Epoque Romaine

Au 1er Siècle 

 

 

L'empereur CONSTANCE CHLORE fait fortifier "COSEDIA" en la rebaptisant "CONSTANCE" (COUTANCES), peuplée jusqu' alors des Unelis, tribus gauloise. Essor de cités telles que, ALAUNA (Valognes), INGENA (Avranches), BRIOVERA (saint-Lô), et CROCIATONUM

(Saint-Côme-du-Mont) le plus vieux chef lieu gallo-romain qui contrôlait le pont sur l'Ouve.

Fin du 3ème Siècle 

Les invasions germaniques détruisent une partie de la Gaule.

 

Alauna (Valognes) fut détruite à cette époque.

 

Au temps de la domination franque, la Manche comprend alors trois circonscriptions :

Pagus d' Avranches, Pagus Costantini et Pagus Coriovallensis.

  

  

Fin du 4ème Siècle :

Le christianisme arrive dans la région de l'Avranchin.

St Aubert, évêque d'Avranches, fonde en 708 la collégiale

du Mont Saint Michel.


Saint Fromond évêque de Coutances crée une abbaye de femmes au Ham ; celle-ci sera détruite lors des invasions normandes.

 

  

Les Vikings

 

En 836 

A la fin du règne de Charlemagne son Empire s'effrita et des assaillants venus du nord en profitèrent.

 

Par leur force physique, leurs ruses et leurs drakkars (le nom vient du dragon qui ornait généralement leur proue), les Danois, Norvégiens et Anglo-Scandinaves sement la terreur et la désolation sur leur passage.

 

  

L’héritage des scandinaves allaient à un seul des descendants.

 

Les autres étaient obligés de chercher fortune ailleurs.

 

Ces années là connurent un essor démographique.

 

Les scandinaves partaient en mer après les semis de printemps, pillaient et revenaient avant la mauvaise saison pour redevenir d’honorables agriculteurs.

 

Par la suite, les raids Vikings devinrent des opérations d’envergures, attirés par la soif de butin.
 

  

  

  

Pour les victimes, les Vikings étaient appellés « Northmen » ou « Normands »

(hommes du Nord) ou « Danois ».

 

Certains venaient de Norvège, d’autres de Suède ou du Danemark. Ils étaient tous scandinaves.

 

Ils étaient marins, guerriers, agriculteurs et commerçants.
(source : "Les Vikings" Pierre Barthélemy ed. Albin Michel)

 

911 

 

Rollon, chef norvégien, accepte le traité de Charles le Simple.

 

La Normandie sera cédée par le traité de St Clair sur Epte.

 


Le Cotentin et l' Avranchin ne seront concédés qu'en 933.

 

La Normandie a alors ses limites à peu près définitives.

 

Robert le Magnifique   

  

Guillaume Le Conquérant

 

En 1047 

 

Révolte des féodaux contre Guillaume le Bâtard (futur Conquérant).

 

Cependant, l’importance foncière du domaine ducal permet une répartition des terres entre vassaux, les liant ainsi au pouvoir, au profit d’une certaine unité normande; les ducs de Normandie étendent donc leur autorité sur le Cotentin aux Xe et XIIe siècles.

 

Période très importante pour le développement des campagnes avec le défrichement et la création de villages. Des constructions en pierre

 

(Pirou : XIIe siècle, La Haye-du-Puits, Bricquebec)

remplacent les mottes circulaires sommées de fortifications en bois.

 

  

  

En 1066 

 

Conquête de l'Angleterre et larges distributions de domaines accroissant la puissance de la noblesse normande.

Expéditions lointaines. (les fils de Tancrède de Hauteville, s’installant dans le sud de l’Italie)

 

Geoffroy de Montbray, évêque de Coutances de 1048 à 1093 fait élever la cathédrale romane de Coutances et favorise la création des abbayes bénédictines :

 

Saint-Sauveur (1056), Lessay (1064), richement dotées.

 

Plus tard, on relève les Prémontrés de Valognes, les Augustins de Notre-Dame-du-Voeu de Cherbourg.

 

La qualité des édifices romans constitue l’un des attraits majeurs du patrimoine.

 

La première moitié du XIIe siècle apparaît comme la grande époque de l’art roman du Cotentin.

 

L’influence de l’abbatiale de Cerisy-la-Forêt se ressent à Chef-du-Pont, Saint-Côme-du-Mont, et Saint-Germain-sur-Ay.

 

  

HISTOIRE de la BASSE NORMANDIE

Le Moyen Age

 

En 1204 

 

A la suite de la victoire de Philippe-Auguste sur Jean-Sans-Terre, la Normandie revient au royaume de France.

 

Sous l’impulsion de l’évêque Hugues de Morville, deux grandes tours, très élancées sont élevées à la cathédrale romane de Coutances.

 

L’audacieuse et incomparable tour-lanterne reste la plus belle peut-être et la plus originale de toutes celles qui furent élevées au XIIIe siècle sur le sol normand.

 

La cathédrale de Coutances s’impose comme étant l’exemple le plus complet et le plus achevé de l’art gothique de Normandie.

 

  

En 1225 

 

Plus célèbres encore, les travaux considérables entrepris à l’abbaye du Mont-Saint-Michel ont permis la construction de trois étages superposés sur le flanc de la colline; à cela s’ajoutent la salle des hôtes, le réfectoire, la salle des chevaliers et le cloître, " le plus admirable, le plus poétique de tous les cloîtres du XIIIe siècle ", construit de 1225 à 1228.

 

" L’ingéniosité, la grâce, le raffinement de ce cloître n’ont jamais été dépassés ni même atteints par aucun architecte gothique "a-t-on affirmé.

 

Tous ces bâtiments forment un ensemble unique, connu à juste titre sous le nom de " Merveille " ; elle fut élevée en vingt-cinq ans et achevée sous la direction de l ‘abbé Raoul de Villedieu.

 

Après la famine et la peste du début du XIVe siècle, la guerre de Cent Ans devait marquer la région durablement.

 

 

HISTOIRE de la BASSE NORMANDIE

 

Epoque Médiévale

 

En 1354 

 

Au début du conflit, Godefroy d’Harcourt, puissant seigneur de Saint-Sauveur-le-Vicomte, prend le parti du roi d’ Angleterre.

 

Les Anglais occuperont totalement la contrée lors de la seconde phase de la guerre, entre 1418 et 1450.

 

Charles le Mauvais, roi de Navarre, s’était vu offrir en 1354 la plus grande partie du Cotentin en compensation de la perte de l’ Angoumois.

 

La phase ultime du conflit se caractérise par l’engagement d’une partie de la population, hostile à la présence anglaise ; ainsi, le harpiste Phelippot le Cat est décapité à Cherbourg, et les partisans des Français, encouragés par la résistance de Louis d’Estouville

 

au Mont-Saint-Michel, se livrent à une véritable " guérilla " jusqu'à la fin des hostilités, particulièrement dans le Saint-Lois, l’ Avranchin et le Mortainais.

 

La fin du Moyen Age connaît une véritable catastrophe économique et démographique, les épidémies et les conséquences de la guerre faisant chuter la population.

 

" Au pays de Carentan, le clos du Cotentin n’était que solitude, les villages étaient dépeuplés, et les champs restaient en friche... les loups dévastaient la campagne... "

 

S’il ne reste rien des fortifications de Carentan, Valognes et Cherbourg, l’importante forteresse de Bricquebec, construite en plusieurs étapes, demeure en place.

 

De même, les châteaux de La-Haye-du-Puits, et de Saint-Sauveur-le-Vicomte, dotés d’ un " nouveau et splendide donjon carré attestent de l’importance tactique de ces places-fortes.

 

On va même jusqu’à doter certaines églises de clochers fortifiés; à Saint-germain-sur-Ay et Saint-Nicolas-de-Pierrepont, Portbail et Barneville, les tours sont construites hors œuvre.

 

Plusieurs grandes églises urbaines sont reconstruites dans le style gothique flamboyant : Notre-Dame de Saint-Lô, ornée d’un célèbre vitrail royal offert par Louis XI, Saint-Malo de Valognes, Sainte-Trinité de Cherbourg, Sainte-Pierre de Coutances.

 

  

  

La Renaissance

 

Un XVIe siècle mouvementé :

 

Le voyage entrepris par François Ier en 1532 (le monarque est reçu à Saint-Lô, Hambye, Coutances, Cherbourg et au Mont-Saint-Michel) symbolise hautement le rattachement définitif de la Normandie au royaume de France.

 

Cependant, le répit qui suivit la guerre de Cent Ans s’achève ; en effet, la Réforme protestante atteint Avranches dès 1528 et gagne rapidement une partie de la noblesse et de la bourgeoisie, alors que le peuple des campagnes, dans sa grande majorité, est peu touché par les idées nouvelles.

 

Au début, une certaine tolérance prévaut : ainsi, en 1561, les catholiques et les huguenots se partagent l’église Notre-Dame de Saint-Lô, « de manière que les uns avaient leurs heures pour leurs services et les autres pour le prêche », mais bientôt, les destructions puis les mises à mort se répandent :

 

les églises et la cathédrale d’Avranches sont mises à sac en 1562, puis l’abbaye de Cerisy. Saint-Lô, la cathédrale de Coutances et l’abbaye de Cherbourg furent aussi saccagées.

 

Deux personnages sont en avant :

 

Gabriel, comte de Montgomery (1528-1574), rallié au parti protestant,

et Jacques Goyon, baron de Matignon et comte de Torigni (1527-1597).

 

En 1572, la Saint-Barthélémy désorganise le parti protestant. Matignon prend Saint-Lô en 1574. Montgomery est exécuté à Paris la même année.

 


Les émeutes se prolongeront du fait de la ligue, à laquelle se rallient Avranches et Valognes. Saint-Lô, Saint-Sauveur-le-Vicomte, Cherbourg, Mortain demeurent fidèles au roi.

 

 

Troubles et renouveau religieux

 

De 1636 à 1639, à une forte augmentation de la pression fiscale (la Normandie est réputée province très riche) vient s’ajouter une très mauvaise répartition de l’impôt.

 

En conséquence, on dénote la crise du commerce et de l’industrie.

 

De plus, si l’on sait que des épidémies de peste eurent lieu de 1619 à 1639, on comprend mieux que le projet d’assujettir la Basse-Normandie à la gabelle dont elle était jusqu’alors exemptée ne pouvait qu’exaspérer les populations.

  

La révolte des Nu-Pieds qui débuta dans l’Avranchin ne dépassa pas Coutances mais le pouvoir la réprima.

 

Chargé par Richelieu de la répression pour toute la province, le chancelier Séguier se rend en personne à Saint-Lô et Coutances, et fait procéder à des exécutions.

 

En 1649, François de Matignon prend le château de Valognes,

défendu par Bernardin Gigault de Bellefonds, futur maréchal de France,

et met la ville au pillage.

 

A Coutances, l’évêque Claude Auvry met en échec les frondeurs, mais il va se réfugier à la Cour, Matignon voulant se saisir de sa personne.

 

Sous le règne de Louis XIV, les guerres civiles cessent et une stabilisation certaine apparaît, directement liée à l’encadrement administratif et à l’action des intendants

(depuis 1542 le Cotentin et l’Avranchin dépendent de la généralité de Caen).
 

Désirant restaurer Jacques II d’Angleterre, Louis XIV, en 1692, fait rassembler des troupes à la Hougue en vue d’un débarquement, sous le commandement du maréchal de Bellefonds, tandis qu'Anne-Hilarion de Costentin, comte de Tourville (1642-1701) est chargé de l’armée navale. Malgré la victoire remportée devant Barfleur, il ne peut éviter ce qu’on nommera le « désastre de la Hougue ».

 

Cependant, le roi ne retirera pas son estime à Tourville, seul coupable d’avoir obéi aux ordres reçus, et le fera maréchal de France.

 

« Le plus grand homme de mer, de l’aveu des Anglais et des Hollandais qui eut été depuis un siècle et, en même temps, le plus modeste, ce fut le maréchal de Tourville »

a pu dire Saint-Simon.

 

Durant cette époque de renaissance religieuse, le diocèse de Coutances eut des évêques de grande valeur, tel Mgr de Briroy, « le père des pauvres ».
 

A la tête du diocèse d’Avranches, on relève le nom de Mgr de Péricart, évêque de 1588 à 1639, ancien ligueur. Il soutient un long siège contre les troupes de Henri IV, et ce ne fut que contraint par la force qu’il accepta de reconnaître l’autorité de ce roi.
 

Parmi ses successeurs, Daniel Huet illustre l’Avranchin de 1692 à 1699. Membre de l’Académie française, l’auteur du Traité de l’origine des romans fut en relation avec Bossuet, Fléchier, Boileau, Descartes…

 


Si les abbayes anciennes sont en déclin, on crée de nouvelles communautés :

 

Capucins à Coutances (1617), Avranches (1618), Valognes (1630),

Dominicains au Mesnil-Garnier (1619),

Pénitents du Tiers-ordre de Saint-François à Saint-Lô (1630).
 

On favorise l’enseignement et le résultat obtenu est remarquable.

La population compte à la fin de l’Ancien Régime parmi les plus alphabétisées et les plus instruites de France.

 

La révocation de l’Edit de Nantes (1685) ruine le protestantisme, encore très actif à Saint-Lô.

 

Des procès en sorcellerie troublent les populations.
 

En 1668, eut lieu le dernier procès pour sorcellerie. A Méautis, une centaine de personnes furent accusées. 12 furent condamnées à mort et graciées par Louis XIV.

 

Le Mont Etenclin, les marais de la Sangsurière près de Doville et les environs de Méautis étaient considérés à l'époque comme des lieux sataniques.

 

Les Sabbats avaient lieu dit-on sur le mont d'Etenclin.

 

En 1671, Louis XIV mis un terme à ce genre de procès.

 

Ce fait inspira un film : Série "Tribunal de l'impossible" Le sabbat du Mont d'Etenclin (1968) (TV)

 

 

 

La fin de l’Ancien Régime

 

On constate au XVIIIe siècle une nette amélioration du sort de la paysannerie.

Si la pêche occupe les ports (Barfleur, Saint-Vaast-la-Hougue),

Carteret et Carentan déclineraient plutôt.

 

A Cherbourg, «on arme quelques gros navires de 200 à 300 tonneaux pour les Amériques, en particulier les Antilles où l’on transporte salaisons, draps, toiles et pacotilles diverses »

 

note Jean Quellier, tandis qu’à Granville, on arme au long cours pour la pêche à la morue sur les bancs de Terre-Neuve.

On assiste à l’émigration de familles de l’Avranchin

vers la Nouvelle-France.

 

L’occupation de Cherbourg par les Anglais en 1758 eut pour conséquence principale la destruction du port de commerce, achevé peu de temps auparavant.

 

Le duc d’Harcourt, gouverneur de Normandie, confie à Le Couldre de la Bretonnière la charge d’étudier la défense du site ; il propose la création d’une digue implantée en pleine mer et protégeant la rade.

 

Ces travaux gigantesques suscitent un engouement général et attirent de nombreux visiteurs.

 

De simple bourgade qu’elle était auparavant, Cherbourg devient réellement une ville.

 

En 1786, Louis XVI décide de venir en personne assister à l’immersion du neuvième cône, et est accueilli avec ferveur par la population.
 

Cependant une crise profonde vient frapper la région. Aux pluies diluviennes de 1787, succède la sécheresse en 1788, puis un hiver très rigoureux (1788-1789). S’ensuivent chomâge et disette, annonciateurs des bouleversements futurs.

 

 

 

La Révolution

 

Dans le nouveau département de la Manche, créé par décret du 26 février 1790, la Révolution semble avoir été accueillie favorablement à ses débuts.
 

La crise religieuse jouera un rôle déterminant :

 

- si l’on relève 59% d’ecclésiastiques assermentés dans les districts de Saint-Lô et de Cherbourg, le chiffre tombe à 41% pour ceux de Mortain et 37% à Avranches.

 

En 1793, le représentant en mission Lecarpentier renouvelle les autorités accusées de « fédéralisme » et multiplie « les poursuites contre les suspects de contre-révolution », dont les émigrés rentrés en France ; à ce propos, notons la proximité des îles anglo-normandes, refuge de nombreux nobles et ecclésiastiques.

 

Battue à Cholet, l’armée vendéenne pénètre dans la Manche et parvient

à Granville le 14 novembre 1793, mais ne peut prendre la ville malgré un violent combat.


La réaction thermidorienne ramène les notables au pouvoir,

« le Rocher de la Liberté » reprenant son nom de Saint-Lô et « Pierre-Ferme »

celui de Saint-Pierre-Eglise.

 

Dès l’an III (1795), le représentant Dentzel, plus modérateur que Lecarpentier, s’adresse de Coutances aux populations, les mettant en garde contre « cette horde de brigands que vous nommez chouans.

 

L’Avranchin et le Mortainais deviennent rapidement le domaine d’élection de la chouannerie.

 

Dans une moindre mesure, les cantons de Saint-Sauveur-Lendelin et Périers sont touchés ainsi que celui de Digosville de 1797 à 1801.

 

Frotté supervise l’organisation militaire et les affrontements se succèdent : il attaque Ger, puis Torigni (1796) ; au Petit Celland, un millier de chouans affrontent autant de républicains.

 

Agent de renseignement, Jacques Destouches, né en 1780, est condamné à mort en 1798 et incarcéré à la prison de Coutances ; le 9 février 1799, 18 chouans prennent de nuit la prison d’assaut et parviennent à le faire évader.
 

Au total, on peut estimer à près de 500 victimes le nombre des habitants de la Manche décédés de mort violente ou après condamnation entre 1792 et 1800, augmenté des Vendéens morts sur son territoire.

 

  

 

 

Durant le Consulat et l’Empire, le département bénéficie de la présence d’excellents administrateurs, les préfets Montalivet, Costaz, Bossi.

 

On ordonne l’assèchement des marais de Carentan par des prisonniers de guerre espagnols.

 

En 1811, Napoléon 1er et l’impératrice Marie-Louise viennent visiter le port militaire de Cherbourg (Nouvel Arsenal), dont on venait d’ordonner le creusement, entrepris sous la direction de l’ingénieur Cachin.

 

Les corsaires granvillais et cherbourgeois sont très actifs, tel François-Médard Racine qui a créé et donné son nom au port de Saint-Germain-des-Vaux.
 

Des personnalités marquantes s’imposèrent durant cette période. Charles François Lebrun (1739-1824), fit une très belle carrière de la fin de l’Ancien Régime à la Restauration.

 

Il fut l’un des trois consuls avec Bonaparte et Cambacérès avant d’être nommé prince architrésorier de l’Empire et duc de Plaisance.

 

Alors que la mémoire du général Valhubert (1764-1805), mort à Austerlitz, est honorée à Avranches, Bricquebec vit naître Jean-François Léonor Le Marois (1776-1836).

 

  

  

De la Restauration au Second Empire

 

Les monarchies censitaires apparaissent comme une période de stabilisation et de relèvement. Sur le plan démographique, le département connaît un apogée en 1826 (600 000 habitants), sa population ne cessant de décroître par la suite.

 

Le nord du Cotentin fournit à Cherbourg de forts contingents de population, attirés par les travaux du port et la construction navale : la population fixe passe de 16 147 habitants en 1816 à 22 980 habitants en 1845.

 

La prédominance de l’agriculture est à souligner ; certains grands propriétaires, tels le marquis de Sesmaisons à Flamanville ou le comte de Kergolay à Canisy, ont recours aux innovations (utilisation de la charrue, bonification des terres).

 

A Martinvast, le général comte du Moncel, polytechnicien, réunit un domaine de 1000 hectares (terres, bois, usine) et construit à partir de 1820 une ferme-modèle parmi les plus modernes de France.

 

A Granville, la grande pêche y connaît un nouvel essor (58 navires en 1820, 77 en 1840) ; la pêche aux huîtres est florissante : en 1832-1833, on pêche 59 millions d’huîtres (90 bateaux et 700 hommes).

 

De plus, environ 700 autres personnes, dont femmes et enfants sont employés au triage et au parcage des huîtres.

 

  

  

Quant au port de Cherbourg, dont l’équipement est également rénové, il importe pour 11 millions de francs de marchandises de 1816 à 1828 et exporte pour 29 millions. On doit à Alfred Mosselman (1810-1867) un renouveau de la navigation fluviale :

 

canal de Vire et Taute (1839), canal de la Soulle, de Coutances à la mer (1840) ; il réactive le port de Carentan, relié à Saint-Lô par bateaux postes.

 

Des filatures de coton sont créées au Vast par Fontenilliat (600 ouvriers au milieu du siècle) et à Gonneville par Séhier (200 ouvriers).

 

La noblesse d’Empire apparaît immensément riche  !

 

Lebrun se trouve ainsi à la tête d’un patrimoine considérable ainsi que le général Le Marois qui épousa l’une des héritières les plus fortunées de Belgique.

 

Parmi les figures marquantes, citons Léonor-Joseph Havin (1799-1868) directeur du Siècle, député et président du Conseil général, mais, sans conteste, le personnage le plus illustre demeure Alexis de Tocqueville (1805-1859), député de l’arrondissement de Valognes ; l’auteur de De la Démocratie en Amérique aimait résider dans sa demeure ancestrale du Val de Saire.

 

Sous le second Empire, des difficultés nouvelles apparaissent dans le domaine économique. Malgré cela, cette période déterminante connaît la révolution des transports ; les lignes de chemin de fer Paris-Cherbourg (1858) et Paris-Granville (1870) sont ouvertes, favorisant l’écoulement des produits.

 

Une nette amélioration des conditions de vie du monde agricole, un enrichissement général s’ensuivent.

 

En 1858, Napoléon III et l’impératrice Eugénie viennent célébrer l’achèvement des travaux de la digue et du port militaire, recevant la reine Victoria avec faste.

 

Sur le plan politique, la noblesse légitimiste se rallie plus ou moins au régime ; c’est le cas de nombreux conseillers généraux, ainsi qu’une bonne part de la bourgeoisie orléaniste sur le long terme.

 

On rencontre cependant des exceptions, et non des moindres ( Alexis de Tocqueville). L’influence légitimiste demeure forte à Avranches, tandis qu’à Cherbourg les idées nouvelles gagnent la population ouvrière, favorable à la révolution de 1848.

 

Cependant, à la fois régime d’ordre et de prospérité, le Second Empire plaît aux habitants de la Manche et sera souvent regretté jusque durant l’Entre-deux-guerres.

 

  

  

La troisième République

 

Très densément peuplée dans le premier tiers du siècle, la Manche connaît une véritable chute de sa population : peu de naissances (on désire améliorer la condition de ses enfants et éviter le morcellement des terres) ainsi qu’une forte mortalité expliquent ce phénomène que vient renforcer une forte émigration dirigée vers Caen, Rouen et la capitale.

 

Autrefois presque limité à la région du Plain, amorcé sous le Second Empire, le « couchage en herbe »va croissant, et dans un département essentiellement rural, ce phénomène s’avère primordial :

 

- les prés et les herbages l’emportent sur les cultures céréalières et lui donnent sa physionomie actuelle.

 

- L’élevage des chevaux permet la création de haras prestigieux (Martinvast, Pépinvast) destinés au monde des courses.

 

La Belle Epoque voit la multiplication des coopératives laitières dans la Hague et le Val de Saire, souvent grâce à l’impulsion de la noblesse locale.

 

Dans l’ensemble, l’industrialisation de la Manche semble limitée et éparse : l’industrie des métaux est présente à Sourdeval et à Villedieu-les-Poêles (fonderie de cloches) et l’on relève une papeterie à Saint-Lô et une usine d’engrais (Dior) à Granville.

 

Tôt gagnée à la république, la Manche fait figure de département « modéré », résolument marqué à droite, mais il convient cependant de nuancer cette constatation évidente.

 

  

Première Guerre Mondiale : Mondialisation du conflit

Guerres et Libération

 

Première Guerre Mondiale :

 

Durant la guerre de 1914-1918, la Manche aurait compté 20 538 tués (23,81% des mobilisés) et le recensement de 1921 fait chuter la population départementale à 425 512 habitants.

 

Dans l’agglomération cherbourgeoise, les préoccupations sociales sont à l’ordre du jour et l’on s’efforce de combler un retard important en édifiant des cités ouvrières.

 

Implanté à Cherbourg depuis le Second Empire, le trafic transaltlantique reste très florissant. Pour répondre à ses exigences, le creusement d’un port en eau profonde est entrepris sous la direction de l’ingénieur Minard, permettant ainsi l’accès permanent des navires. Parallèlement, la mise en chantier d’une vaste gare maritime complète cette entreprise d’importance.

 

Relevons aussi le rôle de port d’embarquement des habitants d’Europe centrale émigrant à destination des Etats-Unis.

 

Avec l’Entre-deux-guerres, le tourisme balnéaire se généralise aux classes moyennes, et l’on relève en milieu urbain une uniformisation des comportements dans une contrée réputée pour avoir su conserver une certaine douceur de vivre.

 

  

  

La Deuxième Guerre Mondiale :

 

Le second conflit mondial, au delà de cet événement historique considérable, le Débarquement de 1944, constitue une coupure radicale dans l’histoire de la Manche. Lors de l’offensive de 1940, les défenseurs tentent de s’opposer vainement à la rapide avancée allemande.

 

Le 19 juin 1940, Rommel prend la place de Cherbourg, où l’on s’était efforcé au préalable d’opérer le maximum de destructions possibles.

 

A l’automne 1942, débute la construction de blockhaus sur les côtes, dans le cadre du « Mur de l’Atlantique », conduite par l’organisation Todt.

 

Cette entreprise d’envergure, visant à s’opposer à toute tentative de débarquement, est complétée par la pose de mines sur le rivage. Malgré tous ces barrages, les forces alliées parviendront à prendre pied sur le sol français (opération Overlord).

 

A l’aube du 6 juin, les premiers éclaireurs américains sont parachutés autour de Sainte-Mère-Eglise (82e division aéroportée du général Ridgway) qui est prise à 4h30.

 

Parallèlement, la 4e division d’infanterie débarque à Sainte-Marie-du-Mont. Les pertes sont importantes et l’avance s’avère difficile.

 

Le même jour, débutent les bombardements de Valognes, Saint-Lô et Coutances. En deux jours, Saint-Lô subira cinq vagues successives, anéantissant le chef-lieu du département.

 

Le 14, les positions sont consolidées à Carentan et la prise de Montebourg nécessite de violents combats, du 12 au 19. Valognes est libérée le 21, alors que la capitulation de la garnison de Cherbourg est signée au château de Servigny, à Yvetot-Bocage, le 26 juin. L’Arsenal est pris le 27 et les dernières poches de résistance allemandes de la Hague cessent tout combat le 29.

 

Une fois la presqu’île libérée, la plus grande partie du département reste à conquérir après d’âpres affrontements.

 

Les ruines de Saint-Lô sont atteintes le 19 juillet ; 3 jours plus tard, débute l’opération Cobra : une puissante artillerie, appuyée par 2 000 bombardiers anéantit les troupes allemandes entre Saint-Lô et Lessay.

 

Coutances est prise le 28, et Avranches le 31.

 

La percée d’Avranches, dirigée par la 3e armée du général Patton est la dernière grande offensive américaine que connaît la Manche, et du 3 au 13 août, la bataille de Mortain (violente contre-attaque allemande) voit la fin des opérations.

 

Au 15 août, la totalité du département est libérée, au terme de sanglants combats et de multiples destructions.

 

La Manche a payé un lourd tribut à la France.

 

Depuis un demi-siècle, le département s’est reconstruit et modernisé.

 

Source http://www.lamanche.net/ et autres documents