204, l’annexion du duché Normand au royaume de France met donc fin à la saga des ducs. Le nouveau maître de Normandie a besoin d’appuis locaux : il se montre très conciliant avec les     falaisiens et reconstruit nombre de bâtiments détruits pendant     le siège. Le troisiéme des donjons du château, voit le     jour : c’est une tour de défense cylindrique, plus adaptée     au siège et qui, haute de 30 mètres, symbolise son pouvoir.        

      

    Dans l’enceinte, Philippe-Auguste aménage un châtelet qui     remplace l’ancienne tour-porte qui mène aux donjons.

    Il flanque les remparts de tours nouvelles ou transforme celles qui existent     et fait construire un logis vicomtal le long du rempart nord .

    Aux guerres du XIIe siècle, succèdent de longues années     de paix en France. Le XIVe siècle est quant à lui catastrophique     : les rois capétiens grèvent lourdement le peuple français     ; des famines puis la peste s’abattent sur le royaume. La guerre de cent ans débute en 1337.

    Avant l’occupation anglaise , Il n’est pas sûr que Falaise     ait été sévèrement touché par la guerre     : les témoignages qui subsistent donnent l’idée d’une     réelle prospérité.

    A cette époque, les étangs qui bordent les remparts du château     au sud sont aménagés en viviers ; Au cœur de l’enceinte,     un puits profond alimente la communauté en eau potable. Il est au centre     d’un complexe résidentiel important, implanté sur le front     sud de l’enceinte.     Ces bâtiments ont aujourd’hui disparu : l’étude des     documents d’archives permet de les imaginer ; mais leur situation précise     ne pourra être donnée qu’après une vaste campagne     de fouilles.

      

    L’occupation anglaise en Normandie, qui débute en 1418 relance un lourd programme de restaurations et d’aménagements     militaires dans l’enceinte, ainsi que la construction de salles attribuées     aux nouveaux administrateurs de la ville et de la vicomté.     Quinze tours de flanquement protègent les remparts du château.    

      

    On aménage des ouvertures adaptées aux nouvelles techniques     de combat, des canonnières.

    Le XVIe siècle est durement marqué par les guerres     de religion et le déclin des établissements religieux. Le couronnement     de Henri IV, roi de France protestant, va provoquer de sérieux conflits     en Normandie.

    La ville de Falaise, particulièrement hostile au nouveauroi, subit donc un siège sévère conduit par le monarquelui-même :    

    En janvier 1590, les armées royales détruisent le rempart Ouest    

    de l’enceinte castrale « par 400 coups de canon » et pénètrent    

    dans le château :

    les marécages qui entourent le château    

    et les vieux murs n’ont aucune efficacité devant les tirs modernes    

    de l’artillerie.    

      

      

    Quelques jours après, le gouverneur de Falaise se rend; en même    

    temps que le rôle militaire du château disparaît. Le déclin amorcé se confirme, les bâtiments se dégradent.

     

    Les XVII et XVIIIes siècles, sont ceux d’un développement général de l’économie de la ville.

    De beaux hôtels     particuliers sont construits, ainsi que l’actuel hôtel de ville. 

     

    Les portes de l’enceinte urbaine, symboles des défenses médiévales, sont rasées : on perce de nouvelles routes : on aménage de nouveaux     espaces urbains.

    Avant la Révolution Française, Falaise compte 15000 habitants.

    Au XVIIIe siècle, on procède à d’importants   travaux.

    Les fossés sont progressivement comblés.

      

    le plan du château de Falaise par VIOLET LEDUC

      

     


     

    Une vaste enceinte irrégulière flanquée d'une quinzaine de tours délimite une gigantesque basse-cour autrefois occupée par des bâtiments résidentiels, des communs et des jardins. Les tours ont une forme cylindrique ou hémicylindrique. Certaines sont probablement l'œuvre des ducs-rois Plantagenêts dans la seconde partie du XIIe siècle, les autres celle de Philippe Auguste après 1204. Ces dernières sont en général reconnaissables à leur base pleine amplement talutée.

    Dans l'angle nord-ouest, sur une éminence rocheuse, trône un ensemble architectural colossal des XIIe-XIIIe siècles. Il est composé de trois parties distinctes :

    1/ Le grand donjon quadrangulaire à contreforts plats, érigé par Henri Beauclerc en 1123 et conservé sur deux niveaux. Son plan au sol occupe 26,60 mètres sur 22,80 mètres. L'épaisseur des murailles oscille entre 3,15 et 3,50 mètres. Le rez-de-chaussée servait comme bien souvent de cave à provisions avec des murs aveugles. On pénétrait dans le bâtiment par une porte située au premier étage. On y trouvait à l'origine l' " aula " (la grande salle commune), deux autres pièces peut-être à destination résidentielle (chambre et antichambre comme le suggère Jean Mesqui ?), et la " capella " (la chapelle castrale), cette dernière étant logée dans une légère excroissance de la façade sud. L'espace intérieur était éclairé par des baies géminées. Il manque à ce donjon son couronnement et son second étage qui abritait sans doute l'essentiel de la " camera " (les appartements seigneuriaux). Les différents degrés sont desservis par des escaliers à vis ou en rampes droites aménagés, comme à Loches, dans les murailles. Une restauration tragique effectuée récemment a cependant considérablement altéré la structure de l'édifice.

    2/ Un peu plus tard fut adjoint au grand donjon un second ouvrage rectangulaire de dimensions plus modestes et désigné sous le nom de " petit donjon ". Il forme à l'ouest une sorte d'excroissance. Le cas n'est pas isolé : on retrouve une disposition similaire un siècle plus tôt à Loches (Indre-et-Loire) et peut-être Langeais (Indre-et-Loire).

    3/ Les ingénieurs de Philippe Auguste renforcèrent ce corps préexistant par une tour circulaire appelée " Tour Talbot ", en souvenir du grand capitaine anglais de la Guerre de Cent Ans. Elle mesure actuellement 30 mètres de haut pour un diamètre de 15 mètres. L'épaisseur de ses murs atteint 4 mètres et son diamètre intérieur est donc de 7 mètres. Elle possède 6 étages voûtés en pierre et planchéiés alternativement. On y pénètre par le deuxième niveau qui communique avec le Petit Donjon. Sa base est légèrement fruitée. La tour était autrefois sans doute hourdée, mais fut pourvue de mâchicoulis sur consoles au XIVe ou au XVe siècle comme l'atteste une lithographie du XVIIIe ou XIXe siècle. Le couronnement actuel fut recréé au XIXe siècle.

    Nos contemporains fustigent volontiers - souvent sans être en mesure de réellement argumenter - les restaurations jugées abusives effectuées en France, surtout entre 1800 et 1900. Eugène Viollet le Duc est généralement l'une des cibles privilégiées. Marcel Proust évoquait déjà les " déjections " de l'architecte parisien. Notre temps a " heureusement " mis bon ordre à tout cela.

    Le magazine Archéologia, dans son numéro 334 de mai 1997, publiait un encadré intitulé : " le château de Falaise défiguré ". L'architecte en charge du projet de restauration depuis 1993 ne concevait pas sa tâche comme un simple devoir de préservation, encore moins de restitution, mais plutôt comme la nécessité de marier l'architecture d'un monument médiéval pluriséculaire aux canons en vigueur. Le résultat est pour le moins saisissant. A coups redoublés de béton armé, de toile pour les couvertures, le château fut ainsi " réinséré " dans le XXe siècle dont il avait sans doute le mauvais goût de ne pas émaner. Cette réalisation hors norme pose la question essentielle des modalités de préservation de notre patrimoine. Cristallisation des ruines, restitution ou adaptation à l'inspiration des goûts actuels ?


     

    Les toitures des donjons s’effondrent et disparaissent, il est envisagé     de les faire raser : mais le coût des travaux est si élevé  qu’on y renonce.    

      

     En 1790, on destine le bâtimen à des fonctions administratives,  on élève des arcades classiques dans le vestibule du logis et c’est un collège qui   est construit. La chapelle castrale est partiellement détruite.

    Les donjons sont abandonnés.

    Ce ne sera qu’en 1840 que dans l’esprit d’une reconnaissance  générale des monuments anciens – et par la volonté  du premier ministre « des Beaux Arts », Prosper Mérimée, -on classe le château. Grâce à cette première restauration, on sauve les murs du château.

    Le Château de Falaise en 1900

      

    Mais la dernière guerre et les dommages du temps nécessitent de nouveaux travaux C’est pourquoi, vers 1980, l’Etat et la Ville de Falaise –propriétaire  – montent un vaste programme de restauration des donjons : elle durera dix ans (1986-1996).    

      

    Depuis 1996, on a créé un bâtiment d’accueil et restauré la Haute-Cour.

      

      

      Restauration bétonnée devant un Chateau féodal

    de Guillaume Le CONQUERANT, à Falaise.

    Il faut maintenant entamer les travaux de restauration  de l’enceinte castrale.

    Résidence ducale, résidence royale, symbole du pouvoir politique central pendant de longs siècles, le château a subi ensuite une longue descente vers l’oubli.

      

    Aujourd’hui, il renaît pour le plaisir et la mémoire des visiteurs.

      

      

     

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