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     Les animaux au moyen âge

    Une géographie du monde animal médiéval.

    Les animaux au moyen âge

      

    De gauche à droite et de haut en bas :

    Éléphant, chien, loup, chien, lapin, chèvre.

    Cheval, lion, chien, bélier, puma.

    Cerf, licorne, ours, dromadaire, rat.

    Sanglier, vache, hérisson, écureuil, dragon.

    Âne, chat, singe, agneau, loutre, sirène.

    De l’animal dépendent l’alimentation, le labour, l’amendement des sols, le vêtement, l’éclairage, le transport.L’animal est aussi le prédateur, l’ennemi, le parasite, le vecteur de maladies, le dévastateur de récoltes.

    C’est un référent symbolique majeur de la pensée chrétienne et de la vie sociale, on le trouve dans les bestiaires moraux, les blasons et arts religieux et profanes.

    L’auroch disparaît d’Europe en 1627 (L’auroch est une vache un peu particulière, elle a deux longues cornes épaisses vissées sur la tête et semble sortir d’une peinture préhistorique. C’est pourtant dans la région de la Lozère, chez un couple de fermiers, que l’on peut en trouver un troupeau entier. Cet animal préhistorique avait cependant disparu depuis plus de 3 siècles, avant qu’il ne soit reconstitué dans les années 1930 à partir des croisements d’une dizaine de races de vaches rustiques d’Europe, du toro de combat espagnol au taureau de Camargue en passant même par le ‘highland ‘ d’Ecosse.)

    Au-delà, le spectre faunique n’a pas beaucoup changé, seule l’aire d’extension des espèces est plus étendue pour le loup, le lynx, l’ours, le castor, le bison, les cétacés. Certaines espèces n’apparaissent qu’après le Moyen Age : le dindon, la pintade de Numidie, le rat surmulot, le cochon d’Inde, le rat musqué

      

      

    .De l'ours et de toute sa nature .  Gaston Phébus, Livre de chasse France, début du XVe siècle Paris, BNF, département des Manuscrits, Français 616, fol. 27v.

    De l'ours et de toute sa nature . Gaston Phébus, Livre de chasse France, début du XVe siècle Paris, BNF, département des Manuscrits, Français 616, fol. 27v  

      

    C’est au cours du Moyen Age que les espèces (sauvages ou domestiques) introduites par les Romains vont se diffuser et modifier la faune :

    Le rat noir qui véhicule le bacille de la peste (précédemment localisés dans les zones commerciales) sature l’Occident dès le XIème siècle.

      

      

      

    le chat domestique.

    Le daim que l’on trouve sur les tables seigneuriales occupe les parcs à gibier d’Angleterre, il prend le pas sur les cerfs et les chevreuils.

    Chien pour suivant un cerf (Psautier, XIVème siècle) © Institut de recherche et d'histoire des textes - CNRS

    Chien pour suivant un cerf (Psautier, XIVème siècle) © Institut de recherche et d'histoire des textes - CNRS

    Le paon également sur les tables des seigneurs.

    PaonL’âne et le mulet également introduit par les Romains s’intègre au monde médiéval. La pintade à barbillons bleus réinvestit l’Occident vers le XIII. Le lapin n’a pas toujours été un animal familier. Au départ, on le localise en Espagne et dans le sud de la France, il franchit la Loire au IX et s’implante en Angleterre à la fin du XII.

    L’Angleterre où la déforestation est précoce présente un autre spectre faunique : la rareté du sanglier, l’extinction précoce de l’ours (peut être même à la fin de l’empire romain) et du loup (vers la fin du XVème siècle) en sont les grandes caractéristiques.

      

      

    La diversité du monde animal :

    L’homme médiéval et le monde animal sont unis par des liens beaucoup denses que de nos jours, l’étude archéologique des ossements animaux contribue à la compréhension de ces liens. Qu’y trouve t-on ? D’abord les animaux domestiques du cheptel, de la basse cour, puis le cerf, le chevreuil et le lièvre (les plus chassés) puis le sanglier et le lapin. Chez les oiseaux : poule, oie et canard colvert, les perdrix, les colombiformes et les corvidés. Les oiseaux de prestige sur les tables seigneuriales : le héron cendré et la grue.

    D’autres animaux familiers : le rat noir qui infestent les maisons, la souris, le renard (prédateur de basses-cours souvent piégés). Les reste de l’ours ne sont pas rares, le castor (pour sa fourrure et son castoréum : le castoréum est l’une des six matières premières animales de la parfumerie avec le musc, l’ambre gris, la civette, la cire d’abeille et l’hyraceum. Son odeur, agressive à l’état pur, devient agréablement douce et chaude une fois le castoréum dilué et rappelle le cuir, l’huile animale et la fourrure).

    On trouve aussi des animaux qui ne sont pas familiers mais proches de l’homme : l’élan, le hérisson, l’écureuil et de nombreux oiseaux : les grives et les merles, les bécasses et les bécassines, les harles :

    Barthélémy l'Anglais. Livre des propriétés des choses. Reims, Bibliothèque municipale ms993, fol159 

    les cygnes, les paons :

    Barthélémy l'Anglais. Livre des propriétés des choses. Reims, Bibliothèque municipale ms993, fol159

    les foulques :

    les cigognes,

    tous ces oiseaux sont consommés.les oiseaux de volerie : des palombes, des éperviers et des faucons même si derniers sont moins répandus.

      

    Bathélémy l'Anglais. Livre des propriétés des choses. Reims, Bibliothèque municipale, ms 993, fol 148v.

     Bathélémy l'Anglais. Livre des propriétés des choses. Reims, Bibliothèque municipale, ms 993, fol 148v

      

      

    Sur la table de l’homme médiéval: une centaine d’espèces de mammifères plus de 200 espèces d’oiseaux, 150 espèces de poissons, liste à laquelle il faut ajouter des amphibiens, des crustacés et des mollusques.

    Dans cet imposant cortège, la place de choix est tenue par les animaux du cheptel qui représentent 70 à 94% des restes d’animaux consommés. C’est le bœuf qui domine l’alimentation carnée. Le porc l’emporte avant le XIII. Les moutons et loin derrière la chèvre sont présents dans l’alimentation méditerranéenne.

    Boeuf de saint Luc. © Institut de recherche et d'histoire des textes - CNRS

    Boeuf de saint Luc. © Institut de recherche et d'histoire des textes - CNRS

    Les viandes de basse-cour assurent partout un complément constant, mais faible, tandis que les produits de la chasse se concentrent, sans abonder, sur les sites seigneuriaux.(Frédérique Audouin – Rouzeau)

    Les animaux de cheptel, d’élevage ou de basse-cour sont de petits formats (comme à l’Age de fer), cela contraste avec les grands animaux produits par l’Empire romain. Au Moyen Age, les bovins atteignent 1.10 mètre au garrot, les chevaux 1.35 mètre environ, les ovins 60 cm, les porcs 70 cm.

    C’est avec les Temps modernes … que s’amorcera l’élévation décisive de leur (des animaux) gabarit, tandis que la faune sauvage commencera à perdre du terrain et l’éventail des viandes consommées à se restreindre singulièrement.

      

    Lapin chevauchant un chien tenant au poing un escargot .  Paris, Bibliothèque Sainte-Geneviève, ms. 143 , fol. 165 (© Bibliothèque Sainte-Geneviève, Paris)

    Les bestiaires.

     

    Lapin chevauchant un chien tenant au poing un escargot . Paris, Bibliothèque Sainte-Geneviève, ms. 143 , fol. 165 (© Bibliothèque Sainte-Geneviève, Paris)

     

    Au sens strict du terme, le mot « bestiaire » désigne au Moyen Age, un recueil autonome, principalement consacré à la description et à l’interprétation emblématique d’animaux, réels ou fabuleux, de « pierres »

     

    Quelle est l’origine du bestiaire médiéval ?

     

     Au cours du IId siècle ap JC, un auteur d’Alexandrie anonyme compose le Physiologus : c’est un mélange de citations bibliques, de légendes populaires et d’informations tirées des naturalistes antiques. Cette compilation présente des animaux dont la « nature » est le prétexte à des interprétations emblématiques. Le Physiologus connait un grand succès en Orient et en Occident, il est enrichi au fil des temps et devient la source principale des bestiaires médiévaux. Le Physiologus lègue notamment son mode de fonctionnement : chaque rubrique s’ouvre par un titre (ex : « Du chien », « De la perdrix » …) et évoque les prétendues « natures » de l’animal, puis celles–ci sont utilisées comme support à des enseignements moraux et religieux.

     

    Prenons un exemple : le lion, poursuivi par des chasseurs efface les traces qu’il laisse avec sa queue, rappelle aux hommes que le Sauveur ne se révèle pas clairement. Peut – être un deuxième exemple : trois jours après la naissance de ses petits, le pélican s’ouvre le flanc pour les arroser et les ramener à vie, cela permet d’évoquer le sacrifice du Christ.

     

    Les bestiaires moralisés comptent parmi les meilleurs témoins du néoplatonisme augustinien dominant avant 1250. (Jean Maurice). Dans le néoplatonisme augustinien, toute créature reflète le Créateur, l’univers naturel se transforme en un grimoire à déchiffrer. Les animaux sont alors les allégories vivantes du Créateur et de son Eglise, ils se transforment donc en signes. En fin de comptes, les bestiaires sont des ouvrages permettant de vulgariser l’exégèse

     

    De quand date le premier bestiaire en langue vulgaire ?

     

    Le premier bestiaire date du début du XII : il a été écrit par Philippe de Thaon, un clerc qui a vécu en Angleterre(Pour en savoir plus: http://theses.enc.sorbonne.fr/document959.html).

     

    Le clerc élabore son bestiaire selon une double logique. Un ordre qui classe selon les espèces : les « bestes », oiseaux et pierres ; un ordre qui les classe en fonction de ce qu’ils représentent : Christ, homme ou diable. Ce classement (cette dispositio) qui structure aussi bien les comparants que les comparés induit un mode spécifique de lecture : les « natures » étant essentiellement allégoriques, elles rendent compte de la raison d’être des bestiaires moralisés.

     

    Au début du XIIIè siècle, trois bestiaires se succèdent : celui de Pierre de Beauvais qui a transcrit une partie du Physiologus, deux versions de son texte sont parvenues jusqu’à nous, une courte de 38 articles, une autre comportant 33 articles supplémentaires. Guillaume le Clerc, un Normand installé en Angleterre utilise une autre version du Physiologus pour écrire vers 1210 son Bestiaire divin, il utilise des rimes consonantes et a l’ambition de dépasser la simple traduction-compilation, il va enrichir les histoires et le commentaire allégorique s’enrichit d’une portée morale ; pour les spécialistes le bestiaire de Guillaume est l’un des plus originaux.

     

    Quelques illustrations de ce bestiaire :


     

    Le Bestiaire de Cambrai écrit vers 1260 est le dernier recueil moralisé traditionnel. Les bestiaires vont peu à peu disparaitre : la montée de l’aristotélisme rend moins évidente la portée d’une interprétation allégorique. De plus, l’allégorie profane émerge lentement, les « natures » deviennent alors les supports d’un discours érotique comme dans Le Bestiaire d’amour de Richard de Fournival.

     

    Pour lire le manuscrit : c’est sur le génial de la BNF : GALLICA :http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1304386.r=Richard+Fournival.langFR

     

     

    Enfin, se développe une encyclopédie d’un genre nouveau marqué par un esprit préscientifique : Le Livres du Trésor de Brunetto Latini qui ne retient que le discours zoologique. Les gloses disparaissent du genre.

     

     

    La fin des bestiaires.

     

    Le genre des bestiaires perd ses plumes en deux temps : les coups de boutoir sont assénés par la montée en puissance de la parodie, la « sénéfiance » se déplace : la « sénéfiance relève d’une préoccupation didactique, R. Guitte la présente comme le second terme du symbole, la leçon de morale ou de sagesse, l’application mystique et aussi l’exemple d’où est tirée une leçon et le glas sonne avec la disparition des gloses conçues dans les bestiaires comme un critère définitoire.

     

    Pour en savoir plus sur la symbolique et le symbolisme au Moyen Age :

     

     

    la suite … http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/caief_0571-5865_1954_num_6_1_2051

     

    Pour circuler et feuilleter les bestiaires, la BNF propose une exposition virtuelle passionnante. 

     

     SOURCES :

    article http://biblogotheque.wordpress.com/tag/moyen-age/page/2/

      

      

     

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    Le travail des enfants


    Bref aperçu historique général

    Définition : Travail des enfants = utilisation et exploitation d’une main d’œuvre enfantine dans le processus productif.

    L’emploi des enfants, courant dans l’ensemble des sociétés préindustrielles, et qui a perduré jusque vers les années trente dans de nombreux pays industriels dits avancés, tant en Europe qu’aux États-Unis, a peu à peu régressé, sous le poids des impératifs d’ordre social qui se sont imposés à chaque étape du développement de nos sociétés.

    L’absence de séparation entre la cellule domestique et l’ensemble des activités économiques, qu’on observe dans les sociétés préindustrielles, se traduit par l’utilisation généralisée d’une main-d’œuvre enfantine.

      

    L’économie est alors essentiellement rurale. Le machinisme n’étant pas encore intervenu afin de réduire la pénibilité du travail, la succession de crises agricoles constitue une menace permanente pour la survie même de millions de ruraux.

      

    L’enfant est alors une force de travail comme une autre : sa participation aux travaux des champs n’est point conçue comme une exploitation, mais bien comme une chance supplémentaire d’assurer sa subsistance.

    Le recours à la main d’œuvre enfantine n’est cependant pas du ressort exclusif du secteur agricole. Chez les boutiquiers, dans les ateliers, chez les marchands, on trouve de jeunes enfants qui travaillent selon un rythme journalier quasi identique à celui des adultes.

      

    La seule différence, mais elle est de taille, concerne leur rémunération : si, dans bien des secteurs, la rémunération des adultes ne suffit pas toujours à couvrir les besoins élémentaires liés à la simple survie, la rémunération des enfants est encore bien inférieure.

    L’apparition du salariat, conséquence de la révolution industrielle, engendre une nouvelle organisation de la production qui va modifier le statut du travailleur, et notamment réformer la place de l’enfant au travail.

      

    Il faut cependant se garder d’assimiler trop rapidement ces deux phénomènes. Cette évolution est lente à produire ses effets, même si, en moins d’un siècle (1848-1936), de considérables avancées ont lieu

     

      

    La Révolution Industrielle et ses conséquences

    De l’Angleterre où elle prend naissance pendant la seconde moitié du XVIIIe siècle, la Révolution Industrielle gagne rapidement la France, la Belgique, l’Ouest de l’Allemagne, l’Amérique du Nord, avant de toucher un peu plus tard les Pays-Bas et l’Italie. En Angleterre, l’industrie du coton qui va devenir le secteur principal du nouveau système industriel est la première à se développer. Tout le secteur textile emboîte bientôt le pas.

    Aucune législation protectrice n’existe encore et pour les travailleurs le choix est très simple : accepter du travail à n’importe quelles conditions ou s’exposer à mourir de faim. Très vite l’énorme besoin de main-d’œuvre et la misère des familles ouvrières entraînent la mise au travail de milliers d’enfants. Pour les employeurs ils sont bon marché ; pour leurs parents leur salaire si faible soit-il, leur permet de survivre (voir aussi la page consacrée à ce domaine d'activités).

    Pour certains, le travail commence entre quatre et six ans, ils sont attelés au tâches les moins pénibles : bobinage du fil et ramassage du coton,… A partir de huit ou neuf ans, ils travaillent avec le personnel de production.

    Leurs journées de travail sont aussi longues que celle d’un adulte, quatorze, seize ou même dix-huit heures par jour. Le travail s’effectue dans des conditions parfois dangereuses, toujours très dures, sous les yeux de surveillants impitoyables, au milieu de la poussière et du bruit. A cette époque, il semble normal de voir des enfants travailler.

    Le travail des enfants n’est certes pas une invention machiavélique de la révolution industrielle. Au Moyen Age, les enfants sont jetés dans les fatigues du travail rural ou de l’apprentissage militaire.

    Plus tard peu à peu, avec la diversification des activités, les enfants apprennent toutes sortes de travaux et de métiers. La pauvreté sévissant partout, les écoles gratuites étant rares, l’apprentissage apparaît comme le seul remède contre la mendicité et le vagabondage.

    Evolution de la législation : exemple de l'Angleterre

    L’Angleterre, où l’industrialisation est la plus précoce et la plus forte, est aussi le premier pays dans lequel l’Etat se décide à intervenir. La première mesure législative est adoptée en 1788, elle concerne les petits ramoneurs. Cette loi n’a jamais été appliquée. De nouvelles tentatives échouent également et la situation demeure inchangée jusqu’en 1875. Cette année là une loi est votée.

    Elle oblige les ramoneurs employant des apprentis à acquérir une licence. Il a donc fallu « quatre-vingt-dix ans de vaines tentatives pour protéger quelques milliers de jeunes garçons » ce métier est également l'un des premiers pratiqués par les enfants en France, comme en atteste "le petit ramoneur", symbole choisi par les Pays de Savoie (cfr illustration ci-contre)

    Dans le secteur industriel, les progrès sont presque aussi lents. D’abord l’industrie textile où les enfants sont, de loin, plus nombreux qu’ailleurs. Les premières mesures effectives sont prises par des employeurs généreux . Ils n’emploient que des enfants de plus de dix ans, aucun ne travaille plus de douze heures par jour et des dispositions sont prises pour assurer leur instruction et leur bien-être physique. Néanmoins il est vite évident que l’employeur compréhensif ne peut pas concurrencer ses rivaux impitoyables..

    Ce projet devient en 1802 la loi sur la « protection de la santé et de la moralité des apprentis et autres personnes employés dans les filatures de coton et autres filatures, et les fabriques de cotonnades et autres fabriques ». Ces dispositions pourtant modestes n’ont jamais été appliquées.

    Cette loi a pourtant une importance historique considérable. Elle a été la première pierre de la législation du travail et, avec elle, est née l’idée que le devoir de l’Etat est d’assurer la protection, des enfants d’abord, puis peu à peu, de tous les citoyens.

    La nouvelle loi (1833) interdit l’emploi des enfants en dessous de neuf ans, limite la durée du travail à huit heures par jour pour les moins de treize ans, à treize heures et demie pour les moins de dix-huit ans. Le contrôle de l’application de la loi est confié à des fonctionnaires dépendant du ministère du Travail, rétribués en qualité d’inspecteurs des fabriques. La situation change alors très rapidement.

    En 1878, les lois existantes sont remplacées par une loi générale codifiant la réglementation des fabriques et ateliers, textiles ou autres. L’âge minimum d’admission à l’emploi est fixé à dix ans et les enfants en dessous de quatorze ans ne sont autorisés à travailler qu’à mi-temps. Par la suite, le champ d’application de cette loi est encore étendu.

    La législation se perfectionnant, les inspecteurs constatent très vite le recul du nombre des enfants au travail.

    Plus que par la législation, c’est avant tout par la scolarité obligatoire et gratuite que l’emploi des enfants diminue progressivement dans les activités non industrielles et dans l’agriculture. La scolarisation sera d’ailleurs toujours le complément indispensable dans la lutte contre le travail des enfants.

    Les premiers réformateurs, ne se préoccupent pas seulement du surmenage des enfants, mais aussi de leur manque d’instruction. Le législateur s’efforce à la fois de réduire la durée du travail et de mettre en œuvre un programme de scolarité obligatoire.

    Dans la loi de 1833 sur les fabriques, tout enfant âgé de neuf à treize ans, occupé dans une entreprise, doit remettre à son employeur une fiche établi par l’instituteur, attestant qu’il a été présent à l’école au moins deux heures par jour, pendant six jours par semaine. L’application de ces dispositions pose de gros problèmes : les établissements scolaires sont en nombre nettement insuffisant et la répartition des heures de travail scolaire se révèle difficile.

    Une loi de 1844 instaure le travail à mi-temps, qui permet de mieux combiner l’emploi des enfants et la fréquentation scolaire. Immédiatement, le travail dans l’industrie connaît une nette recrudescence. Mais, le système de travail à mi-temps suscite des critiques : comment l’enseignement pourrait-il être profitable à ces enfants occupés en même temps à gagner leur vie ? Ce surmenage n’est-il pas néfaste pour leur santé physique et mentale ?…

    En 1876, il y a suffisamment d’école pour rendre la scolarité obligatoire. En 1892, les droits de scolarité sont supprimés et une loi de 1920 met définitivement fin au régime du travail à mi-temps pour les enfants.

     

    Aujourd’hui en Europe

     

    Au terme de cette longue évolution, les pays d’Europe occidentale observent des lois qui se ressemblent beaucoup.

    Il y est, en principe, interdit de faire travailler des enfants âgés de moins de quatorze ou quinze ans, et les enfants ne peuvent en général être embauchés avant l’expiration du temps d’obligation scolaire.

    C’est de loin dans les activités non industrielles effectuées à temps partiel que les enfants sont les plus nombreux. La plupart des enfants travaillent à temps partiel, en dehors des heures de classe, dans des activités marginales.

    A côté de ce travail « illégal », il y a celui qu’autorise la loi, càd celui de l'aide aux proches. Dans les familles, il est effectivement souvent la règle. Les enfants font les courses, la vaisselle,…

    Mais souvent, des petits services on peut passer à une véritable assistance dans l’activité professionnelle: tenir le magasin, s'occuper du bétail, accompagner dans des tournées, porter des colis. Et là il n'y a guère de contrôle ni sur le temps, ni sur la fatigue éventuelle.

    Cette situation parfois défavorable n'a pourtant rien à voir avec ce qui se passe dans les pays du Sud.

     

    Aujourd'hui les chiffres sont encore bien plus dramatiques : 210 millions entre 5 et 14 ans, d'après l'agence de l'IPEC de 2002. On ne doit toutefois pas affirmer que la situation s'est réellement aggravée - ce qui serait incompréhensible vu l'énorme travail effectué par les grandes organisations internationales - mais plutôt que la sensibilisation est plus grande, les lois plus contraignantes et les inspections plus efficaces.

    Dans de nombreux pays en voie de développement, l’industrialisation a produit les mêmes effets que dans l’Europe du XIX e siècle : analphabétisme, sous-alimentation, etc. Les conditions de travail sont tout aussi dures et le phénomène n’affecte pas seulement les pays en voie de développement.

    Il surgit partout où perdurent et se développent des phénomènes de paupérisation, tant en Europe qu’aux États-Unis. Il peut être aussi la conséquence inattendue de changements politiques. Ainsi dans les anciens pays de l'Europe de l'Est.

    Le problème revêt plusieurs visages différents. Il y a le travail quel qu'il soit, interdit à l'enfant en âge scolaire. Il y a le travail dangereux qui ne devrait pas toucher des jeunes et surtout le travail moralement condamnable quel que soit l'âge concerné.

    L’exploitation ne se limite plus alors au travail, elle concerne également l’exploitation de la personne : la prostitution n’en constitue qu’un des exemples les plus démonstratifs. Les efforts les plus importants pour combattre les abus du travail des jeunes à travers le monde sont accomplis par l’Organisation internationale du travail (OIT), fondée en 1919

    L’organisation a élaboré et présenté aux États membres plusieurs conventions internationales relatives au travail des jeunes, contenant des restrictions tenant à l’âge minimal d’embauche (16 ans), à la règlementation du travail de nuit, à la durée de travail, ou encore aux garanties sanitaires et sociales en faveur de ces travailleurs.

    L’application de ces conventions repose toutefois sur la seule responsabilité des États membres, qui pour beaucoup d’entre eux, s’affranchissent de ces considérations. L’argument tiré du sous-développement est fréquemment avancé afin de tenter de justifier le maintien des jeunes à l’usine ou aux champs.

    Dans le monde, plus de 250 millions de moins de 17 ans - soit un sur six - sont astreints à une des trois formes de travail que l’OIT (Organisation internationale du travail) veut abolir.

    Parce qu’il s’agit de tâches trop lourdes pour leur âge, de boulots dangereux pour leur santé ou d’une des « pires formes de travail » comme l’esclavage, la traite, la servitude pour dettes, la prostitution, la pornographie… Le BIT constate que « les crises de toutes sortes (…) ont pour effet de pousser un nombre croissant de jeunes vers des formes de travail qui nuisent à leur santé ». Aucun pays n’y échapperait.

    Certes, la région Asie-Pacifique compte la plus forte proportion de main-d’œuvre enfantine (60% du total), suivie de l’Afrique subsaharienne (23%), de l’Amérique latine et des Caraïbes (8%), du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord (6%),… Mais 2,5 millions d’enfants (1%) sont aussi contraints de travailler dans les pays industrialisés. Le secteur primaire reste le plus gros employeur : il attire, à lui seul, 70 % des jeunes travailleurs, particulièrement dans les plantations de produits vendus sur le marchés internationaux, comme le cacao, le café ou le caoutchouc, mais aussi dans les petites exploitations familiales peu rentables.

    Une lueur d'espoir se devine quand même : de plus en plus de pays ratifient les conventions et des programmes annuels se développent dans plusieurs coins de la planète où l'on est arrivé à convaincre les gouvernements que l'éducation est aussi nécessaire au développement économique que la main d'oeuvre bon marché.

    Sophie Gillet

     

    http://beaujarret.fiftiz.fr/blog/r326,enfants-du-moyen-age,12.html

     

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    REGLES DE L'AMOUR COURTOIS

     

      

    1. Le mariage ne doit pas empêcher d'aimer
    2. Qui n'est pas jaloux ne peut aimer
    3. On ne peut accorder son coeur à deux femmes à la fois
    4. L'amour augmente ou diminue, il se renouvelle sans cesse
    5. L'amant ne peut rien obtenir sans l'accord de sa dame
    6. L'homme ne peut aimer qu'après la puberté
    7. A la mort de son amant(e), un délai de deux ans est nécessaire avant de s'adonner à un nouvel amour
    8. Personne ne doit être privé de l'être aimé sans la meilleure des raisons
    9. On ne peut aimer sans y être incité par l'amour
    10. Amoureux n'est pas avare
    11. L'amant doit aimer une femme de condition supérieure à la sienne
    12. Le parfait amant ne désire d'autres étreintes que celles de son amante
    13. L'amour doit rester secret s'il veut durer
    14. La conquête amoureuse doit être difficile : c'est ce qui donne son prix à l'amour
    15. Le parfait amant pâlit en présence de sa dame
    16. Quand un amant aperçoit l'objet de son amour, son coeur tressaille
    17. Un nouvel amour chasse l'ancien
    18. Seule la vertu rend digne d'être aimé
    19. Lorsque l'amour diminue, puis disparaît, il est rare qu'il reprenne vigueur
    20. L'amoureux vît dans la crainte
    21. La jalousie fait croitre l'amour
    22. Lorsqu'un amant soupçonne son amante, la jalousie et la passion augmentent
    23. Tourmenté par l'amour, l'amant dort peu et mange moins
    24. L'amant doit agir en pensant à sa dame
    25. Le parfait amant n'aime que ce qu'il pense plaire à sa dame
    26. L'amant ne saurait rien refuser à celle que son coeur a élue
    27. L'amant n'est jamais rassasié des plaisirs que lui apporte sa dame
    28. Le plus petit soupçon incite l'amant à soupçonner le pire chez sa bien-aimée
    29. Amour ne rime pas avec luxure
    30. Le véritable amant est obsédé sans relâche par l'image de celle qu'il aime
    31. Rien n'empêche une femme d'être aimée par deux hommes et un homme d'être aimé par deux femmes

      

      

      

      

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    Epuré du réalisme de l'amour chevaleresque,

    la Fin'Amor répond à quelques critères.

     

    • L'amour est obligatoirement adultère.
    • Les mariages nobles n'étant pas une affaire de sentiments, la passion ne peut être trouvée qu'ailleurs. L'échange des coeurs, la fidélité promise, n'engage alors plus les biens, mais les personnes. 

     

    • L'amour exige le secret, pas seulement pour son caractère adultérin, mais aussi parce qu'il est une chose trop grave pour être divulgué. 

     

    • La dame est toujours de condition supérieure à celle de son amant, un chevalier célibataire.
      L'attitude de ce dernier, calquée sur le système féodal, doit être pleine d'humilité, de réserve et de soumission. Il est son " homme-lige ", son vassal, d'une loyauté et d'une fidélité sans faille.
      En retour, la dame et l'amour ont le pouvoir d'inspirer au chevalier toutes les vertus, valeur morale et parfaite courtoisie.
    • [Croyance : seul l'amour peut mener l'homme à la perfection morale puisqu'il engendre et développe toutes les vertus.] 

     

    • La dame est lointaine, inaccessible, nimbée de mysticisme.
    • Dans sa conquête amoureuse, le chevalier est confronté à des obstacles, des épreuves ; ce peuvent être : le mari jaloux, l'éloignement de la personne,... Il faut être prêt à mourir pour l'élue. En retour, la dame accorde à son amant un baiser, une étreinte, ou la joie d'admirer sa nudité.

     

    • La chasteté est la fois l'épreuve et la récompense suprême : la petite cérémonie de l' assag (l'essai). Elle donne à la dame le moyen de vérifier dans qu'elle mesure son ami est capable de la respecter, alors que, couché à côté d'elle, il est dans une situation extrêmement tentatrice.
      Tous les subterfuges érotiques sont autorisés, à condition de ne pas en venir au fait (baisers, étreintes, caresses).

     

     

     

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    L'enfant et la famille au Moyen Age

     

    Lorsque les jeunes gens ont décidé de faire "pot et feu commun", ils se marient.

     

     

     

    Si, à partir du début du IX siècle, la monogamie s'impose petit à petit à l'ensemble de la société, en revanche, le consentement mutuel des deux futurs mariés se trouve, dans les milieux aristocratiques, en concurrence avec une volonté des familles et des lignages de réaliser " un beau mariage " ,instrument de l'essor de leur richesse et de leur prestige. Le principe d'indissolubilité, lui aussi, résiste mal aux ambitions lignagères et de nombreux mariages nobles sont annulés sous prétexte de stérilité, d'impuissance ou à la suite de la découverte d'un lien de consanguinité entre les époux.

     

     

     

     

    Dans l'aristocratie mérovingienne et carolingienne, nombreuses sont les fi1les mariées très jeunes. On sait, par exemple, que Bathilde a environ 15 ans lorsque le maire du palais de Neustrie Erchinoald la marie à Clovis II vers 650-65 1 et qu'elle a à peine 17 ans lorsqu'elle donne naissance au futur Clotaire III (né en 652). Hildegarde n'a pas encore 15 ans lorsqu'elle épouse Charlemagne et la princesse byzantine Theophano est mariée avec l'empereur germanique Othon II, en 972 alors qu'elle est âgée de 11 ans.

     

     

     

     

     

      

      

    Dans les classes populaires, l'âge du mariage des filles doit, sans doute, être un peu plus tardif. Au XIII siècle, on considère que les trois quarts d'entre elles sont mariées à 18 ou 19ans En revanche, à la même époque, les garçons se marient plutôt vers 25 ou 27 ans. Même si, à partir de la fin du XI siècle (réforme grégorienne), le mariage devient un sacrement le prêtre n'a pas le rôle prépondérant qu'il peut tenir dans les autres sacrements (baptême, Eucharistie, confession, pénitence, extrême-onction).

     

     

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    Lors des noces, il est plutôt témoin du lien qui se noue entre un homme et une femme (et aussi entre deux familles) qu'acteur. En effet, la messe de mariage est encore exceptionnelle dans de nombreuses régions de la chrétienté. C'est ce qui explique pourquoi le rite principal qui, selon l'Église, fait le sacrement de mariage, à savoir l'échange des consentements, matérialisé par la remise de l'anneau nuptial par le mari à son épouse, se déroule souvent sous le porche de l'église.

     

     

    Pinned ImageCependant, dans les deux derniers siècles du Moyen Age, l'Église arrive à faire du sacrement du mariage un phénomène vraiment religieux grâce en particulier aux rites de bénédiction du lit, de la maison des jeunes mariés par le prêtre et surtout de l'anneau nuptial. Les nouveaux époux voient souvent dans ce rite la garantie d'un mariage fécond et d'une fidélité à toute épreuve. C'est au sein de l'institution matrimoniale que doit se faire la procréation. Raymond Lulle, à la fin du XIII siècle, explique à son fils que le mariage " est assemblement corporel et espirituel ordené por avoir enfanz qui soient serviteurs de Dieu ". Gilles de Rome, à la même époque, pense que " la meson d'un homme et son ostel n'est pas parfet se la femme et le mari n'ont enfanz ". On comprend que les enfants illégitimes, nés hors mariages, soient assez mal considérés, surtout à partir du XII siècle où ils sont souvent exclus des héritages dans les milieux aristocratiques. 

     

     

    On comprend aussi, selon cette conception, combien la stérilité est très mal vécue par les couples qui se demandent quel péché ont-ils pu commettre pour que Dieu les punisse ainsi.De nombreux récits de miracles mettent en scène un couple qui ne peut avoir d'enfant et qui implore l'intercession d'un saint ou de la Vierge .

      

     

    Les nobles vivent cette " panne d'héritier " d'autant plus douloureusement que l'enfant qui doit naître est aussi celui qui doit perpétuer le nom et le patrimoine de la famille. Pourtant, il arrive que des parents tentent, pour diverses raisons et par différents moyens, de ne pas avoir d'enfants.

     

     

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    La contraception, l'avortement et parfois l'infanticide sont attestés.
     

    Tout au cours du Moyen Age, des documents nous informent sur la lutte que l'Église mène contre ces pratiques qui visent à aller à l'encontre de la nature d'essence divine et nécessairement bonne Dès le Haut Moyen Age, les pénitentiels nous renseignent sur des potions magiques que certaines femmes absorbent pour éviter d'être enceintes. Burchard de Worms, par exemple, au début du XI siècle, interroge : " As-tu fait comme beaucoup de femmes, elles prennent leurs précautions pour ne pas concevoir (...) avec les maléfices et les herbes ". Il se montre particulièrement sévère puisqu'il préconise, comme pour un homicide, sept ans de pénitence.
     

      

    Cette pratique permet soit de limiter le nombre d'héritiers, soit dans les couches populaires souvent en difficulté, de réduire le nombre de bouches à nourrir. Il faut cependant nuancer l'idée d'une contraception répandue au Moyen Age, essentiellement à cause du peu d'efficacité de ces pratiques qui reposent sur des connaissances imprécises.

     

     

     

    La grande majorité des hommes et des femmes du Moyen Age n'ont sans doute guère pu contrôler de manière efficace le nombre de naissances. La meilleure méthode, vivement encouragée par l'Église, pour restreindre sa descendance, est de respecter les canons ecclésiastiques qui prônent la continence à certaines périodes de la semaine et de l'année. L'avortement est également attesté. Les documents ecclésiastiques dénoncent l'utilisation à des fins abortives de graines de fougère ou de gingembre, des feuilles de saule, d'épidème, de rue, des mélanges d'aloès, du persil, du fenouil ou encore des bains de camomille. Les condamnations de l'avortement au Moyen Age sont toujours très sévères.

     

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    Cependant, deux critères modifient les peines qu'encourent ceux et celles qui se livrent à une interruption volontaire de grossesse : le contexte de la conception et l'âge du fœtus. Le législateur distingue toujours nettement, en effet, la femme qui a agi dans le plus grand dénuement, pour laquelle la condamnation est plus légère, de la fornicatrice cherchant à celer son crime jugée plus sévèrement.

      

      

    Le législateur tient compte également du fait de l'animation du fœtus. On peut lire, par exemple, dans le pénitentiel de Bède (VII siècle) : " La mère qui tue l'enfant qu'elle porte dans son sein avant le quarantième jour après la conception jeûnera pendant un an, et après le quarantième jour, pendant trois ans." Mais cette distinction n'a d'importance que théorique car dans la pratique, il est clair que personne n'est capable à l'époque de déceler une grossesse si précocement, ce qui limite sensiblement l'efficacité des pratiques abortives.

     

     

     

     

     

    Reste alors l'infanticide. . . Il ne faut pas exagérer, comme on l'a souvent fait, cette pratique au Moyen Age. Le respect de la vie et l'amour très grand pour les enfants limitent considérablement ce type d'homicide. Cependant, comme à toutes les époques, hélas, des parents désœuvrés, pouvant à peine se nourrir, ont dû porter atteinte à la vie du nouveau-né. Des conciles condamnent les parents qui étouffent leurs enfants en couchant avec eux ou les mères qui ont permis que leurs nourrissons soient ébouillantés près du feu. Mais, dans ce cas, il s'agit souvent d'imprudence plus que d'acte volontaire.

     

     

     

    La femme enceinte est surprotégée

     

    Lorsqu'ils condamnent, les législateurs, là encore, font souvent la différence entre les femmes démunies pour lesquelles la peine est beaucoup moins lourde et les autres. Au Moyen Age, si l'infanticide existe, en aucun cas il n'est un phénomène massif et il est presque toujours lié au dénuement, à l'adultère et à la peur que le crime soit découvert. Il est clair que dans la majorité des cas, les pauvres femmes préfèrent tenter d'abandonner leur enfant, solution la plus chrétienne de se séparer d'une progéniture que l'on ne peut élever.

      

      

    L'Église légitime l'abandon pratiqué par les plus démunis et encourage vivement les parents qui ne peuvent faire autrement à se dessaisir d'un de leurs enfants en venant le déposer dans des lieux publics, en particulier aux portes des églises afin qu'ils soient trouvés plus sûrement. Mais ces cas de refus d'enfant sont, somme toute peu nombreux et compensés par un réel désir d'enfant dans la très grande majorité des familles.

     

     

     

     

     

      

      

    La femme enceinte est toujours surprotégée. Elle est autorisée, pat exemple, à ne pas comparaître à une convocation de tribunal et elle peut quitter l'église lorsqu'elle le désire. Dans une grande majorité de lois médiévales, si une femme enceinte est condamnée à mort, on ne peut pas mettre la sentence à exécution et les juges sont obligés d'attendre l'accouchement.

      

      

    La peur est grande de tuer l'enfant qu'elle porte mais aussi de donner la mort à une femme qui, mystérieusement s'apprête à donner la vie. L'enfant est né. Qu'il soit garçon ou fille, il est très vite entouré de soins attentifs par ses parents. Les historiens médiévistes ont désormais montré que les thèses de Philippe Ariès - qui soutient, en 1991, que le concept d'enfance n'existe pas - sont fausses et que l'enfant au Moyen Age est aimé, éduqué, reconnu dans sa nature particulière.

     

     

     

     

    Les textes médiévaux répètent souvent que les parents doivent chastier leur enfants. Chastier signifie, à la fois, réprimander et instruire. Le sens de ce mot n'entraîne pas nécessairement un châtiment corporel. Même si les traités de pédagogie préconisent l'utilisation de punitions physiques, beaucoup d'entre eux conseillent d'y recourir en dernière instance, lorsque la persuasion a échoué et insistent sur la nécessité d'une grande modération des coups pour qu'ils soient " efficaces ". L'éducation médiévale se fait donc d'abord" par la parole et par l'exemple ".

     

     

     

    Pour le tout petit enfant, la mère est très présente. En particulier, c'est elle qui assure la transmission de la foi chrétienne. Jean de Joinville, par exemple écrit, à propos de Saint Louis : " Dieu le garda par les bons enseignements de sa mère qui lui enseigna à croire en Dieu et à l'aimer ".

      

      

      

    Exemple royal qui se retrouve dans tous les milieux : Jeanne d'Arc dit, lors de son procès, que c'est sa mère qui lui a appris les trois prières que tout bon chrétien doit connaître : le Pater Noster, le Crédo et l'Ave Maria. On voit des mères accompagnant l'enfant à l'église, lui montrant des images sacrées ou des statues, lui enseignant les gestes de la prière. Cet enseignement des valeurs chrétiennes par la mère passe aussi par tous les objets de la vie quotidienne.

     

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    On a retrouvé, pour la fin du Moyen Age, des bols-abécédaires ornés d'une croix, des chapelets, des bouliers ou des jouets pieux pour enfants. La mère joue également un rôle particulièrement important dans l'éducation de l'adolescente, en lui transmettant un certain nombre de valeurs, de savoir-faire dans le domaine domestique bien sûr mais aussi pour la préparer à sa future vie de femme.

     

     

     

    Il est faux de croire qu'au Moyen Age, le tout petit enfant est élevé uniquement par sa mère et que, subitement, il quitte un monde de femmes pour être propulsé dans un monde d'hommes. Le père aussi intervient dans le domaine de la puériculture. Lorsqu'un couple a de nombreux enfants, lorsque la mère connaît un handicap ou tarde à se remettre d'un accouchement difficile, il est évident que le père s'occupe des bébés, surtout dans les milieux plus défavorisés, ne bénéficiant pas d'aides.

     

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    Lorsque l'enfant grandit, le père est aussi très présent auprès de ses enfants. Des images plus profanes laissent voir une grande complicité père-enfant, dans le jeu comme dans le travail : les petits ramassent des glands lorsque le père abat un chêne, effraient les oiseaux dans les champs pendant que le père sème du blé, tiennent les pattes du mouton que le père tond et, à la vendange, veulent l'aider à fouler le raisin dans la cuve. La forte présence des parents aux côtés de leurs enfants et le grand souci éducatif vont de pair avec une grande tendresse parentale. Les exemples ne marquent pas. Au milieu du XII siècle, en Angleterre, un enfant à peine âgé de 3 ans " soudain frappé de maladie, poussa des cris sinistres et fut misérablement abattu comme ses parents. L'un dit à l'autre : "Prends l'enfant, réchauffe-le dans tes bras".

     

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    Elle obéit et le blottit en fredonnant dans son giron comme elle en avait l'habitude, mais ni les baisers ni les caresses de sa mère n'améliorèrent son état Avec délicatesse, elle le mit à nouveau au berceau sur le côté mais même ainsi, la douleur ne put s'adoucir ". L'enfant meurt mais, comme il s'agit d'un récit de miracle, il ressuscite grâce a l'intervention d'un
    saint.

     

     

     

    A Montaillou, à la fin du XIII siècle, une femme cathare, condamnée pour hérésie, est emmenée par les inquisiteurs. Elle quitte la maison et sait qu'elle ne reverra plus jamais son enfant au berceau (elle mourra sur le bûcher) : " Elle voulut le voir avant de s'en aller ; le voyant, elle l'embrassa ; alors l'enfant se mit à rire ; comme elle avait commencé à sortir un petit peu de la pièce où était couché l'enfant, elle revint de nouveau vers lui ; l'enfant recommença à rire ; et ainsi de suite, à plusieurs reprises. De sorte qu'elle ne pouvait parvenir à se séparer de l'enfant. " Cette scène émouvante mais terrible en dit long sur les sentiments de la mère pour son enfant et sur le déchirement que représente pour elle cette séparation.

     

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    Dans le domaine de l'affectivité, les péres médiévaux ne sont pas en reste. C'est sans aucun doute lorsqu'il y a mort d'enfant que les sentiments parentaux se donnent le plus à voir, comme en témoigne, par exemple, la douleur du Florentin Filippo di Bemardo Manetti qui, lors de la peste de 1449-1450, en l'espace d'un mois et demi, perd sa femme, sept de ses filles et son fils unique âgé de 14 ans et demi. Voici l'éloge qu'il fait de ce dernier : " Je ne crois pas qu'il en naisse beaucoup de pareils à lui, aucun qui soit plus obéissant, plus respectueux, plus pur ni plus prudent et qui soit plus apprécié de tous ceux qui le voient. "

     

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    Des êtres unis par des liens très forts

     

    Ce qui, chez ce père italien force le plus l'amour et l'admiration qu'il éprouve pour son fils, est la manière dont son enfant s'est préparé à la mort ; " (Il) Reçut le corps de Notre Seigneur Jésus-Christ avec tant de contribution et de révérence que les spectateurs en furent emplis de dévotion ; enfin, ayant demandé l'huile très sainte et continuant de psalmodier avec les religieux qui l'entouraient, il rendit patiemment son âme à Dieu. " Tant il est vrai que la famille médiévale est une communauté juridique de personnes issue du mariage qui vivent " à pot et à feu communs ", mais aussi une communauté psychologique d'êtres unis par des liens affectifs extrêmement forts.

     

     

     


    Didier Lett Chargé de cours en Histoire médiévale à l'université de Paris I-Sorbonne,

    détaché au CNRS

      

      

      

      

     

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  • Fichier:Dupanloup, Félix.jpg

     

     

     

    L’éducation des enfants.

      

    Entre fermeté des professeurs et autorité parentale.

    (Extrait de « De l’éducation : de l’autorité et du respect dans l’éducation »

    (Tome 2), paru en 1861)

    En 1861, Félix Dupanloup, déjà académicien, mais également théologien ayant eu en charge, vingt ans plus tôt, du séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet qu’il réforma de fond en comble afin d’en faire un lieu d’éducation où se mêlaient avec succès les jeunes garçons de familles riches et l’élite des élèves pauvres, décrit dans son De l’éducation les principes fondamentaux présidant à une éducation profitable des enfants, et prône la politique de la main de fer dans un gant de velours...


    Pour l’académicien élu en 1854, « la fermeté, dans l’Éducation, c’est la force personnelle et morale, la force d’esprit et de caractère, avec laquelle un instituteur exerce et soutient les droits de l’autorité réelle dont il est revêtu. Ainsi, c’est la force morale et non pas la force matérielle : cette force est de l’âme et non pas du corps.

      

    C’est la force d’esprit, c’est-à-dire la fermeté dans le conseil : des pensées sans indécision, sans tâtonnement, sans faiblesse ; bien réfléchir, mais la réflexion faite, bien savoir ce qu’on veut et ce qu’il faut vouloir. La force de volonté, c’est-à-dire quelque chose d’arrêté et de résolu : de modéré sans doute, mais d’immuable dans sa modération.

     

    Remise du premier prix à un écolier

    « Voilà ce que je nomme la fermeté, et ce qui fait l’autorité personnelle, l’ascendant magistral, sans lequel on ne réussira jamais à élever même l’enfant du caractère le plus doux et le plus facile. Cette fermeté seule imprime le respect et inspire la soumission : les avantages, les moyens extérieurs n’y nuisent pas ; mais il n’y faut compter ni beaucoup, ni longtemps :

    ce n’est ni le ton de la voix, ni la grandeur de la taille, ni même l’âge et la science, ni surtout les punitions et les menaces qui donnent une telle autorité :

    ce qui la donne et ce qui la soutient, c’est une trempe d’âme ferme et égale, qui se possède, se gouverne toujours, et par là se montre digne de gouverner et de posséder les autres ; qui n’a pour guide que la raison et n’agit jamais par caprice, ni par emportement :

    ce qui la donne encore, c’est un sage mélange de la gravité et de la douceur, de l’amour et de la crainte. L’amour doit gagner le cœur des enfants, mais sans les amollir, et la crainte respectueuse doit les retenir, mais sans les rebuter. »

    Dupanloup remarque qu’on voit des choses étonnantes :

    des professeurs très instruits, d’une taille prodigieuse, d’une force herculéenne, d’une voix de Stentor, ne pouvoir obtenir de leurs élèves un moment de silence et d’attention ;

    et des professeurs jeunes, sans apparence, n’ayant qu’un filet de voix, tenir admirablement une classe nombreuse, sans avoir même jamais besoin de demander l’attention et le silence. À ses yeux, la fermeté dans l’Éducation consiste principalement en trois choses :

     

    1° NE LAISSER JAMAIS MÉPRISER SON DROIT.

      

    On peut pardonner des fautes de légèreté, d’inadvertance, et même des fautes plus graves ; mais les manques de respect, les fautes contre le droit de l’autorité, jamais.

     

    2° NE JAMAIS LAISSER LANGUIR SON ACTION :

      

    c’est-à-dire ne laisser jamais commettre une faute, quelque pardonnable qu’elle soit, ne fût-elle qu’un mot, un geste, un regard, l’omission la plus légère, sans que l’enfant soit au moins averti paternellement de sa faute, sans qu’on lui représente avec douceur, mais sérieusement, ce qu’il devait faire et ce qu’il a fait, ou n’a pas fait ; sans qu’on lui fasse sentir et reconnaître son tort ; et si la faute est plus coupable, il doit être non seulement averti, mais gravement réprimandé, même quand on ne le punit pas.

     

    3° NE JAMAIS RIEN CÉDER PAR FAIBLESSE

      

    aux caprices et aux importunités des enfants. Il faut qu’ils sachent et comprennent bien que, quand l’autorité a décidé, il n’y a plus qu’à se soumettre. En un mot, exiger toujours le respect, l’obéissance, la règle, la droite raison, et réprimer, corriger tout ce qui s’en éloigne ou s’y oppose : tel est l’office de la fermeté dans l’Éducation.

    Notre académicien considère la fermeté « nécessaire contre les enfants, contre les maîtres, contre les parents ; nécessaire contre le siècle, contre le pays où l’on vit. Nécessaire pour maintenir les études et faire travailler les maîtres et les élèves, et cela souvent malgré les parents ; sur trois cents enfants qui sont là, il y en a deux cent quatre-vingt-dix, qui naturellement ne voudraient rien faire, et souvent leurs parents n’y tiennent pas plus qu’eux ; les dix qui naturellement aiment l’étude, et travailleraient sans qu’on les y obligeât, sont des exceptions miraculeuses.

      

    Nécessaire pour maintenir le silence en même temps que le travail ; rien ne déplaît plus à ces trois cents enfants que l’ordre et le silence, et il faut qu’ils soient en silence douze heures par jour, et dans l’ordre toujours !

    Félix Dupanloup

    « Nécessaire pour maintenir la règle, toute la règle, rien que la règle, et tous les règlements particuliers de détail en chaque chose, du matin au soir et du soir au matin : car on est chargé de ces enfants et on en répond pendant vingt-quatre heures chaque jour. Nécessaire enfin pour ne jamais souffrir ni permettre une infraction, ni même une faiblesse et une condescendance contre l’ordre.

      

    On peut la pardonner quelquefois, mais la permettre, jamais ! Les fautes d’inadvertance ou d’ignorance, aussi bien que celles de légèreté dont le temps et l’âge corrigeront, peuvent être pardonnées. Mais jamais le principe de raison et de vertu qui est dans le règlement, ne doit fléchir ;

    et toujours un avertissement paternel ou une réprimande sévère doit accompagner le pardon :

    les autres fautes, de quelque nature qu’elles soient, et selon qu’elles doivent être réprimées, corrigées, réparées ou expiées, devront trouver nécessairement la répression, la correction, la réparation, ou même l’expiation convenable. »

     

    L’autorité parentale est selon lui décisive :

     

    « C’est dès le premier abord que les parents et les instituteurs doivent prendre leur ascendant, et être les maîtres de l’enfant.

    S’ils ne saisissent ce premier moment, qui est toujours le plus favorable, et ne se mettent sans hésiter, du premier coup, en possession de l’autorité, ils auront toutes les peines du monde à la retrouver, et c’est l’enfant qui sera le maître ! et ce sera un terrible malheur ;

    car il n’y a pas de tyran comparable à ce maître-là. (...) Il y a, dans le fond de l’homme et du plus petit enfant, une volonté tyrannique, qui se montre et éclate dès l’âge le plus tendre : la lutte dès le premier moment est entre cette volonté et la vôtre.

    Que signifient ces pleurs, ces cris, ces gestes menaçants, et puis ces coups, ces yeux étincelants de colère dans un enfant, contre ceux qui ne lui accordent pas tout ce qu’il veut ? Que signifie tout cela, sinon cette volonté d’autant plus impérieuse qu’elle est déraisonnable, et qu’elle s’obstine à toute force et sans raison à obtenir ce qu’on lui refuse ? »

    Et Dupanloup de citer Charles Rollin (1661-1741), historien et professeur de français, qui un siècle plus tôt, dans son ouvrage intitulé Traité des Études destiné aux pédagogues, explique que si on ne donnait jamais aux enfants

      

    « ce qu’ils demandent en criant et pleurant, ils apprendraient à s’en passer, et n’auraient garde de criailler et de se dépiter pour se faire obéir ;

    ils ne deviendraient pas si odieux, si incommodes à eux-mêmes et aux autres. Quand je parle ainsi, ce n’est pas que je prétende qu’il ne faille avoir aucune indulgence pour les enfants :

    je dis seulement que ce n’est pas à leurs pleurs qu’il faut accorder ce qu’ils demandent : et s’ils redoublent leur importunité pour l’obtenir, il faut leur faire entendre qu’on le leur refuse, précisément pour cette raison-là même. »

    Sur la même ligne de pensée, notre académicien reprend :

    « Donc, dans l’Éducation privée, comme dans l’Éducation publique, au collège comme dans la maison paternelle, on doit tenir pour une maxime invariable, qu’après avoir refusé une fois quelque chose aux enfants, il faut se résoudre à ne l’accorder jamais à leurs cris ou à leurs importunités, à moins, dit encore Rollin, qu’on n’ait envie de leur apprendre à devenir impatients et emportés, en les récompensant de leur emportement et de leur impatience. Je dirai même, et toujours avec Rollin, que plus les enfants sont exigeants, moins on doit satisfaire leurs désirs déréglés :

      

    moins ils ont de raison, plus il faut en avoir pour eux ; et plus il est nécessaire qu’ils soient soumis à la ferme autorité et à la direction de leurs maîtres. Quand une fois ils ont pris ce pli, et que l’habitude a rompu leur volonté, c’en est fait pour le reste de la vie, et l’obéissance ne leur coûte plus rien. »

     

    Charles Rollin

    Et de citer une nouvelle fois Rollin, qui dans son De la manière d’enseigner et d’étudier les belles lettres par rapport à l’esprit et au cœur, explique que « le premier soin d’un écolier qui a un nouveau maître, c’est de l’étudier et de le sonder. Il n’y a rien qu’il n’essaye, point d’industrie et d’artifice qu’il n’emploie pour prendre, s’il peut, le dessus.

      

    Mais quand il voit toutes ses peines et toutes ses ruses inutiles, et que le maître, paisible et tranquille, y oppose une fermeté douce et raisonnable, pour lors il cède et se rend de bonne grâce ; cette espèce de petite guerre et d’escarmouche, où il essayait ses forces, se termine vite ; et l’enfant se décide à la soumission et à la crainte respectueuse qui lui conviennent. » Pour Dupanloup, « ceci est tout à fait d’expérience ;

     l’enfant sur ce point est d’une pénétration, d’une sagacité inouïe.

     On me dira peut-être : mais vous parlez de la crainte : vous la voulez donc dans l’Éducation ? – Eh ! sans aucun doute, par la raison très simple que les enfants ne sont pas des anges, et très souvent, surtout dans le premier âge, sont à peine des êtres raisonnables. Mais je dis la crainte respectueuse :

      

    c’est la seule nécessaire, et elle suffit. Que les enfants doivent être conduits par l’amour, et non par la crainte servile, je l’ai toujours pensé ; mais la crainte respectueuse et filiale n’est pas la crainte servile, et s’allie très bien avec l’amour. Je ne fais qu’exprimer ici la pensée de Fleury, de Fénelon lui-même et de Bossuet. »

    Fleury, qu’il considère le plus austère des trois, va en effet jusqu’à dire : « Quoi que l’on fasse pour exciter les enfants à s’appliquer, il ne faut pas espérer qu’ils le fassent longtemps, ni que l’on puisse toujours les conduire par le plaisir ; on aura souvent besoin de crainte. Les enfants se familiariseront trop avec le maître, s’il est toujours en belle humeur, et il doit prendre garde, en cherchant à les réjouir, à ne se rendre pas trop plaisant, et à ne leur pas découvrir quelque faiblesse.

      

    Il faut donc qu’il reprenne souvent le caractère qui lui convient le plus, qui est le sérieux, et qu’il montre quelquefois de la colère et par ses regards, et par le ton de sa voix, pour arrêter l’épanchement de ces jeunes esprits et les faire rentrer en eux-mêmes. »

    Fénelon voulait qu’on ne châtiât les enfants qu’à l’extrémité, rappelle Dupanloup, mais il voulait qu’on les châtiât : « Montrez-lui, disait-il, tout ce que vous avez fait pour éviter cette extrémité ; paraissez-lui en être affligé ;

      

    parlez devant lui avec d’autres personnes du malheur de ceux qui manquent de raison et d’honneur jusqu’à se faire châtier ;

      

    retranchez les marques d’amitié ordinaires, jusqu’à ce que vous voyiez qu’il ait besoin de consolation ; rendez ce châtiment public ou secret, selon que vous jugerez qu’il sera plus utile à l’enfant, ou de lui causer une grande honte, ou de lui montrer qu’on la lui épargne ; réservez cette honte publique pour servir de dernier remède. »

      

    Et de citer également Bossuet : « La crainte est un frein nécessaire aux hommes, à cause de leur orgueil et de leur indocilité naturelle. »

     

      

    http://www.france-pittoresque.com/

      

    sources

    http://beaujarret.fiftiz.fr/blog/r326,enfants-du-moyen-age,0.html

     

     


     

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  • L’écrit du quotidien au bas Moyen Âge

     

     

    L’écrit du quotidien au bas Moyen Âge

     

    L’écrit du quotidien au bas Moyen Âge ou le « degré zéro » de la diplomatique
    Auteur : Paul BERTRAND

    L’écrit qui me préoccupe ici, dans le cadre d’une étude plus large que je mène actuellement sur les pratiques de l’écrit du XIIe au XIVe s., je l’appelle écrit du quotidien. Il ne s’agit pas de l’écrit diplomatique traditionnel, ces chartes propres et sûres qui étalent des contrats que l’on veut établir pour de longues années voire pour toujours. Il ne s’agit pas de registres de comptabilité ou d’administration qui sont autant d’étançons juridiques et économiques pour une institution, laïque ou religieuse. Il ne s’agit pas de chroniques ou de traités théologiques ou même de traces éparses de vie notées au fil d’un registre paroissial par le curé soucieux de laisser à ses successeurs, aux lecteurs qui suivront, comment la peste ou la guerre ont décimé les rangs de ses ouailles.

      

    L’écrit du quotidien, ce sont des documents sans importance, qui normalement auraient dû disparaître dans le tourbillon de l’histoire. Mais ils n’en sont pas moins émouvants : traces infimes de vie et d’actes posés. Petites quittances, facturettes griffonnées, mandements sans valeur, listes d’habits, étiquettes effacées… Documents sans forme, à l’écriture malhabile, produits par de petits clercs, des marchands, de petits artisans…

    Des documents qui sont proches des archives, destinés à gérer ou administrer ou encore à témoigner d’un contrat quel qu’il soit… mais sans qu’ils soient d’aucune façon marqués au fer de l’authentification. Aucun signe de validation, aucun élément formel montrant une volonté de donner un poids juridique quelconque… à première vue.

    Ce faisant, je me rattache au concept de « culture graphique » proposé par Armando Petrucci, et commenté en ces termes par Roger Chartier : « Pour chaque société, l’ensemble des objets écrits et des pratiques qui les produisent ou les manient, cette catégorie invite à comprendre les différences existant entre les diverses formes de l’écrit, contemporaines les unes des autres, et à inventorier la pluralité des usages dont l’écriture se trouve investie » . Un essai d’étude de la culture graphique au Moyen Âge occidental, donc.

    Efficacité et durée de vie limitée

    Parler de l’écrit au quotidien reste une gageure : rien ou presque rien de ces traces éparses n’est conservé. Les destructions et les pertes médiévales ne sont que trop réelles. Les manuscrits littéraires, les chartes ont été plus que décimées ! Combien davantage ont subi les outrages du temps et des hommes les petites cédules qui nous intéressent ici ! Et même parmi les documents de ce genre qui auraient pu, auréolés par la réputation de leurs auteurs, survivre fût-ce par bribes, c’est l’hécatombe : des mille lettres qu’a du envoyer saint Bernard, on n’a conservé aucun original, à ma connaissance.

      

    Et pourtant, dès 1145, les milieux autorisés cisterciens ont constitué une collection officielle de copies des meilleurs envois épistolaires du grand homme ! Mais personne n’a jugé bon, même parmi les cisterciens, de conserver précieusement, comme une relique, une lettre originale du saint. Le sort de ce genre de document est de ne pas durer, de ne pas survivre à leurs auteurs, semble-t-il .

    Trouver des documents du quotidien qui nous soient parvenus est chose malaisée, donc. J’ai, pour l’instant, abordé deux ensembles. Le premier est constitué de pièces issues du fonds d’archives du couvent dominicain de Liège, conservé aux Archives de l’État dans la même ville : de petites pièces disséminées au fil d’un censier du couvent, au XVe s. Le second, plus ample, est issu de registres de comptabilité de l’abbaye de Saint-Denis, consultés aux Archives Nationales de France : un grand nombre de petits documents du quotidien qui ont été collés par un (ou plusieurs ?) comptables dans ces registres à l’usage du commandeur de Saint-Denis.

    Ce qui importe dans ce genre de documents du quotidien, c’est leur efficacité, mais d’une durée limitée. Ils coulent en forme écrite une action aux allures contractuelles, ils sont l’incarnation en papier d’une transaction fugace. Ils codifient des actions et des relations humaines dont on n’aurait pas de trace jusque-là. L’écrit fait souvenir de ces actions et relations, il leur constitue une memoria à court terme, le temps de la réalisation de l’action juridique, de l’arrivée à échéance du contrat.

      

    Le meilleur exemple reste encore le contrat de bail, qui n’avait pas à être mis par écrit, théoriquement. Mais si l’on sait que des actions bien plus mineures l’étaient, comme je vais le montrer, alors on peut se demander si les baux conclus n’ont pas fait plus régulièrement l’objet d’une transcription, même si la forme écrite de ces transcriptions n’a pas nécessairement l’allure d’une charte au sens traditionnel du terme. Et de se demander si ces recueils de baux conservés en épave, comme par miracle, n’ont pas enregistré des cédules de baux qui ont disparu après l’échéance du bail, aussi drastiquement qu’ont été cancellés les textes enregistrés dans ces recueils — qui d’ailleurs, eux-mêmes, ne nous sont souvent parvenus que par hasard et en très petit nombre ?

    La durée de vie de ce genre de document établissant contrat est donc à géométrie variable. Une vie, trois ans, une saison, quelques jours… Comme ces petites factures proposées par un tisserand, un maréchal-ferrant, un orfèvre… au commandeur de l’abbaye de Saint-Denis de Paris, vers 1370, dans lesquelles l’artisan explique de sa plume hésitante ce qu’il a fait pour l’abbaye, comment il a réalisé les termes du contrat dans lequel il s’est engagé, et justifie ce pourquoi il demande son dû.

      

    Quand la facture est payée, il peut recevoir une quittance ou encore sa facture primitive dûment acquittée, dotée de quelques mots définitifs du comptable ou du commandeur lui-même, expliquant que le montant demandé a été réglé, en tout ou en partie. Le temps d’un contrat, c’est court : cet écrit-là ne mérite pas nécessairement le parchemin, la cire peut suffire. Parfois on utilise alors la tablette, comme dans les comptabilités des villes d’Europe, ou encore comme certains marchands…

      

    La tablette de cire, c’est le lieu de l’éphémère, du volatil par excellence, éternel palimpseste ! Et même si l’action a une portée plus symbolique, mais limitée dans le temps, même si elle émane des plus grands, elle reste posée sur un simple papier, sans signe ni signature, sans aucune trace de validation ou élément d’authentification.

    Les fonctions

    Efficacité limitée, durée de vie des roses : mais pourquoi faire ? En d’autres termes, quelles sont les fonctions de ces documents du quotidien ? Il serait absurde de vouloir tout ramener à une fonction particulière : il y en a clairement plusieurs, différentes selon les documents. Dans une étape ultérieure de notre recherche, il conviendra de dresser une typologie plus claire. Beaucoup de ces petites cédules cherchent d’abord à donner une forme de souvenir et une force quelconque à des actions juridiques ou économiques. Nous sommes proches de « l’acte privé » tel que l’entendent les diplomatistes .

      

    Un contrat passé entre deux personnes ou une personne et une institution, qu’il s’agisse d’une pièce de papier attestant qu’une rente a bien été versée au couvent des dominicains de Liège, une petite quittance faisant preuve que les termes du contrat d’arrentement conclu auparavant ont bien été remplis pour cette année… ou d’une notice qui consigne l’affranchissement de deux familles appartenant à l’abbaye de Saint-Denis… ou encore d’un ensemble de petites factures consignant tout ce que Richard le dischargeur a transporté pour l’abbé de Saint-Denis, et combien cela lui est facturé…

    Contrat… ou trace de gestion en interne, autre forme de contrat, plus tacite celui-là, pas moins concret : celui qui unit le comptable d’une institution au patron de l’institution ou à un de ses subordonnés direct. Témoin, ce comptable qui supplie le commandeur de Saint-Denis de bien honorer cette facture en assurant qu’il en va de son honneur de comptable ! Dans le cadre de ces contrats, combien de petites listes, combien de petits documents rapidement transcrits par le comptable pour servir d’aide-mémoire, à l’attention du responsable des comptes, du prieur ou de l’abbé, pour montrer ce qui a été fait, ce qui reste à faire, ce qui a été payé, ce qui reste à payer… ?

      

    Listes de foyers habitant des terres ou des maisons appartenant à l’abbaye, liste de cens dus et des noms des débiteurs, listes de dépenses faites par l’abbé, petits comptes partiels et intermédiaires, listes de vêtements commandés…

    Mais aussi des copies partielles d’actes, prises probablement sur des chartes que l’institution ne possédait pas mais dont il avait fait transcrire telle ou telle clause l’intéressant directement… Des copies simples et sans apprêt, sur « papier libre ».

    Pour d’autres documents, la volonté d’identifier fait la fonction. Ce sont des étiquettes, en tablette de cire ou sur papier, ou encore sur parchemin … mais on n’oubliera pas non plus les étiquettes collées sur les plats des registres afin de les identifier…

    Le « degré zéro » de la diplomatique ?

    Avec le XIIe et le XIIIe s., avec l’avènement d’un écrit diplomatique plus engoncé que jamais dans un corset de droits, la charte se gonfle de formules et de signes de validation. Elle commence à authentifier réellement l’action juridique. Elle remplace la notice. Celle-ci, informe, en style objectif, ne faisait qu’identifier l’action juridique et donner les moyens de l’authentifier en fournissant des listes de témoins ainsi que le souvenir d’une action nourrie symboliquement. Il semble que bon nombre de documents du quotidien du bas Moyen Âge participent de cette transformation.

      

    Certes, pas de signes de validation, pas de formules, le plus souvent. Elles se présentent comme des notices très informes (même si souvent au style subjectif). Ce qui compte, c’est l’accord qu’elles consignent — à l’instar des notices : seul semble importer le message qu’elles délivrent. Un contrat, un accord, une idée qui prend corps juridique et forme écrite. Voilà que la cédule fait preuve : Gilles le Fevre verra ses dettes à l’égard de l’abbé de Saint-Denis réduites, s’il rapporte la cédule qui consigne cette remise partielle de dette, le jour où échoit celle-ci.

      

    La cédule est scellée, elle est datée aussi, il y a un semblant de formulaire dans le dispositif : « De par le commandeur de st Denys Robin Patin, delivrez a Gille le Fevre de Loures XV escuz, et nous les vous deduirons sus ce que vous nous devez par cause de noz bois de Montuiehaut, en raportant ceste cedule escript le XIIe jour de join, lan LXIII ».

    De la notice à la charte, de la cédule du quotidien à la charte, c’est le même chemin. Voilà ce qu’on pourrait appeler « le degré zéro » de la diplomatique, une diplomatique simplifiée à l’extrême, mais sans que le poids de l’écrit s’en trouve excessivement affaibli. Certes, les affaires sont petites, les dossiers sont fugaces et ont courte vie, les sommes engagées dérisoires, les enjeux minimes… Il n’empêche : ces documents du quotidien, tout dénudés qu’ils soient, ils comptent !

      

    C’est le jeu d’écriture qui fait le poids à lui seul. Et voilà certains qui se couvrent parfois, au fil du temps, de signatures, de sceaux plaqués… Évidemment, c’est l’exception ; en règle générale, ils ne portent aucune trace de formes ou de signes de validation.

    Conclusions

    La place de l’écrit dans la société médiévale est beaucoup plus large qu’on ne l’aurait cru. Certes, loin de moi l’idée d’avancer que tout le monde sait et peut écrire, mais on observe une volonté d’accéder à l’écriture de plus en plus importante et assez fascinante. C’est un écrit que l’on s’approprie : la place du « je » y est remarquable. Évidemment, il s’agit de petits marchands ou de petits artisans, mais il n’empêche : ils écrivent et cela leur semble habituel. Peut-être certains usent-ils des services d’écrivains publics ?

      

    Peut-être oui, mais les écritures cursives tremblantes que l’on retrouve partout semblent montrer que c’est leur main et non celle d’un spécialiste qui a tracé les lettres sur un mauvais papier de récupération, grossièrement déchiré.

    Ensuite, les catégories de la diplomatique traditionnelle doivent être élargies. Le concept de « preuve » ou celui d’« authenticité » sont à reprendre, assez paradoxalement, pour ce bas Moyen Âge.

    Ce ne sont pas seulement des actes en puissance ! Ils le sont réellement, ce sont des contrats, même mineurs.

    Cela me mène à ma troisième réflexion, que je compte approfondir dans le cadre de mon enquête sur l’expansion des pratiques de l’écrit aux XIIe-XIVe s. : il s’agira d’étudier la forme des relations contractuelles dans la société médiévale, telle qu’elle transparaît dans les documents dont elle exige la création et la tenue.

    Pour citer ce résumé :
    Paul BERTRAND, « L’écrit du quotidien au bas Moyen Âge ou le « degré zéro » de la diplomatique », dans Le manuscrit dans tous ses états, cycle thématique 2005-2006 de l’IRHT, S. FELLOUS, C. HEID, M.-H. JULLIEN, T. BUQUET, éds., Paris, IRHT, 2006

     

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    La dîme en droit ecclésiastique et laïque

    Plusieurs pères de l'Eglise avaient exhorté les fidèles à s'acquitter d'une dîme volontaire qui, au Ve s., devint de plus en plus une obligation, destinée à l'entretien des infrastructures ecclésiastiques et à des buts charitables. A côté des synodes, les Carolingiens furent les principaux propagateurs de ce système dans le royaume franc, en le reprenant dans leur législation. Mais l'importance des dîmes carolingiennes est difficile à évaluer, parce que dès le haut Moyen Age différentes redevances portaient ce nom: dîme ecclésiastique au sens propre, double dîme (decima et nona) sur des biens d'Eglise inféodés, versée en dédommagement par leur détenteur, dîme fiscale dans les domaines royaux. Les dispositions du Décret de Gratien, vers 1140, sont les premières à laisser entrevoir un système développé, à peu près généralisé, consistant en dîmeries dont le territoire, bien délimité, correspond dans chaque cas à une église paroissiale (ou ayant droit de baptême), ce qui indique que la dîme était vue comme la contrepartie des fonctions pastorales et sacramentelles.

    Dîme et agriculture

    Le rôle économique des dîmes n'est perceptible que depuis le bas Moyen Age, grâce aux livres de comptes et listes de redevances des seigneuries, qui montrent qu'elles ont gagné du terrain par rapport à d'autres revenus depuis le XIVe s. Par exemple, elles assuraient au Fraumünster de Zurich un tiers de toutes ses rentrées de céréales au XVe s. Le prieuré de Saint-Alban à Bâle accrut de 50 à 100%, entre la fin du XIVe s. et le début du XVe s. les revenus tirés de ses diverses dîmes. Cette augmentation reflète certainement une hausse de la production agricole, mais les médiévistes mettent en garde contre toute conclusion hâtive à cet égard.

    En effet, certaines sources indiquent le rendement attendu, d'autres le revenu réel. En outre, le taux n'était pas toujours identique; la dîme du vin, par exemple, se levait au-dessus du taux moyen dans les bonnes années, au-dessous dans les mauvaises. Le dépouillement des rôles de dîme est rendu difficile par les fréquents changements touchant la propriété aussi bien des terres soumises que des droits. Il faut aussi tenir compte des différents modes de perception et du fait que certaines dîmes avaient une valeur fixe. Les effondrements brusques, comme au couvent de Rüti dans la seconde moitié du XVe s., sont dus à un changement structurel (élevage remplaçant la céréaliculture) plutôt qu'aux crises agricoles du bas Moyen Age. Comme à cette époque une partie des dîmes était payée en argent et non en nature, on ne peut plus dire qu'un type de dîme correspond dans chaque cas à une production agricole réelle.

    Une grande diversité règne dans les dîmes médiévales; même la distinction originelle entre grosses dîmes (céréales, vin) et petites dîmes (fruits, croît des troupeaux ou dîme des nascents, foin) n'est pas partout semblable et les historiens en donnent diverses explications. La différenciation s'affine peu à peu, au bas Moyen Age, selon les produits: dîme des grains, du vin, du foin, des nascents, du fromage, voire du lin, du chanvre, des châtaignes ou du miel. Il y a en outre des dîmes définies selon le statut juridique des terres: novales ou novalies (sur des défrichements récents), dîmes de jachère, de communaux, forfaits pour les fermes isolées.

    La Dîme aux grains

    Établie à la fin du VIIIe siècle, la dîme s'étendait à toutes les productions agricoles. Pendant un millénaire, elle a assuré de confortables revenus à l'Église.

    La dîme, ancêtre de notre moderne denier du culte, fut établie sous Charlemagne pour subvenir aux besoins de l'Église. Tous les producteurs agricoles devaient abandonner une partie de leurs récoltes, non seulement les paysans mais aussi les nobles qui faisaient exploiter directement leurs terres, mais aussi les ecclésiastiques qui détenaient des biens patrimoniaux. Seuls quelques monastères étaient exempts.

    La dîme des grains est quérable (de quérir, aller chercher) et non portable. L'Église doit venir la prélever sur le champ et le paysan n'a pas le droit de rentrer sa récolte tant que le dîmeur n'est pas passé. On devine les frictions qui devaient se produire dans certaines paroisses quand le temps devenait menaçant et que le prélèvement n'avait pas encore été fait.

    Le taux de la dîme (théoriquement un dixième de la récolte comme l'indique son nom) est en fait très variable. Le plus souvent, on ne prélève qu'une gerbe sur douze, soit un taux de 8 % environ, mais ce taux peut varier d'une province à l'autre, d'une paroisse à l'autre.

    Dans le Blayais (dans l'actuelle Gironde), la dîme se paie au trentième dans les marais mais au quinzième dans les terres. À Lacépède (région d'Agen), on dîme au dixième le blé, le seigle et les fèves, au treizième le chanvre et le lin, au vingtième le vin et le millet. Dans des provinces comme la Flandre maritime, le Dauphiné, la Provence, la dîme peut être très faible, du vingtième au soixantième. C'est en Poitou qu'elle est la plus faible avec le versement d'un unique boisseau de grain par métairie.

    En revanche, certaines provinces sont écrasées: dans la région de Condom (Gers), la dîme est au huitième, elle peut aller au septième en Lorraine, certaines paroisses bretonnes étaient dîmées au cinquième ou au quart, le champart seigneurial étant compris dans le prélèvement.

    Dans les régions de France les plus nombreuses, où la dîme était d'une gerbe sur dix, onze, douze ou quatorze, l'usage s'était établi pour en faciliter la perception, de mettre le blé en dizeaux de dix, onze, douze ou quatorze gerbes, la dernière gerbe, celle que prélevait le dîmeur, étant placée à plat sur le tas car la règle exigeait que l'ensemble du champ fut parcouru par la voiture qui enlevait la dîme.

    Pratiquement, le curé, l'évêque ou le monastère titulaire de la dîme, ne la lève pas lui-même. Il l'adjuge aux enchères dans le courant juin ou juillet, juste avant la moisson, quand on peut en estimer le produit de façon sûre. C'est le plus souvent un gros fermier de la paroisse qui s'en rend adjudicataire et qui donc, après avoir payé le décimateur, lève les grains pour son propre compte.

    Outre sa lourdeur, les paysans font un double reproche à la dîme: d'abord, elle ne profite pas toujours au clergé local et aux besoins d'assistance dont il a la responsabilité car, au cours du temps, beaucoup de curés ont été dépouillés de leurs dîmes par de gros établissements religieux. L'abbaye de La Chaise-Dieu, en Auvergne, lève ainsi la dîme sur plus de trois cents paroisses des diocèses de Clermont et de Saint-Flour.

    Mais surtout, quand le dîmeur est extérieur à la paroisse, la dîme des grains à l'énorme désavantage de faire sortir des pailles du terroir, donc de réduire le fumier disponible pour les terres du finage, ce fumier si indispensable à la production des grains en l'absence de tout engrais chimique.

    Dîme et seigneurie

    L'existence d'églises privées (Patronage ), point d'intersection entre le pouvoir ecclésiastique et seigneurial, entraîna rapidement la sécularisation des dîmes et de leur administration, en dépit des tentatives de l'Eglise et des rois, depuis l'époque carolingienne, pour faire cesser les usurpations de dîmes par les seigneurs ou leur remise à des laïcs. Au bas Moyen Age encore, droit de dîme et seigneurie foncière sont en étroite relation. En s'appropriant les dîmes paroissiales, les seigneurs fonciers ecclésiastiques ou laïques pouvaient étendre leurs droits seigneuriaux sur la personne et les biens d'hommes libres et de serfs de la Maison-Dieu , et c'est sans doute le principal moyen qu'ils utilisèrent à cet effet, par exemple en Suisse centrale. Les ventes, inféodations, mises en gage, appropriations violentes et certainement aussi des créations nouvelles marquèrent l'évolution des dîmes jusqu'au XVe s.

    La perception incombait au décimateur et à ses agents, à moins qu'elle ne fût affermée à des tiers pour un montant fixe (dîme abonnée) ou variable d'année en année. Au bas Moyen Age, outre la noblesse ministériale liée aux seigneurs, le clergé local et des membres de l'élite villageoise, on vit de plus en plus de bourgeois aisés s'intéresser aux diverses formes de perception des dîmes. Le morcellement fréquent de ces taxes (sur les terres de l'abbaye de Saint-Maurice, par exemple, des sixièmes et huitièmes de dîme sont attestés au XIIIe s. déjà) était source de conflits. Mais depuis le XVe s., on constate un mouvement inverse de concentration, qui fait que la dîme a contribué à la formation de la seigneurie territoriale. De même, divers exemples en Suisse centrale montrent que la fiscalité des cantons confédérés pourrait tenir sa diversité du fait qu'elle dérive notamment d'anciennes dîmes.

    Sebastian Grüninger

      

    SOURCES http://beaujarret.fiftiz.fr/blog/r305,impots-et-taxes,1.html

      

      

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    Les redevances seigneuriales

      

      

    Les redevances que doit un paysan à son seigneur sont doubles : foncières et banales.
    Les redevances foncières sont en quelque sorte le prix de la location des terres cédées aux paysans ; elles sont payables en argent, c'est à proprement parler le cens, ou en nature. Elles comprennent également un certain nombre de journées par an, voire même par semaine, réservées au travail des terres non affermées de la seigneurie.

    Les redevances banales sont variées : obligation, pour les paysans, d'utiliser, en payant, le moulin banal, le four banal, le pressoir banal ; "corvée", c'est-à-dire réquisition des paysans pour l'entretien du château, des routes, l'abattage des forêts, etc. Et souvent, sous prétexte de se faire aider, le seigneur exige le paiement arbitraire d'une "taille".

    Les principales ressources nobiliaires sont les suivantes :
    - la taille : impôt direct sur les roturiers,
    - la gabelle : impôt sur le sel,
    - les fouages : redevance par maison ou par feu,
    - les taxes sur le fonctionnement du four banal, du moulin, sur le travail du bouilleur de cru,
    - les droits de passage sur les ponts,
    - les jours de corvée.

    Aucun noble ne pouvant se payer le prix d'une jacquerie, pour que les manants ne soient pas enclins à la révolte face à ces impôts, les seigneurs, en accord avec l'église, accordent de nombreux jours fériés où le peuple fête ses saints patrons, le venue du printemps ou la salaison du cochon.

    Revenus royaux


    1179 : 20.178 livres pour 41 prévotés
    1180 : 20.000 Livres Tournoi
    1185 : 24.607 Livres pour 52 prévotés
    1200 : 35.000 Livres Tournoi
    1203 : 34.719 pour 62 prévotés
    1355 : octroi spécial accordés par les pays du nord et du sud : 5.400.000 livres de subsides pour une armée de 30.000 hommes pour un an. (= 5% des transactions nationales).
    1360 : 1.500.000 Ecus
    1423 : octroi spécial accordés par les pays du nord et du sud : 1.300.000 livres tournois.
    1426 : octroi spécial accordés par les pays du nord et du sud : 1.182.000 livres tournois.
    1439 à 1444 : octroi spécial : 2.698.000 livres tournois (oil : 918.000, oc : 1.800.000).
    1460 : 1.800.000 Livres Tournoi
    1461 : 1.800.000 Livres Tournoi dont 1.200.000 pour la Taille
    1481 : 4.600.000 Livres Tournoi pour la taille
    1483 : 100.000 Livres Tournoi pour le domaine (5.500.000 Francs de 1914)

    655.000 Livres Tournoi pour aide et gabelle (36.000.000 Francs de 1914)
    3.900.000 Livres Tournoi pour la taille (214.500.000 Francs de 1914)
    1490 : 3.900.000 Livres Tournoi pour la taille (214.500.000 Francs de 1914)

    Voirie

    "Denier de la chaussée" : impot pour l'entretien de la voirie à Troyes dès 1270.
    "Droit de Chaussage" : impot pour l'entretien de la voirie à Reims.

    Impots pour la voirie à Dijon en 1428 :

    16 deniers tournois par mine de blé à moudre,
    20 sous par queue de vin déchargée dans l'agglomération.
    6 deniers par boeuf entrant ou sortant,
    3 deniers par vache entrant ou sortant,
    2 deniers par porc entrant ou sortant,
    1 denier par ovin/caprin entrant ou sortant,
    et sur les chariots en fonction du nombre de roues et du ferrage.

    Impots pour la voirie à Dijon en 1374 :

    1 gros tournoi d'argent par an par toise de mur ou jardin de la maison au propriétaire (devant, derrière ou sur les cotés).
    1 gros viez d'argent/an au locataire.
    1 denier tournoi / roue ferrée.
    1 obole tournoi / roue non ferrée.
    1 denier tournoi par cheval, jument, mule, mulet, ane, anesse, boeuf, vache, porc ou truie qui entre dans la ville.
    1 obole (1/2 denier) pour les autres bêtes à 4 pattes.

    Impots pour la voirie à St Omer depuis 1320 :

    2 deniers par chariot à 4 roues,
    1 denier par charrette à 2 roues,
    1 maille par cheval de bat.

    Les impots pour la voirie rapportent :

    5 livres à Moulins en 1421
    3 livres à Moulins en 1423
    70 livres à Blois en 1475
    182 livres à Rennes en 1418
    324 livres à Rennes en 1460
    431 à 534 livres à Rennes de 1450 à 1500.

    La ferme des chaussées de Troyes rapporte 420 livres en 1416-17.
    Taxe pour les ordures à Nantes en 1487 : 1 denier par maison par semaine.

    Les impots ne taxent pas beaucoup les riches en ville :

    0,4% des revenus des riches
    1% des revenus des moyennement aisés
    0% des revenus des pauvres

    Les impots rapportent à Rennes :

    les taxes sur le vin : 51,21% des rentrées d'argent,
    les taxes sur le textile : 21% des rentrées d'argent,
    le pavaige : 8% des rentrées d'argent,
    les taxes sur les peaux et laines : 7,25 des rentrées d'argent,
    les taxes sur la mercerie : 4,25% des rentrées d'argent.

    Les impots rapportent à Nantes :

    les impots pour la voirie : 2,5% des recettes,
    les taxes sur le vin au détail : 41,5% des recettes,
    le "méage" et le "denier par livre" rapportent : 38% des recettes.

    Amendes

    Pour vendre son vin en dehors des périodes permises : 60 sous d'amende
    On a une amende si on utilise un four personnel au lieu du four seigneurial.
    Pour avoir fait du mauvais platre : 5 sous d'amende (2 à une chapelle, 2 au maitre du métier, 1 à celui qui aura mesuré le platre).
    Si un marchand veut quelquechose de mauvaise qualité, il risque une amende de 5 à 20 sous sous St Louis.
    A Nantes en 1468, si on jette ses ordures là ou c'est interdit :

    prison + 60 sous au chef de famille,
    prison + 7 sous 6 deniers aux autres.

    A Nantes en 1468, si on ne nettoye pas devant chez soi : 60 sous d'amendes.
    A Troyes, au 15eme, si on a une arme sur soi, elle est confisquée et on a 10 sous d'amende.


    Rançons
    Rançons du roi Jean Le Bon :

    1ere : le Sud-Ouest (le Poitou), l'hommage de Bretagne, 4.000.000 Ecus
    2eme : Touraine/Anjou/Maine/Normandie
    3eme : Aquitaine/Loire au Massif Central/Pyrenees (1/3 du royaume), Calais + marches, Ponthieu + Guines, 3.000.000 d'Ecus payés en 3 ans (13,5 Tonnes d'or)

    Rançon de Du Guesclin : 100.000 F
    Rançon de Charles d'Orléans en 1440, 400.000 écus d'or
    Rançon d'une noble dame en 1438, 1400 écus.

    Louis XI paie à Edouard IV 75.000 écus pour qu'il ne fasse pas la guerre en France, avec une rente de 50.000 écus.

    Taxes

    Pour faire du pain : sous St Louis un boulanger paie 43 deniers par an pendant 4 ans.
    En Septembre 1436, un hotteur paie une taxe de 2 blancs pour entrer dans Paris, une charette de cuves de vignes : 8 blancs, 2 charettes : 16 blancs ; 3 charettes : 8 sous parisis.
    Vers 1436, les garnisons au alentour de Paris taxent les vignerons de 8 à 10 queues de vin pour la saison.
    Taxe de pont en Mai 1441 à Paris : une charette pleine paie 6 doubles, un chariot plein paie 12 doubles.
    La taxe sur la bière rapporte 26400 F en Janvier 1429 à Paris.
    La taxe sur le vin rapporte 2200 F en Janvier 1429 à Paris.

    La douane des ports Carolingiens (Dorestad, ...) taxe de 10% toute marchandise qui y transite (avec des exceptions pour certain).

    La location d'un étal à la foire de Reims, coute 6 deniers à partir de 1345 ; rien si l'étal est mobile.
    En 1411, il coute 2 à 16 sous, à la tête.
    En 1412, à Reims, un étal de 7 pieds de long paie 12 deniers. Plus de 7 pieds de long paie 2 sous parisis. Si on refuse de payer, l'amende est de 40 sous parisis.
    L'amende pour un étal non autorisé est de 22 sous 6 deniers en 1428 à Reims.
    En 1428, à Reims, un étal portatif ne paie pas de taxe ;
    un étal de cordonier, retingotier, quincailler, de moins de 7 pieds de long, paie 6 deniers parisis ; plus de 7 pieds de long, paie 12 deniers parisis ;
    un étal de boucher de moins de 7 pieds, paie 12 deniers ; un étal de boucher de plus de 7 pieds de long paie 24 deniers.

    Au 12ème siècle, à Cologne, un paysan paie 6 marks à l'intendant et 3 au prieur de la cathédrale comme taxes annuelles.

    Au 12ème siècle, sur le domaine de Rommersheim, les taxes annuelles à l'abbaye sont par manse :

    1 porc de 20 pfennigs
    1 livre de lin
    3 poulets
    18 oeufs
    1/2 chargement de vin en Mai et en Octobre
    5 charretées de fumier
    5 javelles d'écorce d'arbre
    12 charretées de bois
    du travail au fournil et à la brasserie
    le transport de 50 planches ou 100 bardeaux à l'abbaye pour le toit de l'église
    garder les cochons 1 semaine dans la forêt
    travailler 3 arpents de terre 3 jours par semaine
    livrer 5 boisseaux de grains de 40 km de distance
    surveiller la grange
    entretenir une plate bande du jardin
    les femmes doivent coudre les culottes Lorsque l'abbé vient en visite, les paysans doivent fournir collectivement 4 boeufs et 1 chariot pour les déplacements.

    Taxe sur les juifs par Philippe Auguste :
    en 1202, elles rapportent 1200 livres
    en 1217, elles rapportent 7550 livres

      

      http://beaujarret.fiftiz.fr/blog/r305,impots-et-taxes.html

      

      

      

     

     

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     On s'accorde à dire que la première girouette figurait sur la Tour des Vents à Athènes, bâtiment où figuraient des représentations symboliques des huit principaux vents qui décorent les murs extérieurs.

      

      

    Au Moyen Âge, on réalise des silhouettes découpées pour orner les clochers des églises et les tours des châteaux. Ces figures encore fixes sont l'emblème du pouvoir et un attribut noble sur les châteaux, au même titre que le donjon ou le pont-levis. Puis elles se multiplient sur les beffrois, sous le nom de « panonceaux ».

    À la fin du 15ème siècle, Léonard de Vinci, voulant savoir d'où venait le vent, invente le premier instrument de météorologie : la girouette, mobile sur un axe.

      

    girouette_relief_locomotive_train_cuivre

      

    Après la Révolution et l'abolition des privilèges, la girouette cesse d'être le symbole exclusif du clergé et de la noblesse :

      

    elle vient orner les riches demeures, puis les artisans, les paysans et le «menu peuple» l'adoptent. La girouette devient alors un signe social. Chacun veut en orner sa maison, indiquer son métier, son rang dans la société, ses goûts, ses craintes.

      

      

    Deux améliorations techniques majeures apparaissent au 18ème siècle : G. F. Parrot ajoute un contrepoids à l'indicateur des vents, auparavant le motif était situé d'un seul côté de l'axe. Puis on monte sur la partie fixe du pivot un « repère orthonormé » indiquant la rose des vents. Ainsi peut-on atteindre une plus grande précision dans la lecture de la direction des vents par rapport aux points cardinaux.
    Au 19ème siècle quand la girouette se popularise, elle désigne souvent un atelier et un métier.

      

      

    La girouette a bien sûr un rôle fonctionnel : nous faire connaître la variation des vents.
    Elle est aussi une enseigne, avertissant le voyageur qui la découvrait de loin, de la profession de l'occupant de la maison.

      

    Un cheval cabré indiquait un relais, un bœuf la maison d'un éleveur, un moulin le meunier. Elle retrace l'activité des villages et de ses habitants : le laboureur et son attelage, le chasseur et son chien, le vendangeur et son panier, sont des thèmes fréquents; plus typique encore : la gabare du marinier ou l'attelage avec chevaux et belles voitures.

      

    Une girouette (photo d'illustration)

      

    Les auberges pouvaient être signalées par de joyeuses beuveries finement représentées. Mais les girouettes étaient aussi placées à des fins protectrices ou conjuratoires, le vent puissant faisant naître dans l'imagination populaire des légendes entretenues par tradition orale.
     

      

     

    Perdant sa valeur utilitaire et sa fonction symbolique au début du 20ème siècle, exposée aux intempéries et non remplacée, la girouette disparaît progressivement de l'univers des toits. Fort heureusement, quelques beaux exemplaires ont été sauvés et conservés dans des musées. L'intérêt porté au patrimoine depuis une vingtaine d'années a suscité un engouement pour ces objets simples que sont, entre autres, les girouettes.

      

    Certaines ont été restaurées. De nouveaux modèles sont actuellement créés...

      

    LIEN du site : 

    http://photos.forumpro.fr/t14073-tres-ancienne-girouette-modifs   

    Cette girouette date du XVII ème siècle.

    Elle est maintenant, depuis 1993, à l'abri des intempéries dans une mezzanine de la mairie de Perpignan.

    Elle évoque les bateaux de commerces gênois, bateaux qui commerçaient avec l'ensemble des régions de la Méditérranée dont le Roussillon.





    Une copie conforme, réalisée par un ferronnier d'art a été placée là où était l'originale, à savoir à l'angle d'un très ancien bâtiment, la Loge de Mer.




     

     

     

      

     

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